Le retour des sous-marins Canadiens après l’incendie du Chicoutimi

  • Dernière mise à jour le 18 novembre 2006.

Deux ans après qu’un incendie mortel ait mis sur la touche la flotte sous-marine Canadienne, les officiers disent que la force sous-marine est sur le retour et se prépare àune présence en mer plus régulière.

Pour la première fois, 2 des 4 sous-marins de la classe Victoria sont en ce moment en mer, l’un d’entre eux — le HMCS Windsor — effectuant des patrouilles et des exercices avec l’US Navy. Le Windsor, qui est opérationnel depuis l’an dernier, se trouve au large de la Caroline du Nord jusqu’à la mi-novembre, participant à des exercices de la Marine Canadienne qui doivent tester le concept d’une force expéditionnaire amphibie.

Le HMCS Cornerbrook a commencé des essais à la mer le 25 octobre après avoir terminé une période de maintenance. Le HMCS Victoria, basé sur la côte Pacifique, est entré dans une période d’entretien programmé et ne sera de retour en mer qu’à l’été 2008.

La Marine Canadienne s’attend à atteindre un "état stable" de la flotte sous-marine vers 2009, avec 3 des 4 sous-marins opérationnels, a déclaré le Cmdr. Luc Cassivi, qui commande la division des sous-marins de la côte Atlantique et dirige le groupe d’entraînement à la mer des sous-marins.

"C’est une période d’activité, presque comme au bon vieux temps," a déclaré Cassivi. "C’est un très bon rythme opérationnel et cela a aidé à améliorer le moral et à montrer que nous pouvions accomplir des choses." Le programme des sous-marins Canadiens a subi un sérieux revers lorsque, le 5 octobre 2004, un incendie d’origine électrique a tué un marin et en a blessé 8 autres. La Marine Canadienne a bloqué à quai ses 4 sous-marins Victoria pendant 6 mois par mesure de sécurité.

Le Chicoutimi était le dernier des 4 sous-marins diesel-électrique que le Canada devait recevoir de la Grande-Bretagne dans le cadre d’un contrat de 660 millions de $. Les sous-marins, qui portaient le nom d’Upholder, avaient été mis sous cocon après une brève période d’activité au début des années 1990, lorsque la Royal Navy est passé au tout nucléaire.

 Un programme de réactivation semé d’embûches

Même avant l’incendie du Chicoutimi, le programme Canadien de réactivation des sous-marins a subi des délais et des problèmes techniques continuels. Des joints à haute pression ont dû être remplacés et des fissures ont été découvertes sur certaines valves des sous-marins. Des tuyaux en acier ont dû être remplacés parce que les Britanniques avaient laissé de l’eau dans les réservoirs de carburant.

Le Victoria a aussi dû subir des réparations après qu’une fissure ait été découverte dans sa coque. Et il y a eu continuellement des problèmes de réparation, de moteur et d’électricité sur certains des navires.

Cassivi reconnît qu’une partie des réparations effectuées sur le Victoria a pris plus de temps que prévu, mais il a souligné que c’est la première fois que certaines de ces activités sont effectuées au Canada.

Il a donné l’exemple le retrait des pompes de turbine à air.

"Il y a des choses que nous découvrons et des parties de maintenance que nous apprenons à réaliser, donc cela prend plus de temps," a indiqué Cassivi. "L’avantage est que nous allons faire la même chose sur le Windsor à partir de l’année prochaine et nous avons appris une quantité incroyable de choses."

Il a indiqué que lorsque le Windsor commencera en janvier prochain sa période de maintenance, le processus devrait être plus simple.

Les réparations ne commenceront pas avant 2010 sur le Chicoutimi, endommagé par un incendie. Le commandant de la Marine Canadienne, le vice-amiral Drew Robertson, a déclaré que la marine allait pour l’instant se concentrer sur les 3 sous-marins restants et s’assurer qu’ils sont opérationnels.

Le Chicoutimi ne devrait pas être de retour en mer avant 2012. Les réparations devraient coûter plus de 100 millions de $ canadiens.

 Le rétablissement de la flotte

Après l’incendie du Chicoutimi, la Marine a amélioré la sécurité de ses sous-marins, l’équipement respiratoire de secours et examiné le développement de nouvelles techniques d’élimination des fumées et des procédures de lutte contre les incendies.

Le Lt. Cmdr. Christopher Ellis, commandant du HMCS Windsor, a indiqué que la Marine Canadienne continuait à faire du programme des sous-marins une priorité. La décision de commander plus de pièces détachées pour les sous-marins de la classe Victoria signifie que les maintenances se déroulent plus rapidement qu’avant, a-t-il déclaré.

La principale attention se porte désormais sur la formation des nouveaux sous-mariniers, a indiqué Ellis. "Nous avons plein de bons talents qui arrivent," a-t-il indiqué.

Cassivi a déclaré qu’il y avait toujours un retard dans la formation des sous-mariniers mais la situation s’améliore, particulièrement puisqu’il est possible de passer plus de temps en mer. Il est tout aussi important, a-t-il souligné, qu’il y ait un flux régulier de volontaires pour les forces sous-marines.

Cassivi a indiqué que l’US Navy était aussi très intéressé pour travailler avec les sous-marins Canadiens. L’an dernier, le Windsor a participé à des exercices avec le groupe de bataille de l’USS Enterprise et a effectué des entraînements à la lutte anti-sous-marine avec d’autres sous-marins américains.

"Il y a là-bas un désir important de continuer cette coopération, ne serait-ce que parce que nous parlons le même langage, que nous pensons de la même manière dans le domaine tactique et opérationnel, ce qui rend la coopération très facile," souligne Cassivi.

L’US Navy souhaite que le Victoria participe à des exercices sur la côte Ouest une fois que le sous-marin sera opérationnel en juin 2008, a-t-il indiqué [1].


NdR : Pour l’instant, aucun des sous-marins Canadiens opérationnels ne peut lancer de torpilles, sans même parler de missiles. En effet, le diamètre des tubes lance-torpilles ne correspond pas à celui des torpilles dont disposent les Canadiens.

Notes :

[1En attendant, c’est le Gotland suédois qui entraîne les navires de l’US Navy.

Source : DefenseNews