Plus de 4 000 militaires, 33 bâtiments de guerre et (…)
Vendredi 16 octobre, le commandant de la FAA JEAN BART (…)
Certaines officiers féminins, actuellement à la Naval Academy ou dans le Naval Reserve Officers’ Training Corps, pourraient très bien être les premières femmes à être affectées sur un sous-marin américain.
Et si les projets se déroulent comme prévu, ces femmes — rejointes par des lieutenants déjà affectées sur des bâtiments de surface — seraient affectées à 4 équipages de 2 SNLE de la classe Ohio à la fin 2011.
Dans des entretients exclusifs accordés à Navy Times, les chefs du Fleet Forces Command et de la Flotte sous-marine ont présenté les plans à court-terme pour l’intégration de femmes dans la flotte sous-marine. Ces projets, qui doivent encore être approuvés par le commandement de la Navy et du Pentagone, soulignent à quel point la force sous-marine avance sur ce dossier.
Les entretiens ont aussi révélé un luxe de détails surprenants, puisqu’ils interviennent moins d’une semaine après que le Chef des Opérations Navales et le secrétaire à la Navy aient déclaré à Navy Times qu’ils voulaient mettre fin à l’interdiction d’affecter des femmes sur sous-marin. Les projets sont très avancés, ont expliqué les amiraux, parce qu’ils travaillent sur la question depuis des années.
Et après avoir levé un obstacle parlementaire, les premières décisions vers l’intégration pourraient être prises rapidement.
Le Pentagone doit notifier son intention de changer sa politique au Congrès, puis attendre 30 jours avant de prendre des décisions et de dépenser de l’argent. La Navy travaille actuellement sur cette notification, a déclaré le vice-amiral Jay Donnelly, commandant de la force sous-marine.
“Je pense que le secrétaire à la Navy et celui à la défense pourraient être saisis dans le mois qui vient,” a-t-il précisé.
Les premières femmes affectées sur des sous-marins seront des officiers subalternes, a indiqué l’amiral John Harvey, commandant du Fleet Forces Command.
“Nous allons commencer par les officiers parce qu’on peut y arriver plus vite,” a indiqué Harvey. “Je suis tout à fait certain que nous allons commencer par des officiers qui iront directement dans la force sous-marine en sortant de l’Académie.”
Harvey et Donnelly ont tous les 2 expliqué qu’il sera plus difficile d’affecter des femmes non-officier à cause des exigences d’affectation — et beaucoup plus cher à cause des modifications de logement. Ajouter des officiers féminins n’exige aucune dépense pour des modifications, ont-ils indiqué.
Les 2 amiraux ont aussi expliqué que, à court-terme, l’intégration de femmes n’aurait lieu que sur des sous-marins de la classe Ohio, soit 14 SNLE et 4 SSGN.
Pour les 3 classes de sous-marins d’attaque de la Navy, plus petits, — Los Angeles, Seawolf et Virginia — c’est une autre histoire.
“Regardez les sous-marins que nous construisons actuellement, la classe Virginia, c’est ce que j’appellerai une conception mature,” a indiqué Harvey. “Maintenant que nous sommes à la production de série, revenir en arrière et défaire des choses pour les adapter aux équipages mixtes, c’est un énorme chantier.
“Cela peut-il être fait ? Je ne sais tout simplement pas où nous en sommes et à quel coût, etc.,” a-t-il indiqué. “Mais je sais que nous pouvons y arriver beaucoup plus rapidement sur les SNLE et les SSGN, donc on se concentre sur eux.”
L’amiral Donnelly a pris soin de souligner qu’il expliquait comment la force sous-marine “pourrait” intégrer rapidement des femmes et non pas comment elle “allait” le faire.
Le projet qui doit être présenté aux autorités de la Navy pour qu’elles l’approuvent, va probablement comprendre au départ l’intégration de femmes dans 4 équipages : les 2 équipages (bleu et or) d’un SNLE sur une côte et les 2 équipages d’un SSGN sur l’autre, ont indiqué des responsables.
Le premier groupe pourrait provenir de la classe 2010 de l’Académie navale. Les élèves en dernière année, intéressés par des carrières dans le nucléaire en surface ou sur les sous-marins, sont déjà en train d’avoir des entretiens personnels avec l’amiral Kirkland Donald, le directeur des Réacteurs Navals. Pour l’instant, les femmes qui s’entretiennent avec lui, ne peuvent obtenir que des postes sur des porte-avions. Les hommes eux peuvent embarquer sur porte-avions et sur sous-marins.
Donnelly a indiqué que beaucoup dépendrait des volontaires cette année scolaire.
Parmi les élèves qui ont obtenu leur diplôme au printemps dernier, la moitié des 32 enseignes qui sont partis à l’école de propulsion nucléaire sont des femmes.
