La marine russe était engagée vendredi dans une (…)
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Un bathyscaphe russe AS-28 Priz de la marine russe a coulé jeudi dernier au large du Kamtchatka (Extrême-Orient).
L’incident s’est produit au petit matin à 75 km au sud du port de Petropavlovsk-Kamtchatski, dans la baie Berezovaïa. Sept marins sont encore prisonniers à l’intérieur du bathyscaphe.
Long de 13,5 m et haut de 5,7 m, cet appareil destiné à secourir des submersibles en panne effectuait une plongée de routine à partir d’un bâtiment de guerre. On indiquait au début qu’il se serait accroché à un objet indéterminé pendant la plongée. Mais l’état-major général de la marine a annoncé plus tard, qu’un filet de pêche s’était enroulé sur une hélice au moment de l’immersion. Le bathyscaphe reste donc bloqué à une profonder de 190 m (220 m, selon d’autres données), profondeur à laquelle on ne peut pas envoyer de plongeurs.
Selon des experts, la situation est très grave. "Je ne perds pas espoir, puisqu’il y a encore des chances de sauver les marins", estime le vice-amiral Evguéni Tchernov. Ce spécialiste connu de la marine élevé au grade de Héros de l’Union soviétique qui a écrit un livre sur les catastrophes des sous-marins soviétiques espère qu’un deuxième sous-marin de poche sera dépêché sur les lieux pour secourir les naufragés.
Conçu par le bureau d’études Lazourit (Nijni Novgorod) sous la direction de Nikolaï Kvacha, le bathyscaphe de la série Priz peut descendre jusqu’à un kilomètre de profondeur. Son équipage est de 3 personnes, mais il peut prendre à son bord jusqu’à 20 personnes à partir d’un sous-marin accidenté. Les réserves d’air sont de 120 heures pour 3 personnes ou de 10 heures avec les rescapés.
Pour le contre-amiral Oleg Koustov, la situation est beaucoup plus compliquée qu’on le dit. Si l’équipage reste en plongée depuis deux jours, il est peu probable que celui-ci dispose d’assez d’air pour tenir encore pour deux ou trois jours, comme on le prétendait au début des travaux de sauvetage. Les informations faisant écho d’un enroulement d’un filet de pêche
autour des hélices du bathyscaphe ne sont pas convaincantes. L’appareil dispose d’au moins trois ballasts qui se remplissent d’eau au fur et à mesure de l’immersion. L’appareil peut remonter à la surface soit par propulsion, soit par vidange des ballasts. Si les hélices ne fonctionnent plus, pourquoi n’évoque-t-on pas les tentatives de vider les ballasts ? Car si on les tait délibérément, il serait sûrement arrivé quelque chose, a estimé M. Koustov.
Le scepticisme du contre-amiral s’explique sans doute par la tragédie survenue il y a cinq ans, quand le sous-marin nucléaire Koursk, avec 118 membres d’équipage à son bord, a fait naufrage le 12 août 2000 en mer de Barents suite à l’explosion d’une torpille. Pendant les premières heures qui ont suivi l’annonce, les responsables officiels de la marine russe assuraient la population que des tuyaux à air comprimé avaient été descendus et que la liaison avait été rétablie avec l’équipage... Aujourd’hui, on sait bien que rien de cela n’avait été fait. Certains experts redoute la même issue pour l’accident de la baie Berezovaïa.
Ce pessimisme n’est pas infondé : deux appareils de ce type devaient être présents sur le lieu des manœuvres. À défaut d’un deuxième appareil, les règles de sécurité interdisent d’organiser les exercices. L’océan est un environnement hostile à l’homme où tout peut arriver, et il serait pour le moins incompétent de ne pas s’y être préparé. Hélas, aucune mesure de prévention n’a été prise dans le cas du bathyscaphe AS-28 comme dans le cas de Koursk.
La marine russe s’est empressée de demander une assistance à la flotte pacifique des États-Unis pour sauver l’équipage du bathyscaphe. Le Japon a également dépêché quatre navires de sauvetage. Le seul problème qui se pose est qu’une distance trop grande sépare le Japon et les États-Unis du littoral russe, et il faut au moins deux ou trois jours pour gagner l’extrémité sud de la presqu’île du Kamtchatka où se trouve la baie Berezovaïa. Le capitaine de vaisseau Igor Dygalo, porte-parole de la marine russe, a déclaré à RIA Novosti qu’il restait de l’air pour vingt-quatre heures à peine à bord de l’appareil sous-marin, mais les secouristes pourraient arriver trop tard.
Toutefois, la marine russe et les proches des sous-mariniers ne perdent pas espoir. Il ne reste plus qu’à espérer. Il reste encore vingt-quatre heures...
par Viktor Litovkine, commentateur militaire de RIA Novosti.
Source : RIA Novosti