La marine indienne va installer d’anciennes torpilles sur son nouveau sous-marin

  • Dernière mise à jour le 24 août 2016.

La marine indienne va prochainement admettre au service actif le Kalvari, un tout nouveau sous-marin de la classe Scorpène, qui sera armé d’anciennes torpilles allemandes SUT. Ce sous-marin devait être équipé de torpilles Blackshark, mais le ministère de la défense a refusé au dernier moment.

Des ingénieurs et ouvriers du chant naval Mazagon Dock Ltd. de Mumbai lors de la sortie du hall de construction du premier sous-marin Scorpene indien

Dans une position étrange qui illustre la façon dont les armées indiennes sont contraintes d’opérer, la marine indienne n’a pas eu d’autre choix que d’installer de l’armement ancien sur une toute nouvelle plateforme.

Après beaucoup de retards, la marine indienne est sur le point d’admettre au service actif son premier sous-marin depuis près de 20 ans. Toutefois, la décision du ministère de ne pas acheter 98 torpilles lourdes Blackshark, qui était pourtant le choix validé jusque là, a été une surprise désagréable pour la marine.

Cela va conduire à un scénario où un tout nouveau sous-marin va rejoindre la flotte (probablement d’ici la fin de l’année) sans son arme principale : la torpille.

Des sources de haut niveau ont confirmé que cela n’a pas laissé la marine indienne avec d’autre choix que d’armer son tout nouveau sous-marin avec d’anciennes torpilles allemandes SUT. Ces torpilles sont actuellement utilisées sur les sous-marins U-209 d’origine allemande, de la classe Shishumar.

Le premier exemplaire, le Kalvari, se trouve actuellement au chantier Mazagon Dock Shipbuilders Limited de Mumbai. Il va reprendre ses essais à la mer au cours de la première semaine de septembre, après la mousson. Au cours de ces essais, le Kalvari testera des domaines comme la plongée, la vitesse et ses capacités de manœuvre.

« Comme le Kalvari est le premier des 6 sous-marins devant être construits, nous rencontrons parfois des problèmes. Nous espérons les avoir corrigés d’ici la fin de l’année. Nous pourrons alors tester le lancement de torpilles SUT modernisées. Ce n’est pas tant un problème matériel que logiciel. Son adaptation est réalisable, nous nous en sommes assurés, » a indiqué une source haut placée.

« Nous avons près de 60 torpilles SUT qui ont été modernisées pour les 4 anciens sous-marins de la classe Shishumar. Maintenant, les sous-marins Scorpene vont aussi utiliser cette torpille, ce qui signifie encore plus de tension. Mais c’est toujours mieux que rien, » a expliqué une source.

Selon des spécialistes, même modernisée, la torpille SUT est loin d’atteindre le niveau que la marine indienne espérait en choisissant la Blackshark.

« La torpille SUT est d’une technologie des années 80 et en a les limitations. En choisissant la Blackshark, nous voulions des portées de plus de 50 km. Elle dispose de meilleures capacités de poursuite et de pistage, » explique un officier.

Néanmoins, il y en a au sein de la marine indienne qui pensent que la SUT était en avance sur son temps lors de sa sortie et qu’elle reste toujours une très bonne arme.

Le vice-amiral KN Sushil, ancien sous-marinier, a expliqué que « Il n’y a pas de problème à installer une ancienne torpille sur une nouvelle plateforme. Cependant, nous devons nous demander si c’est bien ce que nous voulons. »

Il ajoute que « La Blackshark est une torpille en avance sur la SUT de bien des manières. Il est temps de faire un plein usage de la politique “Make In India” et de devenir un pays autonome dans ce domaine. Nos précédentes tentatives pour fabriquer des torpilles ont échoué dans les années 90. Désormais, le DRDO (Defence Research and Development Organisation) a fabriqué des torpilles qui ne peuvent être lancées que depuis un navire de surface, pas depuis un sous-marin. »

La Blackshark est fabriquée par une compagnie filiale du groupe italien Leonardo Finmeccanica, liée à des accusations de corruption dans le cadre d’un appel d’offres pour un hélicoptère.

Le ministre de la défense, Manohar Parrikar, aurait déclaré qu’il annulerait l’accord et que le ministère avait des alternatives. Des sources confirment que, désormais, la SUT est cette alternative jusqu’à ce qu’un nouvel approvisionnement se matérialise, ce qui pourrait prendre des années.

Source : India Today