Un sous-marin britannique aurait effectué un raid dans les eaux soviétiques en pleine Guerre Froide

  • Dernière mise à jour le 12 octobre 2012.

Le sous-marin nucléaire britannique qui a coulé le croiseur argentin Général Belgrano pendant la guerre des Falklands, aurait effectué, seulement quelques semaines plus tard, une mission encore plus dangereuse dans les eaux soviétiques.

En 1982, le sous-marin nucléaire britannique HMS Conqueror aurait pisté à quelques centaines de m, un chalutier espion, officiellement à la limite des eaux territoriales soviétiques, en mer de Barents.

A l’époque, ces chalutiers espions “péchaient” de l’information au large des bases navales ou à proximité des zones où se déroulaient des exercices de l’OTAN.

Le chalutier pisté par le HMS Conqueror avait 2 particularités : il battait pavillon polonais et il remorquait derrière lui une antenne sonar remorquée de presque 4 km de long. Il s’agissait de la dernière technologie soviétique en matière de détection sous-marine, et la mission du Conqueror était de la voler. Pour cela, il avait été équipé de pinces coupantes, fournies par les Américains, pour découper le câble d’acier qui la reliait au chalutier. Cette opération audacieuse portait le nom de code d’Opération Barmaid.

Durant les années 50 et 60, les technologies occidentales surpassaient, et de loin, celles de l’Union Soviétique. Mais dans les années 70, la marine soviétique rattrapait son retard. Ses sous-marins devenaient plus silencieux et rapides, et adoptaient un comportement plus agressif : pistant un sous-marin occidental, ils se démasquaient et envoyaient une émission sonar active, indiquant par là à sa cible « Si nous étions en guerre, vous seriez morts ».

Une antenne sonar remorquée flotte à l’immersion prescrite, trainant derrière un navire ou un sous-marin. Elle est moins vulnérable au bruit du navire qu’elle équipe. A l’époque, les Occidentaux se croyaient loin devant dans ce domaine et ont été très surpris de découvrir que les Russes les avaient rattrapé.

A la demande de la CIA, General Dynamics a construit l’équipement nécessaire, qui a été installé sur des sous-marins britanniques. Pourquoi pas sur un américain ?

« Certains Britanniques ont pensé que c’était parce que les sous-mariniers britanniques étaient meilleurs, parce qu’ils ne respectaient pas toujours les règles, comme les Américains, » indique Prebble, un journaliste.

« D’autres, plus cyniques peut-être, croient que, si un sous-marin britannique était surpris, les retombées diplomatiques seraient moins graves que si un sous-marin américain était impliqué. Personne ne voulait provoquer une confrontation entre Super-Puissances. »

Il n’est pas facile de couper une antenne sonar remorquée, tout en faisant croire que la perte est accidentelle. Avant le Conqueror, le HMS Churchill a fait une tentative. Il a été endommagé et subi une attaque de grenades sous-marines. Le Conqueror avait effectué 2 tentatives, en mer de Barents et en Méditerranée, avant la réussite du mois d’aout.

Pour réussir la mission, le sous-marin devait s’approcher en plongée, par l’arrière, puis remonter presque sous le navire. L’hélice du chalutier était à quelques m de la coque du Conqueror. La moindre erreur et la collision était inévitable. Les pinces sont entrées en action et l’antenne a été découpée. Puis le Conqueror s’est éloigné, trainant l’antenne sur son flanc.

Aucun membre d’équipage n’a voulu donner la position précise du Conqueror, mais certains pensent qu’il se trouvait dans les eaux territoriales soviétiques, à seulement 3 nautiques de la côte. Une fois en sécurité, le Conqueror a envoyé des plongeurs pour remonter l’antenne et la fixer sur le pont.

Les Britanniques n’ont jamais su si l’équipage du chalutier avait remarqué quelque chose.

Dès que le Conqueror est rentré au port, l’antenne a été envoyée par avion dans des laboratoires américains pour y être analysées.

Après l’attaque du Belgrano, beaucoup se sont interrogés sur la disparition du journal de bord du Conqueror. Pour certains, la disparition permettait de cacher certains détails sur l’attaque, comme de savoir si elle a eu lieu dans ou à l’extérieur de la zone d’exclusion. Pour Prebble, le journal de bord a été détruit pour cacher la mission en mer de Barents : c’était une mission “top-secret”.

Source : Daily Telegraph (Grande-Bretagne)