La télévision veut rendre l’enquête publique

  • Dernière mise à jour le 6 novembre 2004.

La télévision publique anglaise CBC (Canada Broadcasting Compagny) veut faire suspendre l’enquête militaire sur la tragdié du HMCS Chicoutimi jusqu’àce qu’un juge puisse décider si l’enquête doit être publique.

Vendredi, des avocats de CBC Television à Halifax ont saisi la cour fédéral pour obtenir une injonction visant à stopper l’enquête.

La requête a été déposée après que l’officier chargé de l’enquête ait refusé la demande faite par 3 organes de presse de laisser les journalistes assister aux audiences.

Une décision sur l’injonction était attendue vendredi soir ou samedi matin, a déclaré David Coles, un avocat représentant la chaîne.

"Je suis optimiste," a-t-il indiqué. "Il n’y a aucune raison valable que l’enquête ne soit pas publique."

L’enquête concerne l’incendie d’origine électrique qui s’est déclaré le 5 octobre, faisant un mort et laissé le sous-marin à la dérive à quelques centaines de kilomètres au nord-ouest de l’Irlande.

Les enquêteurs ont mené une série d’audience à huis-clos en Ecosse, où le Chicoutimi a été remorqué après l’accident.

Plus tôt cette semaine, les enquêteurs se sont déplacés à Halifax, où ils ont l’intention d’entendre des membres de l’équipage à propos des événements qui ont mené à l’incendie et comment ils ont réagi.

CBC, le Halifax Daily News et le Halifax Chronicle-Herald ont contesté la décision de huis-clos dans une demande écrite aux enquêteurs plus tôt cette semaine.

Mais le président de l’enquête, le Commodore Dan Murphy, a refusé la demande et a indiqué que les investigations n’étaient pas une enquête publique.

"C’est une enquête interne aux forces armées canadiennes menée par des militaires avec l’expertise technique appropriée, menée afin de rassembler des faits pour déterminer l’origine des incendies, de la mort d’un officier et des blessés," a répondu par écrit le Cmdre. Murphy à la CBC vendredi.

Ouvrir les audiences aux journalistes "entrainerait des retards" parce que les enquêteurs devraient déterminer avant chaque témoignage s’il peut être public et quels éléments doivent rester secrets.

"Je dois rester attentif à la divulgation d’informations qui pourraient compromettre la vie privée, la sécurité et les exigences opérationnelles et des relations internationales," a-t-il ajouté.

Le Cmdre. Murphy a aussi indiqué que les enquêteurs doivent travailler rapidement puisque qu’ils doivent rendre leur rapport impérativement le 30 novembre.

Mais Mr. Coles, avocat des médias, ne souscrit pas à l’argument de la sécurité nationale et indique que la crédibilité de l’enquête est en jeu.

"Ils ont déjà autorisé un représentant de la famille de l’officier décédé à assister aux audiences. Donc, Pourquoi ne pas rendre les audiences publiques ?"

Ce qui est en jeu est la capacité des canadiens à évaluer ce qui s’est produit dans cet incident tragique.

"Recevoir simplement un rapport final à la fin de la journée n’est pas satisfaisant," selon Mr. Coles.

Malgré ses arguments, Mr. Coles a reconnu qu’il n’avait de précédent où des médias aient obtenu l’ouverture au public d’une enquête militaire.

En 1993, la Cour Fédérale du Canada avait décidé que l’enquête préliminaire sur la conduite de soldats canadiens qui avaient torturé à mort un adolescent en Somalie serait conduite à huis clos parce qu’il s’agissait d’"une affaire de famille."

Source : The Globe and Mail