Les cartes de l’US Navy ne sont pas àjour

  • Dernière mise à jour le 6 novembre 2005.

Les marins du San Francisco, un sous-marin nucléaire d’attaque, venaient juste de terminer le poste de propreté samedi dernier alors qu’il naviguait à150 mètres sous la surface du Pacifique Sud. Les sous-marins avancent en aveugle, entendant juste les sons émis par les dangers. Et pour le commandant et les autres officiers, selon les cartes de navigation, tout semblait clair.

Soudain, il y eu un horrible grincement. Et, selon un e-mail écrit par un membre de l’équipage, l’intérieur du sous-marin ressemblait à une scène du film "The Matrix." Il écrit que "tout bougeait au ralenti, s’est mis à flotter, puis à voler vers l’avant plus vite que le cerveau ne peut l’analyser."

Le sous-marin venait de heurter une montagne sous-marine qui n’apparaissait pas sur les cartes. Maintenant, des responsables du ministère de la Défense annoncent qu’ils viennent de découvrir une image sattellite prise en 1999 qui montre une montagne sous-marine à peut-être 30 mètres sous la surface à cet endroit.

Mais les cartes de navigation fournies par la Navy n’avaient jamais été mises à jour pour montrer l’obstacle, ont-ils reconnu, en partie parce que l’agence de la défense qui les crée n’a jamais eu les ressources suffisantes pour utiliser systématiquement les données des sattellites.

Ces responsables indiquent que les cartes présentes à bord, préparées en 1989 et jamais corrigées, ne montraient aucun obstacle à moins de 7 km du point de l’accident, qui a tué un marin et blessé plus 60 autres. Ils ajoutent que la collision s’est produit dans une région si isolée — 550 kilomètres de Guam — que mettre à jour le relief sous-marin n’a jamais eu une très haute priorité.

Les erreurs de cartographie illustrent aussi ce qui, pour beaucoup d’experts, n’est pas seulement un danger pour les sous-marins mais aussi pour beaucoup de navires de surface.

Des données obtenues grâce aux sattellites commerciaux montrent que beaucoup de cartes marine, dont certaines s’appuyent encore sur des données remontant à l’époque de la navigation aux étoiles, sont erronées.

Et certains scientifiques demandent un plus grand usage des données de sattellites pour fixer plus précisément le relief sous-marin, les îles et même les limites des continents et pour cartographier de larges portions des océans à propos desquels on en sait finalement très peu. Des spécialistes précisent que la couleur de l’eau peut fournir des indications sur la profondeur de l’océan.

Les dernières informations obtenues montrent que, selon les cartes disponibles à bord, la route suivie par le sous-marin était dégagée. Mais d’anciens commandants de sous-marins disent que les enquêteurs vont probablement s’interroger pour savoir s’il était prudent de naviguer à une telle vitesse, 30 noeuds, compte-tenu de l’âge des cartes.

L’e-mail écrit par le marin a été envoyé à plusieurs personnes impliquées dans les sous-marins, et circule dans la communauté des sous-mariniers, l’un d’entre eux en a fourni une copie au New York Times.

Le marin écrit que la collision a gravement endommagé l’avant du sous-marin. Il ajoute que plusieurs marins ont subi "de graves blessures à la tête," et que certains dans la salle des machines ont été projetés contre "des arêtes vives et mettalliques."

Source : New York Times