Course contre la montre pour sauver sept sous-mariniers russes

  • Dernière mise à jour le 5 août 2005.

La marine russe était engagée vendredi dans une dramatique course contre la montre pour sauver les vies de sept marins d’un bathyscaphe bloqué par 190 mètres de fond dans une baie du Kamtchatka, et Moscou n’a pas hésité, cette fois, àdemander l’aide du Japon et des Etats-Unis qui ont aussitôt répondu présent.

Un bathyscaphe semblable
(Photo AP)

La confusion initiale et des informations divergentes sur les réserves d’air dont dispose le bateau, en immersion depuis 23H00 GMT mercredi et immobilisé depuis jeudi matin par le câble d’un chalut, ont accru la tension.

Elles rappelaient, toutes proportions gardées, la situation qui a prévalu autour du sous-marin Koursk, coulé il y a presque exactement cinq ans dans la mer de Barents à la suite de l’explosion accidentelle d’une torpille. La Russie avait alors décliné les propositions d’aide étrangère, changeant d’avis alors qu’il était déjà trop tard pour sauver d’éventuels survivants. Les 118 hommes à bord avaient tous péri.

Jeudi matin, dans un premier temps, le porte-parole de la marine russe, le capitaine Igor Dygalo, a affirmé que les réserves d’air emportées par le bathyscaphe étaient suffisantes pour 120 heures, soit cinq jours.

Mais d’autres sources à l’état-major des forces navales ont affirmé avec constance que ces réserves ne représentaient au départ que 48 heures de consommation, ce qui signifierait que vendredi en milieu de journée il n’en resterait plus que pour quelques heures. Le porte-parole a fini par estimer à 12H00 GMT que les réserves étaient de 24 heures.

Aussi, contrairement à ce qui s’était passé lors du drame du Koursk, la Russie n’a-t-elle pas hésité à solliciter les Japonais et les Américains.

La marine a demandé l’aide du Japon et des Etats-Unis, a indiqué à l’AFP le capitaine Dygalo.

"Quand il s’agit de sauver des gens en difficulté sous l’eau, il faut exploiter toutes les possibilités. Il est impossible d’avoir trop d’aide, plus il y en a et mieux c’est", a-t-il dit.

Bathyscaphe
Un bathyscaphe à bord du navire norvégien Mayo, le 17 juillet 2001 en mer de Barents © AFP/Archives

Le Japon a dépêché vendredi vers la zone de l’accident quatre navires de guerre, dont un bateau de sauvetage de sous-marins, le "Chiyoda" et un ravitailleur, qui ont quitté le port de Yokosuka, près de Tokyo. Les deux autres navires, des chasseurs de mines, sont partis de Hokkaido, la grande île septentrionale du Japon, située en face de l’Extrême-Orient russe.

Selon l’agence de presse nippone Jiji, les navires japonais devraient arriver sur zone d’ici lundi matin. L’information n’a toutefois pas été confirmée officiellement.

La Flotte américaine dans le Pacifique a décidé d’envoyer deux robots sous-marins pour tenter de sauver les sept marins russes, a annoncé à l’AFP un porte-parole de la Flotte.

La Grande-Bretagne, de son côté, doit envoyer un avion transportant des équipements de secours samedi matin.

Mais cette assistance pourrait arriver trop tard, a estimé sur la radio Echo de Moscou l’amiral russe Edouard Baltine, ancien commandant de la Flotte de la mer Noire, "d’autant qu’il faudrait encore du temps pour préparer l’opération de secours sur place".

Côté russe, une dizaine d’unités de la Flotte du Pacifique étaient engagées vendredi dans les opérations de secours, consistant pour le moment à tenter d’accrocher avec des ancres le câble retenant le bathyscaphe au fond, ou le bathyscaphe lui-même, pour le dégager.

L’équipage a reçu des instructions destinées à économiser l’air et l’énergie électrique à bord.

La situation du sous-marin était observée grâce à des caméras immergées à proximité de l’appareil, tandis que l’équipage, qui n’avait pas de contact audio avec les bâtiments de surface, communiquait avec eux par des signaux sonores utilisés habituellement par les sous-marins, a indiqué le capitaine Dygalo.

Le bathyscaphe AS-28, long de 13 mètres et mesurant environ 5 mètres de diamètre, destiné à secourir des submersibles en panne et qui peut descendre jusqu’à un kilomètre de profondeur, effectuait un exercice de routine dans la baie Berezovaïa (75 km au sud de la ville de Petropavlovsk-Kamtchatskiï).

L’état des sept membres de l’équipage a été qualifié de "normal" par le porte-parole de la Flotte du Pacifique. La température à bord s’élève à 5 degrés centigrades et les marins portent des vêtements chauds.

Enfin, selon l’entreprise de Nijni Novgorod qui avait construit le bathyscaphe AS-28, ce dernier serait en mauvais état technique et avait besoin d’être remis à neuf.

"Les militaires le savaient" et les travaux était déjà programmés pour les mois d’octobre ou de novembre prochains, a déclaré une porte-parole du chantier naval "Krasnoe Sormovo", Olga Konstantinova, citée par Itar-Tass. De son côté, le capitaine Dygalo a déclaré que le sous-marin était en état de marche au moment de lever l’ancre.

Source : La Tribune de Genève