Le groupe aéronaval britannique va être déployé dans la région Indo-Pacifique

  • Dernière mise à jour le 18 mars 2025.

La mission CSG21, conduite en 2021 par le HMS Queen Elizabeth, avait montré que le groupe aéronaval britannique pouvait opérer à longue distance pendant une période prolongée et avait témoigné de l’engagement de la Grande-Bretagne envers ses alliés régionaux dans la région Pacifique. Mais, depuis 2021, la Royal Navy a vu ses effectifs diminuer et le déploiement du groupe aéronaval représente une entreprise considérable en termes de coût et de contraintes opérationnelles. Plus grave encore, la menace pour l’Europe s’est accrue et il existe un argument crédible selon lequel la dissuasion de la Russie devrait être l’objectif principal de toute l’activité militaire britannique.

Le déploiement du groupe aéronaval britannique en 2025 (baptisé “opération HIGH MAST”) est planifié depuis plus de deux ans. Les programmes d’entraînement, de maintenance et d’exploitation d’une grande partie de la flotte ont été synchronisés pour soutenir cette activité ponctuelle. La composition exacte du groupe aéronaval n’a pas encore été rendue publique, mais certains détails sont connus.

Le navire amiral de la flotte, le HMS Prince of Wales, dirigera le groupe, avec son état-major embarqué. Les frégates HMS Dauntless et HMS Richmond sont confirmés comme escorteurs. Une autre frégate et le HMS Dragon pourraient également participer à une partie du déploiement. La composition du groupe devrait être légèrement plus fluide qu’en 2021, avec la participation de différentes escortes. La frégate norvégienne HNoMS Raold Amundsen se joindra au groupe, avec un hélicoptère Wildcat de la Royal Navy embarqué. Un sous-marin de classe Astute sera également rattaché au groupe, mais pas nécessairement toujours à proximité du porte-avions.

On ne sait pas encore si un destroyer américain participera. En 2021, l’USS The Sullivans était pleinement intégré, participant notamment à l’exercice de qualification préalable au déploiement. Pour les opérations dans des zones plus disputées comme la mer de Chine méridionale, la capacité de missiles anti-balistiques longue portée de l’US Navy revêt une importance capitale, tout comme le système AEGIS complet, qui complète la capacité de défense aérienne générale du Sea Viper de la Royal Navy. (Le système de combat et les capteurs AEGIS embarqués par le HNoMS Raold Amundsen sont une version réduite et loin d’être aussi performants que ceux des Arleigh Burke.)

Le soutien logistique sera assuré par le RFA Tidespring et le HNoMS Maud, navire auxiliaire norvégien. Le RFA Fort Victoria ne participera pas à la mission, de sorte que le groupe ne disposera pas de ses propres moyens de ravitaillement en matières solides en mer par des navires à haubans lourds. Le Maud peut transporter environ 200 tonnes de munitions ou de matières sèches, tandis que le Tidespring peut en transporter dans des conteneurs montés sur le pont. Tout transfert de matières solides ou de munitions en mer devra être effectué par VERTEP (héliporté).

L’an dernier, le commandant du groupe aéronaval s’était déclaré confiant que 24 chasseurs F-35B britanniques seraient embarqués sur le HMS Prince of Wales. Compte tenu des problèmes de manque d’ingénieurs et de formation des pilotes qui pèsent sur la Lightning Force et sur l’ensemble de la RAF, il est possible que cet effort total ne soit nécessaire que pour une partie du déploiement. La perte d’un chasseur lors de la mission de 2021 pourrait nous apprendre que la fatigue et la surcharge du personnel ont été un facteur contributif. Quoi qu’il en soit, il s’agira d’un changement radical dans l’échelle opérationnelle du groupe aérien et de l’équipage du navire. À ce jour, la Lightning Force n’a pas réussi à générer plus de huit avions à réaction pour embarquer simultanément sur l’un ou l’autre des porte-avions.

La mission durera au total 8 mois. Après avoir quitté le Royaume-Uni fin avril, le groupe aéronaval entrera en Méditerranée, traversera le canal de Suez et l’océan Indien avant de poursuivre sa route vers le Pacifique. Des escales au Japon et dans le nord de l’Australie ont déjà été officiellement confirmées. Le groupe aéronaval participera à l’exercice Talisman Sabre 2025 au large des côtes nord de l’Australie en juillet.

Le déploiement d’un groupe aéronaval à des milliers de kilomètres de son territoire met à rude épreuve les ressources de la Royal Navy et mobilisera la majeure partie de la flotte opérationnelle. Le nombre d’escorteurs est au plus bas, comme en témoigne la réduction du nombre de navires affectés au CSG. Certains avancent également que les fonds consacrés à ce déploiement pourraient être mieux utilisés pour combler certaines lacunes évidentes en matière d’équipements, d’infrastructures et de stocks de munitions.

Du point de vue de l’endiguement et de la dissuasion vis à vis de la Russie, il est judicieux de maintenir une puissance de combat aussi importante que possible sur le théâtre européen. La coordination entre les pays exploitant des porte-avions atténue légèrement ce problème. Le groupe aéronaval français est actuellement déployé pour Clémenceau 25 dans le Pacifique, mais sera de retour en Europe lors du départ du HMS Prince of Wales.

Source : Navy Lookout (Grande-Bretagne)