Un groupe franco-espagnol et un russe en concurrence pour vendre des sous-marins au Vénézula

  • Dernière mise à jour le 26 février 2007.

Quand le chef d’état-major du Vénézuela a annoncé que son pays voulait acheter une flotte de 9 sous-marins, dans les bureaux de la compagnie française Thales àNeuilly sur Seine, on a soupiré de soulagement et avec le désir de se battre. Les intentions du gouvernement d’Hugo Chávez étaient officialisées. Deux fournisseurs étaient inévitables : eux-mêmes avec le sous-marin Scorpène, au travers de son entreprise commune avec DCN, baptisée ARMARIS ; et les Russes, avec sa nouvelle version, la classe Amur et ses 5 modèles.

En 2006, DCN était sur le point d’obtenir un contrat avec les Vénézueliens pour les Scorpène, en association avec les espagnols de Navantia, avec lesquels ils construit 4 sous-marins, 2 pour le Chili et 2 pour la Malaisie. Mais le Palais de l’Elysée ne voulait pas que cette technologie soit vendue à Chávez tandis que l’Espagne ne mettait aucune objection.

Pour la France, l’affaire est sensible. Au-delà de l’anti-américanisme de Chávez et son rapprochement avec l’Iran, le contrat pourrait devenir énorme. Les conséquences sociales seraient immenses s’il était rejeté. Mais comme il n’y a eu encore aucune décision, on ne se prononcera pas.

Caractéristiques du Scorpène
Infographie : Clarin

Le sous-marin d’attaque Scorpène est un submersible non nucléaire propulsé au diesel, avec un système de combat intégré qui réduit l’équipage à 31 marins. Il est conçu pour opérer depuis le littoral jusqu’en haute mer.

Le Chili et la Malaisie ont commandé des Scorpène en 1998 et un contrat a été signé entre la France et l’Inde pour la construction de 6 de plus. Le prix varie selon l’armement qu’ils contiennent et le lieu de construction. Tandis que l’accord avec le Chili s’est élevé à 3,5 milliards de $ pour le O Higgins (2005) et le Carrera (2006), qui ont été livrés, les conditions changent avec l’Inde. Le contrat franco-indien se monte à 3,5 milliards de $ pour 6 sous-marins, qui seront construits aux Mazagons Docks de Bombay. Le premier sous-marin sera prêt en 2012 et le reste sera construit à raison d’un par an jusqu’en 2017. Autre point important du contrat, il garantit "un cadre libre, juste et transparent". En clair : un moyen de s’assurer qu’il n’y a pas eu de pot-de-vin et de commission pour la négociation.

Les sous-marins classiques Indiens seront armés de 36 missiles français Exocet SM-39. C’est le principal contrat signé par le gouvernement du Premier Ministre Manmohan Singh. La compagnie française DCN ddéveloppera le sous-marin avec le chantier espagnol Navantia, le groupe Thales fournissant le matériel électronique.

Répartition des sous-marins en Amérique du Sud
Infographie : Clarin

Les 2 sous-marins Chiliens entreront en service en 2009 et eux aussi ont été réalisés par DCN et Navantia. Le premier a été construit en France et le second en Espagne. Avec ses 1.500 tonnes, ils ont une largeur de 66,4 mètres. Tous les 2 sont équipés de 4 générateurs diesel de 2500 Kw avec des moteurs GM et sont armés de torpilles lourdes Black Shark.

Les Black Shark peuvent fonctionner selon 2 modes : comme une torpille filoguidée ou avec une tête acoustique et une unité de contrôle incorporant un système de contre-mesure en cas d’attaque ou de détection.

Les 6 tubes peuvent lancer des missiles SM39 Exocet, d’une portée de 50 kilomètres mais ils n’équiperont pas au départ les sous-marins. Les sous-marins seront équipés du système d’identification EDO, et de contre-mesures électroniques. Les Scorpène sont équipés de 6 berceaux qui accueillent 21 torpilles. Le chargement des armes est automatique. Les torpilles peuvent être lancées contre des navires de surface ou des sous-marins. Ils peuvent emporter 30 mines à la place des torpilles.

Ces sous-marins peuvent naviguer à une immersion de 300 m, sont extrêmement silencieux et ont une grande capacité offensive. Ils sont destinés au combat, la reconnaissance, le renseignement, le mouillage de mines et les opérations spéciales.

Son concurrent est Russe : le sous-marin Amur, en hommage au fleuve du même nom. Pour les Russes, il s’agit du Projet 1650. Selon l’armement embarqué, il peut coûter jusqu’à 100 millions de $ de moins que le Scorpène ou l’allemand U-212 AIP.

Il y a 5 variantes (550, 750, 950, 1450 et 1850), dont le prix varie selon la taille, le tonnage et l’armement. Ils peuvent mesurer de 46 à 68 m, déplacer entre 700 et 2.600 t. Selon le modèle, la vitesse maximale oscille entre 18 et 22 noeuds ; ils atteignent une immersion de 200 à 250 m et ils peuvent rester en plongée de 20 à 50 jours. L’armement varie de 4 tubes de 400 mm et 8 torpilles à 6 tubes de 533 mm et 16 torpilles ou missiles, selon le modèle.

L’ambassade du Vénézuela à París a confirmé à Clarín les intentions d’achat, sans préciser les fournisseurs. Caracas veut que ses nouveaux sous-marins aient une autonomie de 50 jours sans assistance.

Source : Clarín.com (Argentine)