La marine espagnole envisage de construire un « vrai » porte-avions

  • Dernière mise à jour le 26 juin 2025.

L’Espagne pourra se doter du premier porte-avions conventionnel de son histoire d’ici une quinzaine d’années. Le projet initial de la Marine, qui prévoyait de posséder jusqu’à trois porte-avions à l’avenir, similaires au porte-hélicoptères amphibie Juan Carlos I, en service depuis 2010, a évolué vers un nouveau concept encore plus ambitieux. Les nouveaux plans, dévoilés ce mardi au quartier général de la Marine lors de la présentation de la monographie sur l’avenir des forces navales espagnoles, prévoient notamment de transformer l’un d’entre eux en porte-avions conventionnel.

L’Espagne disposera ainsi de deux grands navires d’assaut amphibies capables d’embarquer des avions de combat F-35B à décollage court et atterrissage vertical (STVOL) (seule option actuellement disponible avec cette capacité), ainsi que d’un porte-avions à partir duquel opéreront des avions de combat conventionnels, leur conférant ainsi un rayon d’action et une capacité d’emport d’armes accrus, et pour lesquels le marché offre davantage d’options.

Le fait que l’industrie offre diverses alternatives pour cette classe d’avions, comme le Rafale M français et les Super Hornets américains F-35C et F/A-18F, par exemple, est un élément clé de la réflexion qui a conduit la Marine à envisager l’acquisition d’un porte-avions pur. Actuellement, un seul constructeur, l’américain Lockheed Martin, est en mesure de fournir des avions à voilure fixe capables de remplacer les actuels AV-8B Harrier II STVOL exploités par le Juan Carlos I, qui sont en fin de vie opérationnelle.

Le F-35B, seule option pour les deux futurs navires amphibies envisagés par la Marine (l’un d’eux sera probablement l’actuel Juan Carlos I), et pour lequel aucun engagement n’a encore été pris, reste l’option privilégiée pour maintenir les capacités d’avions embarqués de la Marine. Cependant, selon les estimations de la Marine, leurs opérations seront complétées par des drones de classe 3, capables au minimum d’alerte avancée et de lutte anti-sous-marine. Ces drones, pesant plus de 600 kilos, disposent d’une grande autonomie et d’une importante capacité d’emport.

Cela signifie que l’Espagne n’aura pas besoin de porte-drones pour ces derniers appareils, puisqu’elle dispose déjà des navires amphibies susmentionnés et du futur porte-avions.

 Entre 25 et 30 avions

L’étude de faisabilité sur laquelle Navantia travaille déjà portera sur l’opportunité d’équiper le futur navire de systèmes de catapulte et d’aides à l’appontage assistées par câbles, par exemple, ainsi que sur les dimensions nécessaires pour accueillir et opérer avec une flotte estimée entre 25 et 30 avions de combat habités. Le futur porte-avions sera plus grand que le Juan Carlos I, avec un poids de 26 000 tonnes et une longueur de 231 mètres. Des sources citent le porte-avions français Charles de Gaulle, pesant environ 40 000 tonnes et mesurant plus de 260 mètres de long, pour esquisser un concept encore à définir.

Le développement d’un porte-avions est moins complexe que celui d’une frégate, par exemple, et ne représente donc pas un défi particulièrement difficile pour Navantia, qui s’apprête à lancer (en septembre prochain) la première unité des nouveaux F-110, et dont les travaux s’avèrent particulièrement intensifs.

 Deux porte-avions toujours opérationnels

Des sources de la Marine indiquent que cette initiative ne sera pas retardée. L’étude de faisabilité a d’ailleurs déjà commencé. Comme expliqué précédemment, on estime que les premiers éléments d’acier pourront être découpés d’ici une dizaine d’années pour lancer la production, sous réserve de l’autorisation définitive du gouvernement. Si cela se concrétise, environ cinq ans après le début des travaux, soit vers 2040 au plus tôt, l’Espagne pourra se doter du premier porte-avions conventionnel de son histoire.

Ses capacités seront complétées par celles des deux autres navires amphibies, probablement également équipés d’aéronefs (en l’occurrence, le STVOL), si l’achat des F-35B se concrétise. Cela signifie qu’au moins deux d’entre eux seront toujours disponibles lorsque l’un d’eux subira les processus de maintenance parfois longs requis par ce type de navires, par exemple.

Le futur porte-avions en cours de développement pourra accueillir la version navale du futur avion de combat de sixième génération du programme SCAF, que la France souhaite également déployer.

Source : Info Defensa (Espagne)