“Je pense qu’il serait possible de retourner voir ce groupe qui a déjà été accepté pour le programme de propulsion nucléaire, destiné à la flotte de surface, et de leur dire ‘Ca vous intéresserait d’embarquer sur sous-marin ?’” a indiqué l’amiral Donnelly.
Après avoir obtenu leur diplôme en mai 2010, elles entreraient dans le cursus de formation des officiers sous-marins avec les hommes.
“Il y a 15 à 16 mois de formation avant que des femmes officiers de ce groupe ne puissent embarquer. Donc nous parlons d’un embarquement à la fin 2011 au plus tôt, ou début 2012.”
Les modifications des cabines pour accueillir des femmes sur les sous-marins d’attaque seraient excessivement couteuses, et peut-être même impossible, selon des experts.
Au contraire, sur les SNLE et les SSGN, il n’y a besoin d’aucune modification, juste d’utiliser des panneaux pour se partager les cabinets de toillette.
En ce qui concerne la composition des équipages, explique Donnelly, l’expérience de la flotte surface montre qu’environ 10 à 15% des officiers et des équipages doivent être des femmes. Pour les premières équipes — de 2 à 4 femmes par équipage —, il faut avoir un officier plus ancien que l’autre pour encadrer la plus jeune.
“Je devrai pouvoir trouver des femmes officiers de soutien qui sont allées en mer dans un équipage mixte et qui connaissent les ficelles,” a-t-il déclaré, “et les faire embarquer dans ces premières équipes avec des enseignes sortant à peine de l’école sous-marine.”
Une autre source d’officiers expérimentées pourrait être les officiers opérations ayant déjà effectué un embarquement en surface.
Faire embarquer des femmes non-officiers est un problème plus compliqué. Il va falloir de l’argent, des modifications et une formation spéciale, ont expliqué les 2 amiraux.
“Nous n’allons pas voir le mois prochain une matelot féminin, le sac de marin sur l’épaule, embarquer à bord de l’USS Maryland,” a déclaré Harvey. “Mais cela va se faire — il faudra environ 2 ans. Nous allons les recruter et les former.”
La leçon peut-être la plus importante apprise de la force de surface, indique Harvey, est le besoin d’avoir déjà des officiers et des officiers mariniers supérieurs embarqués, avant de faire embarquer de jeunes femmes matelots.
C’est parce que les cas de grossesse et de fraternisation sont moins fréquents dans les équipages ayant une forte proportion de femmes dans la hiérarchie.
“Il ne faut pas que ce soit ‘Je suis la seule femme du sous-marin’ — le fardeau serait trop lourd à porter pour n’importe qui, en particulier pour une jeune femme,” explique Harvey.
Il ajoute qu’il va falloir un certain temps pour constituer une “masse critique” de gradés féminins nécessaire pour parfaitement réussir la mixité des équipages.
Mais, pour un ancien sous-marinier, devenir sous-marinier au-delà d’un certain grade, maître ou au-dessus, serait difficile. “Vraiment, pour faire partie du carré OMS d’un sous-marin, vous devez déjà avoir les qualifications. Si vous ne les avez pas, vous serez plus un fardeau qu’autre chose,” indique-t-il.
Pour la plupart des spécilités non-techniques, comme manœuvrier ou cuisinier, cela pourrait être assez rapide et facile, puisqu’il y a seulement besoin de 6 semaines à l’école de formation sous-marine de Groton.
Donnelly a indiqué qu’il était trop tôt pour dire quelles spécialités seront ouvertes aux femmes. Mais, au fil du temps, toutes les spécialités pourraient être ouvertes, indique le retraité des sous-marins.
Au-delà du personnel, l’autre problème va être de modifier les logements des SNLE et SSGN de la classe Ohio. Donnelly a indiqué que le volume de ces sous-marins permettait des modifications relativement simple. Mais l’équité est la clé de tout changement.
“Je ne permettrai pas une solution qui forcerait les hommes à faire “bannette chaude” sur un de ces sous-marins. Donc, nous allons le faire correctement, et la réponse correcte est de donner aux femmes leurs propres toilettes,” a-t-il expliqué, “et de s’assurer que les hommes ne sont pas traités de façon incorrecte ou inégale en aucune manière.”
Dans l’état actuel, les projets de modification ne sont rien de plus que des dessins, puisqu’aucun budget ne peut être affecté avant la notification au Congrès.
“Nous ne sommes même pas aller voir les architectes navals,” a indiqué Donnelly.
Le calendrier est de toute manière assez flexible pour la modification des logements pour accueillir des équipages mixtes, qui devra probablement être effectuée au cours des périodes de maintenance majeure.
Donnelly estime le coût de ces modifications à 8 ou 10 millions $ (5 à 6 millions €). Mais il a averti : “Ces prix ne diminuent jamais, ils augmentent toujours.”
Source : Navy Times (Etats-Unis)