L’acheteur indien du Clémenceau met Greenpeace au défi de prouver ses dires

  • Dernière mise à jour le 27 janvier 2006.

L’acheteur indien du porte-avions français désarmé Clémenceau, qui se dirigé vers l’Inde pour être démoli, a mis au défi le groupe écologiste Greenpeace d’apporter des faits prouvant que le désamiantage de navires aux chantiers d’Alang a entraîné des asbestoses ou des cancers parmi les travailleurs.

Le propriétaire de Shri Ram Vessels, Mukesh Patel, a accusé le groupe écologiste d’effectuer "une campagne de désinformation" pour empêcher l’entrée du porte-avions. "Je les mets au défi de prouver leurs dires en donnant les noms et en donnant les détails sur les travailleurs qui auraient eu une asbestose ou un cancer pour avoir travaillé sur les chantiers de démolition d’Alang," a-t-il déclaré.

"Nous avons des rapports de la Croix-Rouge et d’autres organisations de santé pour prouver qu’il n’y aucun cas connu de maladie liée à l’amiante ou de cancer dans les chantiers de démolition d’Alang et toutes les craintes exprimées sont sans fondement puisque nous prenons toutes les précautions pour protéger les travailleurs de l’amiante présent sur les navires," a-t-il déclaré par téléphone à l’agence PTI.

Vidhyut Joshi, ancien vice-chancelier de l’université de Bhavnagar qui a effectué une étude détaillée des problèmes associés à l’industrie de démolition des navires, a déclaré que "le procédé utilisé pour la démolition des navires pollue la terre, la mer et l’air."

Selon Joshi, l’une des formes les plus dangereuses de pollutions est celle créée par le retrait de l’amiante présent sur tous les navires. L’inhalation des poussières d’amiante entraîne sur le long terme l’asbestose — une maladie chronique des poumons.

Le porte-avions Clémenceau de 27.000 tonnes, a été acheté par Shri Ram Vessels, situé dans le chantier de démolition et de recyclage d’Alang, dans le district de Bhavnagar, qui forme le coté ouest du Golfe de Cambay.

L’acheteur du Clémenceau a indiqué qu’“au lieu de lancer des allégations que des travailleurs meurent de l’asbestose et du cancer, Greenpeace devrait indiquer les noms de ces travailleurs et le détail de là où ils ont travaillé.” Patel prétend que le groupe écologiste agit à la demande urgente des grandes sociétés de l’acier pour tuer le chantier de démolition de Alang Sosiya Ship de Gujarat puisqu’il est considéré comme le plus grand du monde.

Admettant que l’amiante est une substance dangereuse, Patel a déclaré que le bureau maritime du Gujarat, le Gujarat Maritime Board, a déjà construit des installations pour l’élimination des déchets dangereux et que, par conséquent, il n’y avait aucun besoin d’être inquiet à ce sujet.

Le chantier Alang Ship Recycling Yard permet à 40.000 personnes de survivre. Il a reçu environ 4.200 navires et peut produire environ 3 millions de tonnes d’acier.

Harsh Parmar, le secrétaire de l’association des chantiers de démolition de Sosiya, a déclaré "c’est malheureux qu’autant de cris et de disputes soient basés sur une information partielle. Lorsque le navire a été décontaminé selon la convention de Bâle, quel est l’intérêt de l’empêcher d’arriver à Alang en Inde" ?

Le porte-avions Clémenceau a quitté la France le mois dernier après que la justice ait ordonné à Greenpeace de rester loin du navire.

Le navire a été amarré dans le port militaire de Toulon pendant 7 ans avant de se diriger vers l’Inde. Depuis qu’il a été désarmé en 1997, la propriété du Clémenceau est passée de la Marine Française à l’Etat Français.

Le navire se dirige vers le chantier de démolition d’Alang où il apporte 27.000 tonnes d’acier ainsi qu’entre 40 et 50 tonnes d’amiante dangereuse.

Greenpeace demande que les navires en fin de vie soient traités comme n’importe quel autre matériel toxique selon la convention de Bâle qui interdit le tranfert des déchets toxiques d’un pays à un autre.

La convention de Bâle a été mise en place sous l’égide du programme d’environnement des Nations Unies en 1992 avec le but express de minimiser la génération et les mouvements transfrontaliers de déchets dangereux.

Source : Deccan Herald, Inde