La Marine Australienne forcée de recruter

  • Dernière mise à jour le 29 mars 2006.

La Marine Australienne manque tellement de techniciens et d’ingénieurs pour ses sous-marins, qu’elle a été forcée pour la première fois de recruter directement dans les rues.

Jusqu’à présent, tous les sous-mariniers venaient du reste de la Marine.

Alors que le commandant de la Marine Australienne, le contre-amiral Davyd Thomas, a déclaré qu’il avait en ce moment assez de personnel pour embarquer sur les sous-marins, il a ajouté que la Marine avait des difficultés de recrutement dans certains domaines. La Marine change donc sa politique de recrutement des sous-mariniers et va "recruter directement dans les rues", a indiqué l’Amiral Thomas.

La semaine dernière, l’équipage du HMAS Dechaineux, l’un des 6 sous-marins australiens de la classe Collins, a invité le Herald à bord dans le cadre de la volonté de la Marine d’attirer plus de sous-mariniers, connu comme le "silent service".

Ils sont l’élite de la Marine, et leur monde est généralement très secret.

"Normalement, nous les prenons à l’intérieur de la Marine," a déclaré l’amiral. "Ils sont entrés dans la Marine. Certains d’entre eux ont juste fait leur formation au recrutement, été en mer pour une petite période, puis sont transférés sur les sous-marins.

"Maintenant, vous pouvez venir, vous engager dans la Marine et dire : « Je veux être sous-marinier ». Ils subissent la formation au recrutement, la spécialité puis directement vers les sous-marins."

Un monde sous-marin
Le matelot Centa àbord du HMAS Dechaineux.

Le matelot Gina Centa connaît tout sur la vie à bord d’un sous-marin. Elle est l’une des 4 femmes faisant partie des 45 membres d’équipage du HMAS Dechaineux.

En 2003, le sous-marin a failli couler, à cause de la défaillance d’un flexible dans la salle des machines - juste un chapitre de son histoire chequered.

La classe Collins est généralement considérée, désormais, comme les meilleurs sous-marins non-nucléaires au monde.

Mais ils avaient acquis en 1998, la peu flatteuse réputation de "sous-marins boiteux" après qu’un rapport secret de l’US Navy ait indiqué qu’ils étaient "aussi bruyants qu’un concert de rock sous l’eau ".

Construire les sous-marins a aussi été un exercice coûteux.

Evalué à l’origine à 5 milliards de $, le coût du projet a explosé à plus de 6, dont 400 millions pour un nouveau système de combat et 465 millions pour de nouvelles torpilles plus lourdes et de nouveaux supports de torpilles.

C’est parmi les torpilles que les sous-mariniers en formation doivent dormir pour la nuit.

Le matelot Centa, 25 ans et originaire de Perth, est mieux lotie : elle dort dans la seule cabine de 6 places, réservée au personnel féminin.

Il y a aussi 4 cabines masculines, avec le commandant, le Lieutenant-Commander Phil Stanford, le seul sous-marinier à bord à avoir une cabine privée.

Le matelot Centa fait du quart au poste central du Dechaineux, où elle surveille le système des ballasts du sous-marin, l’immersion et le système hydraulique.

Avant de devenir un « sous-marinier », elle a navigué pendant 2 ans sur un navire de surface.

Mais pour le matelot Centa, le plus dur n’est pas la vie à bord d’un sous-marin, de faire du quart, de dormir, de manger ou de s’entraîner dans un espace aussi confiné, mais d’être "reconnue comme égale dans un monde dominé par les hommes ".

"Je pense, de mon point de vue, qu’il est dur d’être acceptée," indique-t-elle. "Mais, aussi longtemps que je descends à bord et que je fais mon travail, c’est OK."

L’autre difficulté est le manque de contact avec la famille et les amis à la maison, raconte-elle. On ne peut recevoir aucun email ni aucun appel téléphonique au fond de l’océan.

Source : Sydney Morning Herald - Sydney, Australie