Le groupe aéronaval britannique rentre d’une mission de 8 mois en région Indo-Pacifique

  • Dernière mise à jour le 1er décembre 2025.

Après un périple titanesque jusqu’en Australie et au Japon, le porte-avions britannique HMS Prince of Wales et son groupe aéronaval sont rentrés au Royaume-Uni. Leur retour, après huit mois de déploiement, marque la fin de l’opération Highmast. Au cours des 223 jours écoulés depuis le départ de Portsmouth le 22 avril 2025, le groupe aéronaval a collaboré avec plus de 30 nations et parcouru plus de 40 000 milles nautiques.

Le dimanche 30 novembre 2025, le porte-avions a fait son entrée à la base navale de Portsmouth (HMNB Portsmouth). Des milliers de familles, d’amis et de spectateurs enthousiastes ont suivi l’événement depuis la terre ferme. Trois hélicoptères, deux Merlin et un Wildcat, ont marqué l’arrivée du porte-avions par un survol en formation, tandis que les remorqueurs du port le saluaient avec leurs canons à eau. L’équipage s’est aligné sur le pont du porte-avions, selon la tradition de la Royal Navy connue sous le nom de “Procédure Alpha”, souvent appliquée à la fin des déploiements importants. Une salve de canon cérémonielle a été tirée depuis l’arrière du navire.

La frégate norvégienne HMoMS Roald Amundsen, rattachée au groupe aéronaval depuis son départ, devait arriver quelques heures après le HMS Prince of Wales et bénéficiera probablement d’une cérémonie de bienvenue à son retour en Norvège dans les prochains jours. Un contingent de la Royal Navy a embarqué à bord du navire norvégien, ainsi qu’un hélicoptère Wildcat HMA2.

Le groupe aéronaval a accueilli 28 invités de marque lors de ce déploiement, et pas moins de 82 entreprises britanniques ont pu en profiter pour présenter leurs produits ou services à des clients potentiels. Ce volet du déploiement aurait généré des retombées à l’exportation pouvant atteindre 17 milliards de livres sterling.

Opération Highmast

L’opération Highmast était le deuxième déploiement de la Royal Navy dans la région Indo-Pacifique, mené par un porte-avions de la classe Queen Elizabeth. Elle a été marquée par plusieurs premières, la plus notable et la plus récente étant le tout premier déploiement de 24 F-35B britanniques à bord d’un porte-avions, franchissant ainsi une étape majeure vers la déclaration de pleine capacité opérationnelle (FOC). De plus, le groupe aéronaval a utilisé de nouvelles technologies de drones et a employé des octocoptères Malloy T-150 pour les transferts de fret entre navires.

Des opérations de transfert de F-35B entre porte-avions ont été menées avec les États-Unis, l’Italie et le Japon, le JS Kaga des Forces maritimes d’autodéfense japonaises devenant le premier navire de guerre japonais à accueillir un avion de chasse britannique. Lors de l’accueil de F-35B d’autres nations, le nombre total d’avions embarqués simultanément à bord du HMS Prince of Wales a atteint un record de 26 appareils.

Pour la première fois, des porte-avions britanniques et indiens ont mené un exercice conjoint, et des Su-30 et Jaguar indiens ont affronté des F-35B britanniques dans un scénario de défense aéronavale.

Une escale à Darwin, en Australie, a marqué le retour d’un porte-avions de la Royal Navy dans le pays depuis 1997, soit près de trente ans.

Des difficultés imprévues ont également mis à l’épreuve le personnel durant le déploiement. Des pannes mécaniques sur des F-35B ont entraîné deux déroutements importants vers des bases aériennes à terre, dont un en Inde où l’appareil est resté immobilisé pendant plus d’un mois.

En raison de problèmes de disponibilité au sein de la flotte de sous-marins de la Royal Navy, et malgré la rareté des commentaires officiels sur les mouvements de sous-marins, des analystes de sources ouvertes estiment que la majeure partie du déploiement du HMS Prince of Wales s’est déroulée sans escorte de sous-marins de la Royal Navy. On ignore si ce manque a été compensé par des nations alliées. La présence d’un sous-marin est un élément clé de la stratégie de lutte anti-sous-marine du groupe aéronaval, lui permettant de progresser en évitant d’être repéré par les sous-marins ennemis.

Lors du déploiement du groupe aéronaval, appuyé par le sous-marin HMS Astute, la traque d’un sous-marin chinois présumé par le HMS Richmond et son hélicoptère Merlin HM2 a été filmée par une équipe de télévision embarquée.

Bien que les transits du canal de Suez et de la mer Rouge aient toujours été effectués sous haute sécurité, les récentes attaques houthies contre des navires dans la région ont conduit le groupe aéronaval à prendre des mesures d’autodéfense importantes, notamment un renforcement massif de la base aérienne de la RAF d’Akrotiri par des aéronefs afin d’assurer une surveillance continue de la flotte. L’hélicoptère Wildcat embarqué sur le HMS Dauntless était maintenu en alerte permanente, prêt à intervenir à tout moment pour intercepter les menaces grâce à ses missiles Martlet.

Heureusement, contrairement à 2021, les restrictions liées à la pandémie ont pu être largement levées et le personnel du groupe aéronaval a pu profiter d’escales au Japon, en Grèce, à Singapour et dans de nombreux autres pays. Des navires d’escorte du groupe aéronaval ont fait escale dans des destinations moins fréquentées : le HMS Richmond a visité les Philippines et le Vietnam, et le HNoMS Roald Amundsen le Sri Lanka.

Le navire ravitailleur RFA Tidespring, qui restera en mer jusqu’en 2026, a effectué 79 ravitaillements en mer durant son affectation au groupe aéronaval. Le pétrolier s’est séparé du groupe avant de traverser le canal de Suez et a opté pour un long détour par l’Afrique. Ce détour a permis d’établir des contacts avec plusieurs pays africains, où la présence de la Royal Navy est bien moins fréquente que dans certaines des principales destinations du groupe aéronaval.

Le prochain déploiement de porte-avions britanniques dans la région Indo-Pacifique est actuellement prévu pour 2029. Selon les derniers plans, ce déploiement verra le lancement d’une escadre aérienne et d’une force opérationnelle hybrides, comprenant des avions de combat collaboratifs sans pilote et des navires de surface et sous-marins sans pilote.

Référence :

The aviationist (Italie)