Des chasseurs invisibles (1ère partie)

  • Dernière mise à jour le 20 novembre 2006.

Deux ans après qu’un incendie ait touché en mer le HMCS Chicoutimi, tuant un marin et provoquant une enquête parlementaire, la Marine Canadienne va adopter un nouveau plan destiné àprouver la valeur de ses sous-marins d’occasion.

A bord du HMCS WINDSOR - C’est le petit matin et une équipe de commandos de l’Armée Canadienne nagent dans l’Océan Atlantique, se dirigeant vers le périscope d’un sous-marin, à peine visible au-dessus de l’eau.

A l’intérieur du sous-marin, son commandant, le Lt.-Cmdr. Christopher Ellis essaye de manoeuvrer pour s’approcher aussi près qu’il le peut des nageurs. Le kiosque commence à émerger des eaux grises mais calmes de la Nouvelle Ecosse. Alors que le sous-marin glisse vers eux, les commandos s’accrochent à des câbles installés à l’extérieur du sous-marin.

Ils se laissent doucement remorquer par le sous-marin de la classe Victoria et le Lt.-Cmdr. Ellis peut voir par le périscope que les hommes sont maintenant attachés au sous-marin. Il ordonne alors "Surface, surface".

Avec un jet d’air sous pression vidant les ballasts, le Windsor s’élève au-dessus de l’océan. Les soldats, membres d’un groupe d’élite de l’Armée baptisés les Pathfinders, qui flottaient il y a queques secondes à la surface de l’eau, se tiennent maintenant sur le pont du sous-marin.

L’exercice inter-armées fait partie du plan actuellement en cours du chef d’état-major de la défense Canadienne, le Gén. Rick Hillier, de créer une force d’assaut amphibie pouvant intervenir n’importe où dans le monde. Si le plan du général est appliqué, les techniques développées par les Pathfinders et l’équipage du Windsor pourraient être celles utilisées par les forces spéciales Canadiennes, les équipes de reconnaissance de l’armée ou des espions pour s’introduire ou s’échapper de zones de combat dans le futur.

Cela fait plus de 10 ans que les militaires Canadiens ne s’étaient pas entraînés avec un sous-marin pour de telles missions. Cette année, ce sera la première fois qu’ils le feront avec les sous-marins de la classe Victoria. Avec les Forces Canadiennes et un chef d’état-major de la défense de plus en plus intéressés dans les opérations combinées — où l’armée de terre, la marine et l’armée de l’air coopèrent étroitement pour un objectif commun — l’état-major de la marine voit tout moyen d’y participer comme un plus.

La marine a de grands espoirs que ses sous-marins puissent jouer un rôle clé dans le plan du Gén. Hillier de transformer les Forces Canadiennes dans le futur. "Du point de vue des sous-marins, nous sommes persuadés que c’est un rôle critique pour nous," déclare le Cmdr. Randy Truscott, le responsable des opérations sous-marines sur la côte Atlantique. "Nous travaillons dur pour développer les opérations communes avec les Pathfinders et il y a aussi une carte aérienne à jouer aussi. Nous cherchons à effectuer plus d’exercices combinés l’année prochaine."

Il y a aussi une raison dont personne ne parle pour l’intérêt porté aux plans de transformation du Gén. Hillier. La Marine désire adopter de telles opérations dans l’objectif de prouver l’utilité de sa flotte sous-marine, achetée d’occasion à la Grande-Bretagne.

Cela fait un peu plus de 2 ans qu’un incendie majeur a dévasté l’HMCS Chicoutimi, tuant le Lieut. Chris Saunders et blessant 8 autres marins. L’incident a provoqué une enquête parlementaire sur l’achat des sous-marins et les problèmes rencontrés par la force sous-marine.

Durant les 6 dernières années, les titres des journaux ont dépeint une série de problèmes techniques affectant les sous-marins de la classe Victoria. La Marine a du remplacer des joints à haute résistance sur 3 des sous-marins et des fissures importantes ont été découvertes sur certaines valves des sous-marins. Il y a eu des problèmes de rouille, de sécurité sur le cablage électrique et un inquiétude générale sur la qualité de l’air en plongée. Les réparations sans fin ont fait passé le prix d’achat des sous-marins de 750 millions de $ à juste 1 milliard, tout en retardant le programme de plusieurs années.

[(A suivre : 2ème partie.)]

Source : Ottawa Citizen