Des marins britanniques et français, d’active ou en (…)
Deux bâtiments britanniques ont mené un exercice avec (…)
La mise en œuvre des nouvelles frégates légères de l’US Navy, les Littoral Combat Ships, est rendue difficile par des équipages insuffisants surchargés de travail.
L’un des avantages supposés du LCS est son équipage bien moins nombreux que d’autres navires. Alors qu’une frégate de l’US Navy peut avoir 200 marins, les LCS n’en ont que 40 — même si il y a 2 équipages font naviguer en alternance la frégate.
L’idée était que l’automatisation devait permettre de réduire fortement la taille de l’équipage tout en pouvant accomplir les différentes missions, en fonction du module de mission embarqué. Cela aurait dû permettre d’économiser à la fois sur les salaires et sur la place, toujours rare à bord, pour loger les marins.
Un rapport du Government Accountability Office [1] montre que réduire l’équipage de 80% sans réduire en parallèle sa charge de travail n’est pas une bonne idée.
Le GAO a étudié la mission de 10 mois accomplie récemment par l’USS Freedom vers Singapour. Le rapport montre que l’équipage travaille trop. « L’équipage du Freedom ne disposait en moyenne que de 6 heures de sommeil contre 8 heures prévus par les règlements de la Navy, » indique le rapport du GAO, qui ajoute que « certains services, comme les mécaniciens et les opérations, dormaient en moyenne encore moins. »
Et cela est arrivé alors que la Navy avait renforcé temporairement l’équipage en ajoutant 10 marins supplémentaires ainsi que des travailleurs civils.
« Les membres d’équipage nous ont expliqué que la durée de sommeil se réduisait considérablement quand il fallait réparer des équipements importants, comme les moteurs diesel, » explique le GAO.
Les navires retournent naturellement au port pour se ravitailler et être réparés. Mais avec son équipage réduit et ses capacités limités de maintenance embarquées, le LCS est particulièrement dépendant du soutien à terre. Si quelque chose doit être réparé, soit le LCS rentre au port, soit une équipe de dépannage est envoyée vers le navire.
Au cours de la mission à Singapour, le Freedom est retourné au port tous les 25 jours pour 5 jours de maintenance préventive, plus 2 semaines d’entretien intensif tous les 4 mois.
Le résultat est que le Freedom a passé 58% de sa mission à quai, contre environ 20% pour les navires de la flotte US du Pacifique.
Les problèmes mécaniques ont été si fréquents que le Freedom a perdu 55 jours de mer, ce qui, conséquence fâcheuse, a réduit d’autant la quantité de données que la Navy désirait récolter pour évaluer la fiabilité des LCS.
Le Freedom n’est pas le seul LCS à connaitre des problèmes. L’USS Independence a passé en 2013 8 mois en cale sèche ou en entretien.
La Navy veut au moins 24 LCS. Mais pour certains, le navire est trop fragile et trop cher. Les problèmes d’entretien du Freedom montrent qu’un équipage aussi réduit ne peut entretenir le navire, sans parler de faire face à une situation d’urgence comme un incendie ou une voie d’eau. Et on peut se demander si des ouvriers civils, sur lesquels l’US Navy s’appuie lourdement pour l’entretien de ses navires, accepteraient d’être envoyer au milieu d’une zone de combat pour réparer un LCS en panne.
[1] L’équivalent de notre Cour des Comptes.
Source : War is boring (Grande-Bretagne)