La gestion du projet indien Scorpène remise en cause

  • Dernière mise à jour le 16 avril 2013.

Alors que le projet de construction de sous-marins Scorpène par le chantier naval indien Mazagon Dock Limited (MDL) de Mumbai connait de nouveaux retards, de sérieuses questions sont soulevées sur la manière dont l’un des plus importants projets de défense en Inde est géré.

Lundi, Times of India rapportait que le projet de sous-marins Scorpène était retardé de 18 mois supplémentaires, et que le premier sous-marin ne serait prêt pour sa mise en service que seulement à la fin 2016. L’article indiquait aussi que les consultants espagnols travaillant sur le programme au chantier naval MDL étaient partis le mois dernier, après que MDL ait raté l’échéance pour le renouvellement de leur contrat.

Plusieurs développements entourant le projet soulèvent maintenant des questions concernant la manière dont ce projet de plusieurs milliards € est géré.

Selon certaines sources, cette mauvaise gestion est parfaitement illustrée par la manière dont MLD a traité le transfert des données de conception, plusieurs jeux de CD contenant les caractéristiques du sous-marin et les technologies afférentes. Quelque 30% du montant du contrat correspondait au transfert de technologies, symbolisé par ces jeux de CD.

Bien que 4 jeux, sur un total de 6, aient déjà été remis à MDL, aucun n’a encore été ouvert, parce que la licence du logiciel CAD 5 — nécessaire pour exploiter les données se trouvant sur les CD — n’a pas encore été achetée par MDL.

Bien que des consultants de DCNS aient conseillé à MDL dès 2006 d’acheter une presse de 2.000 t pour plier les plaques d’acier épais, fournies par ArcelorMittal, afin de constituer la coques des sous-marins, MDL ne l’a achetée qu’en 2011. Mais à ce moment, le contrat de pliage des plaques d’acier avait déjà été externalisé. La presse se trouve donc sur le chantier MDL, inutile, sans aucun acier à plier puisque toutes les coques de sous-marins ont déjà été fabriquées.

Au moins 2 sources proches du projet soulèvent des questions sur la façon dont le directeur de projet chez MDL, le Commodore Gopal Bharti, a été autorisé à prendre une retraite anticipée. Bharti ferait l’objet d’une plainte pour des irrégularités.

Des enquêtes ont aussi révélé des problèmes plus systémiques dans la manière dont le projet est géré. Par exemple, MDL avait signé un contrat de 65 millions € avec DCNS et Navantia pour des “équipes de conseil et de supervision”, contrat qui s’est terminé le 15 mars 2013. Durant la période où ces consultants se trouvaient à Mumbai, au lieu de se concentrer sur les finitions du premier sous-marin, y compris son équipement, comme il était prévu au contrat, c’est la construction des 6 coques qui a été entreprise.

Maintenant que l’équipe espagnole a quitté le projet, et que les Français de DCNS devraient exiger plus d’argent, MDL est virtuellement à leur merci, parce que seulement 30% environ du contrat a été effectué. La majeur partie de l’équipement reste à faire, et pour cela, les experts sont indispensables.

Source : Times of India