L’équipage du sous-marin argentin San Juan a été tué en 30 millisecondes, tué par une explosion d’hydrogène

  • Dernière mise à jour le 9 octobre 2019.

Le 4 aout dernier, Bruce Rule, analyste en chef du Bureau de renseignements navals des Etats-Unis pendant 40 ans et auteur de plusieurs études sur la perte des sous-marins américains USS Thresher et USS Scorpion, a remis son rapport sur la perte du sous-marin argentin San Juan.

 Le rapport écarte toute conjecture

Le rapport précise que toutes les affirmations sont basées sur les informations connues et sur les conclusions tirées de ces informations. Il écarte les conclusions ou conjectures sans base scientifique ou qui ne seraient pas basées sur des informations.

Le rapport de Rule ne veut pas se lancer dans des conjectures sur ce qui aurait pu survenir si les événements avaient été différents, comme par exemple si le commandant avait décidé de continuer à naviguer en surface, puisqu’il est impossible d’établir avec certitude si cela aurait changer le résultat final.

 Les informations scientifiques disponibles

L’analyse de Bruce Rule conclue que le sous-marin San Juan a subi un événement catastrophique : l’explosion de l’hydrogène produit par des court-circuits dans les batteries avant, endommagées par l’entrée d’eau de mer à trvares le schnorchel. L’explosion s’est produite environ 1 heure 40 après que le sous-marin ait plongé et est restée confinée à l’intérieur de la coque du sous-marin, sans l’endommager.

Cette explosion n’a pas été assez forte pour être détectée par les hydrophones de l’organisation d’interdiction des essais nucléaires, qui se trouvent à 6.040 km de la position du sous-marin. Après cette explosion, le sous-marin a commencé une plongée incontrôlée depuis 40 m de profondeur, avec une vitesse d’environ 1,1 m par seconde, et a imposé à 468 m de profondeur.

L’implosion du sous-marin a provoqué un signal basse fréquence (4,68 Hz) qui a été détecté à 13:51 GMT par les hydrophones, y compris à grande distance (jusqu’à 7.730 km du point origine).

L’analyste a utilisé la relation entre le volume d’une structure pleine d’air écrasée par la pression et la fréquence du signal émis pour déterminer la profondeur exacte à laquelle le sous-marin a implosé. Ses calculs donnent une profondeur de 468 m et indiquent qu’elle a généré une énergie équivalente à l’explosion de 5.216 kg de TNT.

 Les raisons de l’explosion

Selon les informations connues, le commandant du San Juan a ordonné de plonger à 40 m pour réparer les batteries et permettre que l’équipage se repose. Cela indique qu’il avait l’intention d’envoyer du personnel dans le compartiment batteries.

L’analyse des naufrages de sous-marins américains survenus suite à des explosions d’hydrogène a montré qu’ils étaient toujours survenus alors que du personnel travaillait dans les batteries alors que celles-ci étaient rechargées. Cela a conduit à modifier les procédures pour interdire l’accès aux compartiments batteries pendant la charge.

Dans le cas du San Juan, les batteries n’étaient pas en train d’être rechargées, mais, comme le sous-marin était en plongée, le système de ventilation ne pouvait pas diminuer la concentration d’hydrogène provoquée par les court-circuits. Il a donc suffi d’une étincelle pour entraîner l’explosion.

 L’équipage est mort sans se rendre compte

Cette explosion d’hydrogène a été un événement extrêmement rapide, environ 30 millisecondes pour se propager à l’ensemble du sous-marin. Il faut environ 80 à 100 millisecondes pour qu’un être humain puisse enregistrer un événement. Tout l’équipage est donc mort instantanément sans souffrir, ni se rendre compte de ce qui se passait. Le fait que, après l’explosion, aucune des bouées d’urgence situées aux 2 extrémités du sous-marin n’ait été lancée, confirme cette conclusion et dément la supposition que l’équipage ait lutté pendant des heures contre l’incendie.

Source : Info Defensa (Espagne)