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La Marine Brésilienne a choisi HDW-ThyssenKrupp (Allemagne) pour construire un nouveau sous-marin classique et améliorer sa flotte sous-marine.
Mais l’accord négocié pour un montant d’1,4 milliard de $ signifie que l’objectif de la Marine — construire son propre sous-marin à propulsion nucléaire — est repoussé à plus tard.
Les 5 sous-marins Brésiliens sont tous basés sur le modèle U-209 de la même société. Le nouveau modèle U-214 est une version améliorée mais il est loin d’adopter la coque en forme de goutte d’eau d’un sous-marin nucléaire qui peut naviguer pendant des années sans faire surface.
"Du point de vue de la politique et des dépenses publiques, en achetant une chose, vous retardez l’autre," a déclaré Domicio Proenca, un expert militaire de la Rio de Janeiro Federal University.
Des experts militaires indiquent qu’il est improbable que le Brésil essaie d’installer un réacteur nucléaire à bord de l’U-214, bien qu’une telle proposition existe.
Le Brésil, qui dispose d’importantes réserves en uranium, a récemment rejoint un petit groupe de pays qui maîtrisent tout le cycle technologique de traitement de l’uranium et fabriquent du combustible nucléaire. En grande partie, cela a été atteint grâce aux chercheurs de la Marine. La recherche sur la bombe nucléaire est proscrite par la Constitution.
Dans une réponse écrite à Reuters, la Marine a indiqué que des années de sous-financement d’un programme de la Marine pour le développement d’un réacteur nucléaire pouvant équiper un sous-marin ont mené au "report progressif" de la date de mise en service d’un projet de sous-marin nucléaire complet.
Les problèmes de financement sont si pressants que, en mai dernier, le chef de la marine, l’amiral Roberto de Guimaraes Carvalho, s’est adressé dans un journal à la compagnie pétroilère publique Petrobras, déclarant que pour protéger ses champs pétroliers offshore, la compagnie pourrait devoir transférer une partie de ses fonds à la Marine afin que cette dernière puisse construire de nouveaux navires.
Dans un premier contrat signé en 1982 avec HDW, le Brésil a acheté un sous-marin directement à l’Allemagne et en a construit sur place 3 autres en utilisant les technologies achetées. Il a amélioré le 5ème lui-même, le plaçant dans une classe à part baptisée Ticuna. Le nouveau sous-marin serait probablement construit aussi au Brésil.
La Marine Brésilienne explique son choix de l’U-214 sur un autre concurrent diesel, le Scorpène, construit par le fabricant français Armaris, par le besoin d’éviter des doublons entre sous-marins d’origines différentes. Il a démenti les articles de presse mentionnant des problèmes de conception sur le U-214 récemment acheté par la Grèce.
L’accord, financé par des banques européennes menées par ABN-Amro, comprendra la construction d’une acierie de ThyssenKrupp à Rio de Janeiro comme bonus pour la partie Brésilienne.
"C’est une situation complexe et contradictoire. Tactiquement, le Brésil devient plus compétent avec ce nouveau sous-marin, mais stratégiquement, il retarde peut-être pour des décennies la possibilité de maîtriser une technologie dont il dispose déjà presque," a déclaré Eurico de Lima Figueiredo, un autre éminent expert militaire.
"Les puissances étrangères doivent être heureuses, mais est-ce dans l’intérêt du Brésil ?" a-t-il demandé.
Il a cité des sources militaires indiquant que la Marine Brésilienne n’avait besoin que de 600 millions de $ pour finir le prototype de sous-marin nucléaire avec une coque adaptée, soit moins de la moitié de ce qui va être dépensé pour le U-214.
"Beaucoup d’officiers désapprouvent cet accord," a indiqué Figueiredo.
Il a déclaré que, malgré l’absence d’une menace concrète de guerre, le Brésil a besoin de sous-marins à propulsion nucléaire pour dissuader un éventuel agresseur.
"Vous devez rendre le rapport cout-bénéfice d’une éventuelle attaque très défavorable. C’est de cette manière que les grandes puissances réfléchissent," a-t-il ajouté.
[(Article reproduit avec l’aimable autorisation de Reuters. Tous droits réservés.)]
Source : Reuters
