L’OTAN pourrait remettre en cause l’organisation de ses exercices en Sardaigne

  • Dernière mise à jour le 18 octobre 2005.

Un groupe de pêcheurs de Sardaigne a gagné une bataille contre la force combinée des marines de 10 pays occidentaux, interrompant un exercice de l’OTAN.

Des bateaux de pêche s’attaquent àcertaines des marines les plus puissantes au monde. Photographie Marine Italienne

Certains officiers de l’OTAN étaient en colère de ne pas avoir réussi à réaliser complètement les exercices prévus au large des côtes de Sardaigne, exercices qui se sont terminé mardi dernier. Cela a conduit le président de la Sardaigne à saisir le ministre italien de la défense.

L’opération Destined Glory/Loyal Midas était conçue comme un entraînement de 2 semaines pour la force de réaction de l’OTAN.

Plus de 8.500 militaires de 10 nations participaient à l’exercice qui impliquaient des porte-avions, des hélicoptères et des chars qui devaient reprendre une zone de l’île contrôlée par des faux terroristes dans ce qui était qualifié de plus grand exercice depuis des années.

L’exercice exigeait l’interdiction de certaines zones de la côte aux navires civils. La ville de Capo Teulada, à 400 km au sud de Rome, a été la plus touchée, les pêcheurs locaux étant interdits de pêche à cause des exercices internationaux.

Les résidents sont en colère d’être privés de leur droit de pêche trois fois par an et de n’obtenir que peu de chose en retour. Un résident a déclaré à Aljazeera.net que la ville serait mieux sans eux : "Les militaires de l’OTAN viennent rarement à Capo Teulada, et quand ils viennent, ils ne dépensent pas beaucoup d’argent".

 S’attaquer à l’OTAN

L’exercice de 2 semaines devait être le plus important depuis des années. Photographie Marine Italienne

Le 4 octobre, un groupe de petits bateaux est entré dans une zone militaire fermée pour empêcher les activités des navires de l’OTAN.

En 10 jours, la protestation a grandi pour rassembler quelques 50 navires de pêche le jour prévu par l’OTAN pour le débarquement.

Les commandants ont maintenu que l’exercice continuerait, et les navires militaires se sont approchés à moins de 1.000 m des manifestants, mais ils ont été rappelés à la dernière minute, rendant inutile le travail d’un an de préparation.

Un officier de communications, le Lieutenant-Commander Juan Pablo Mackinlay était furieux : "C’est très décevant, notre troupe de Marines est encore à bord [des navires]. Nous sommes venus ici pour nous entraîner et nous ne le pouvons pas."

Seuls 286 militaires ont pu être débarqués par hélicoptère, ratant le débarquement, et laissant à bord la majeure partie de leur équipement, chars et véhicules.

 La retraite de l’OTAN

Le fait que l’OTAN n’ait pas insisté pour effectuer le débarquement amphibie a attiré l’attention du président de Sardaigne, Renato Soru, qui a rencontré les manifestants dans le port de Sant’Antioco.

Soru a soulevé une controverse en septembre lorsqu’il a demandé la fermeture d’une base sous-marine américaine située dans le nord de l’île. Maintenant, il a promis de transmettre les inquiétudes des pêcheurs de Capo Teulada au ministre italien de la défense.

Le contre-amiral Salvatore Ruzittu, adjoint au commandant de l’exercice admet qu’il s’agit d’une zone très controversée : "Nous utilisons [Capo Teulada] plusieurs fois par an, parfois nous avons des problèmes [des manifestations], parfois nous n’en avons pas. C’est comme ça que ça marche."

Mais l’amiral Andrea Toscano, responsable de l’exercice, maintient que la zone est essentielle pour la force de réaction rapide de l’OTAN : "Toutes les forces de l’OTAN ont désespérément besoin [de Capo Teulada]. Sans entraînement, il est difficile de rester à un haut niveau de préparation."

 Un défi utile

L’amiral Cooke (àdroite) considère la manifestation comme un défi utile pour les forces. Photographie Marine Italienne

L’un des responsables de l’OTAN, l’amiral David Cooke, qui est venu assister à l’exercice, voient les manifestations comme un défi utile pour les forces : "Les manifestations sont très réelles, dans le monde réel nous devons nous attendre à des difficultés - ici ce sont des pêcheurs. C’est un très bon entraînement."

Le Commander Mark Arata, responsable de la logistique, l’homme qui doit tenir compte du changement de plan, est d’accord : "Etre flexible et s’adapter est un élément clé pour l’OTAN ... [En Sierra Leone], nous avons du extraire des personnels, mais les plages ne permettaient pas un débarquement avec des navires, nous avons donc utilisé l’hélicoptère."

Ce dernier développement marque la deuxième année consécutive où l’OTAN doit faire face à des Sardes en colère, et l’officier de coopération civilo-militaire, le Commander Vito Minaudo pense que l’OTAN pourrait décider que c’en est trop :

"Si vous dépensez de l’argent quelque part et qu’il y a des problèmes, vous pouvez essayer une autre fois, mais 2 fois, 3 fois, et vous allez essayer ailleurs."

Sakhr Al-Makhadhi, à bord de l’ITS Mount Etna, au large de la Sardaigne, Italie

Source : Al-jazeera