Le Canada et le Royaume-Uni ont marchandé quelques jours avant

  • Dernière mise à jour le 23 octobre 2004.

Le Canada et le Royaume-Uni ont marchandé dans le plus grand secret sur l’état du HMCS Chicoutimi et la manière de le réparer presque jusqu’au jour du transfert officiel de pavillon.

Un rapport préparé le mois dernier pour le ministre de la Défense Bill Graham indique une "discution sur le contrat" concernant le transfert.

Le document, obtenu par la Presse Canadienne grâce à la loi sur l’accès à l’information, montre qu’Ottawa poussait les Britanniques à assumer les coûts croissants de réparation de la coque rouillée du sous-marin de près de 20 ans.

Le gouvernement Britannique a accepté de payer une somme non précisée pour réparer la coque juste quelques jours avant que le HMS Upholder ne soit rebaptisé HMCS Chicoutimi le 2 octobre, a déclaré un porte-paroles du ministère canadien de la Défense.

Même si l’accord n’a aucun lien direct avec l’incendie mortel du 5 octobre, il confirme les déclarations de certains officiels de la marine canadienne qui ont décrit comme un "cauchemar" la réactivation du sous-marin après 10 ans passé sous cocon.

Le sous-marin avait les échappements moteur fissurés, les pompes de turbine endommagées, des fissures, des pannes de moteur, des problèmes sur le système de production d’oxygène, et une coque rouillée qui interdisait les plongées profondes.

Le Chicoutimi est le dernier des quatres sous-marins diesel-électriques que le Canada a acheté à la Grande-Bretagne. Il a fallu 4 ans pour le remettre en état, soit plusieurs mois de retard entrainé par la nécessité de réparer la coque épaisse rouillée.

Malgré les problèmes, la marine a insisté jusqu’après l’incendie d’origine électrique qui a tué le Lieut. Chris Saunders que le sous-marin était sûr et pouvait prendre la mer avant la cérémonie de transfert.

Dans le document, les officiels de la marine étaient très prudents sur les causes de la dispute et ont averti le ministre que "la question pourrait poser quelques problèmes avec les médias."

Toute précision au sujet de la protection anti-rouille pourrait mener à une publicité négative et "pourrait impliquer que le Canada avait reçu un produit de moins bonne qualité, quelque soit le montant de la compensation financière éventuellement négociée."

"Il faut comprendre que la corrosion a été arrêtée et réparée et que le sous-marin est parfaitement apte au service opérationnel," indiquait un brouillon daté du 14 septembre et signé par des officiels de la marine.

Ce qui restait à négocier, indiquait le document, était la question de savoir qui devrait payer pour "les coûts additionnels" de maintenance.

Un porte-paroles du ministère de la Défense a déclaré qu’un accord avait été obtenu avec les Britanniques pendant que les Canadiens menaient une inspection finale, juste avant le transfert.

"C’était une question en suspend," a déclaré le porte-paroles Jeremy Sales dans une interview depuis Ottawa. "Néanmoins, elle a été résolue et les Britanniques ont payé la surveillance de la corrosion de la coque."

Comme les sous-marins passent la majorité de leur temps en mer complètement, ou partiellement, entourés d’eau salée, les efforts pour maintenir la corrosion sont une question importante qui nécessite la mise en place d’anodes en zinc sur la coque à des endroits stratégiques.

Les anodes agissent comme un aimant sur la rouille, l’empêchant de s’attaquer à la coque, a déclaré Ken Collins, l’ancien chef de projet chez BAE, la compagnie britannique qui a construit et remis en état les sous-marins canadiens.

Juste après la tragédie du Chicoutimi, des politiciens canadiens ont répété qu’Ottawa pourrait porter plainte contre la Grande-Bretagne.

Mais ni le premier-ministre Paul Martin ni Graham n’ont précisé sur quelles bases légales une plainte pourrait être déposée.

Le rapport indique uniquement les différences de position contractuelle entre les deux pays. Sales indique que les questions sur les bases légales d’une plainte devait être adressées directement au ministre de la Défense.

Martin a abordé la question des sous-marins avec le premier minsistre britannique Tony Blair au sommet de la gouvernance progressiste la semaine dernière en Hongrie.

La marine canadien mène une enquêtre sur l’incendie. En parallèle, une commission d’enquête du Parlement, impliquant tous les partis politiques, mènent l’enquêtre sur l’achat par la marine des sous-marins de seconde main aux Britanniques pour 750 millions de $ canadiens.

Source : The National Post (Canada)