Le Parlement brésilien examine l’accord avec la France sur le sous-marin nucléaire

  • Dernière mise à jour le 21 août 2009.

Lors d’une audience publique mardi dernier, marquée par l’absence des interlocuteurs de la défense nationale, l’accord avec la France pour l’acquisition des équipements et des technologies nucléaires destinés à la marine brésilienne, a été examinée par les députés de la Commission des Relations Extérieures et de la Défense Nationale.

La signature de l’accord est prévue pour coïncider avec la visite au Brésil du Président français, Nicolas Sarkozy, au cours des festivités de l’Indépendance du Brésil, le 7 septembre prochain.

L’accord, qui doit être analysé par le congrès National brésilien, prévoit le transfert de technologies, la construction d’un sous-marin nucléaire et l’acquisition de 4 autres sous-marins classiques pour un montant total de 6,8 milliards €, financé grâce à un prêt de 5,5% par an.

Pour que les questions des députés puissent recevoir des réponses en temps utile, l’audience avait été programmée pour ce mardi. Cependant, le ministère brésilien de la défense et la marine brésilienne ne se sont pas faits représentés. Le ministère de la défense a expliqué son absence par des “engagements préalables”. Le président de la commission, le député Severiano Alves, a ouvert la session en regrettant le manque d’intérêt de la société pour les grands thèmes nationaux, dont la défense nationale.

 Des équipements dépassés

Le député Júlio Delgado, qui avait demandé l’audience, a remis en cause les fondamentaux techniques et économiques de l’accord. Le parlementaire a expliqué que les équipements français sont dépassés et que le prix de la transaction va augmenter l’endettement du pays. “Ce contrat prévoit 6,9 milliards € pour l’achat de 4 sous-marins classiques français qui ne sont utilisés par aucune puissance mondiale. Leur prix sera financé par le pays avec des emprunts extérieurs, à des intérêts très élevés, pendant une durée de 25 as. C’est extrêmement couteux pour le Brésil d’acheter quelque chose de dépassé et si cher en échange d’un transfert de technologies.” Delgado ajoute qu’il est prévu d’acheter une coque pour recevoir un réacteur nucléaire dans un futur incertain et la construction d’un chantier naval et d’une base.

 Calendrier

Delgado s’est aussi interrogé sur les différentes dates rendues publiques par la marine pour le lancement du sous-marin nucléaire (2014, 2017 ou 2021, selon les versions).

Selon le député, tous les spécialistes sont unanimes pour dire qu’il sera nécessaire d’attendre 10 à 15 ans pour construire un réacteur nucléaire terrestre, qui devra fonctionner fixé sur une base de béton. Puis, ajoute-t-il, il faudra encore attendre 10 à 15 ans pour “mariniser” ce réacteur pour qu’il puisse être utilisé dans la coque d’un sous-marin.

Júlio Delgado ne s’est pas non plus montré très convaincu de la nécessité de cet équipement, puisqu’il considère qu’un nombre plus important de sous-marins classiques permettrait une meilleure protection du littoral brésilien.

La forme des négociations et le cout final du contrat avec la France, selon le député, ne sont pas justifiés par les arguments présentés.

 Appel d’offres

Pour le député Márcio Reinaldo Moreira, l’accord devrait avoir été précédé par appel d’offres ou une espèce de compétition internationale, impliquant les technologies et le prix. C’est ce qui est fait dans le domaine aéronautique, pour l’achat des chasseurs de l’armée de l’air brésilienne. “Le cout du projet est si élevé qu’il va mettre en danger, non seulement le budget de la marine ou celui de la défense mais tout le budget du Brésil.”

 Qualification

Le président de l’association brésilienne des études de défense (Abed), le professeur Eurico Lima Figueiredo, a défendu la qualification stratégique et technologique du pays, à la hauteur de son importance politique et économique. Il considère que la société brésilienne est mûre pour contrôler les Forces Armées et d’autres institutions, comme le Congrès ou l’université. “Cela se produit déjà, dans la mesure où la stratégie nationale de défense a été formulée avec la participation de civils et discutée publiquement.”

Selon le professeur, il faut maitriser la technologie qui permette d’effectuer le saut nucléaire, pour l’énergie nucléaire en général, comme alternative pour le futur. “Si les grandes puissances considèrent les sous-marins nucléaires comme importants, nous, qui seront d’ici 3à ans au mois la 5è puissance économique, ne devons pas les intimider”.

Source : Chambre des Députés

Source : Poder Naval (Brésil)