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Leurs cœurs battront vite. Dimanche 13 février, quinze marins français, du matelot Alexandre Rossi (18 ans) au second maître Eric Georges (39 ans), affronteront à 11 h 30 sur la pelouse de Twickenham, en lever de rideau du match Angleterre-France, l’équipe de rugby de la Royal Navy. Dans les tribunes, des têtes galonnées jusqu’aux étoiles : l’amiral Jean-Louis Battet, chef d’état-major de la marine, sera l’invité du First Sea Lord, Sir Alan West. Salutations distinguées, considérations météorologiques..., on pourrait se croire en 2004, année de la célébration de l’Entente cordiale entre les deux nations, longtemps ennemis jurés. Mais c’est 2005 qui sonne à Big Ben. Le pays s’est juré de fêter comme il se doit son héros national : Lord Horatio Nelson. Il y a près de deux cents ans, l’amiral battait la flotte française au large du cap Trafalgar, victoire décisive qui assura à l’Angleterre la maîtrise des mers et à Napoléon une future villégiature insulaire.
Le capitaine de frégate Thierry Calmon n’est pas dupe. L’histoire maritime, la réputation d’Albion d’être perfide, il connaît. Et pourtant, il a accepté de se porter volontaire, délaissant quelque temps son bureau parisien de la rue Royale pour "relever le défi" d’un match dont les enjeux symboliques dépassent largement le ballon ovale car c’est bien d’un quitte ou double historique qu’il s’agit ici.
Ancien capitaine junior de l’Union sportive Arlequins Perpignan (USAP) où il occupait un poste de troisième-ligne, il s’est improvisé manager des braves qui vont livrer combat sur le sol britannique. Avec celui qui est déjà devenu son complice, le premier maître (PM) Philippe Vergecadi, un ancien demi d’ouverture de La Seyne-sur-Mer, il a soudé une équipe qui s’est entraînée dans le temple du rugby français, à Marcoussis, sous les regards bienveillants de Bernard Laporte et de Jo Maso, eux aussi en affaire avec les Anglais en ce dimanche 13 février.
Les deux militaires sont conscients du poids qui pèse sur leurs épaules. Ils vont être face à une Royal Navy dont les équipes de rugby sont adossées à des structures fédérales solides. Eux ont dû tout improviser en quelques semaines. Ils connaissent leur ordre de mission : rivaliser, offrir du spectacle... Bref, lâche clairement le PM Vergecadi : "Que nos gars ne baissent pas pavillon au bout d’un quart d’heure."
Des instructions qui viennent de haut. L’amiral Battet a pris le temps de la réflexion, plusieurs semaines, paraît-il, avant d’accepter l’invitation à en découdre de Sir Alan. Les avis étaient partagés, les courriels nombreux sur l’Intranet marine à refuser le guet-apens des héritiers de Nelson. La ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie, fille du premier arbitre de rugby français à avoir gravi les échelons internationaux, dut donc bénir la rencontre, après s’être assurée que ses marins sauraient se montrer âpres au combat. Elle souhaitait venir les encourager à Twickenham mais, "en raison d’un emploi du temps très chargé", elle a renoncé. Rien n’est perdu. La Royal Navy, qui nie "tout piège malintentionné", est décidée à organiser en 2009 une coupe du monde de rugby des marines. Les Français pourraient alors bien tenir la revanche de la revanche...
Marie-Béatrice Baudet
• ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU MONDE DU 12.02.05
Source : Le Monde