Des sous-marins britanniques ont navigué jusqu’à 2 ans avec un grave problème de sécurité

  • Dernière mise à jour le 4 mai 2010.

Deux sous-marins britanniques, le Turbulent et le Tireless, ont navigué avec des vannes de sécurité bloquées, ce qui aurait pu conduire à une explosion catastrophique, révèle un document du ministère de la défense.

Des vannes de sécurité, destinées à relâcher la pression des générateurs de vapeur en cas d’urgence, étaient complètement bloquées lorsque les sous-marins nucléaires d’attaque Turbulent et Tireless ont quitté le port.

Le problème a mis 2 ans pour être détecté sur le HMS Turbulent. Pendant ce temps, le sous-marin a navigué en Atlantique, et fait escale à Bergen (Norvège), Lisbonne (Portugal) et à la base sous-marine britannique de Faslane, en Ecosse.

Il a fallu plus d’un an pour que le problème soit détecté sur le HMS Tireless. Ce n’est que le mois dernier qu’il a été découvert, plus de 2 mois après qu’il ait commencé des essais à la mer depuis Devonport.

Le document du ministère de la défense, qui a été rédigé la semaine dernière, reconnait que les 2 cas de vannes bloquées constituent un "sérieux incident" qui soulèvent de graves questions sur les procédures de sécurité "faibles et ambiguës" en vigueur au chantier naval de Devonport et au sein de la Royal Navy.

L’impossibilité de manœuvrer ces sectionnements de coque auraient interdit, en cas d’incident, une décharge de vapeur du circuit secondaire et provoquer un montée en pression du circuit potentiellement désastreuse.

Pour John Large, un consultant en sécurité nucléaire : "Il s’agit d’une défaillance très grave. Ces 2 sous-marins n’auraient jamais dû prendre la mer. C’était une situation très périlleuse."

Il explique que le blocage de ces vannes ressemble à bloquer la soupape d’une cocotte-minute. Si la pression était montée à des niveaux dangereux, le circuit de vapeur du sous-marin aurait explosé, laissant [éventuellement] s’échapper de la radioactivité dans le sous-marin et entrainant l’arrêt du réacteur. "Il aurait pu y avoir des blessés ou des morts," explique Large. "C’est un oubli inadmissible."

Le document du ministère, qui a été distribué à des milliers de responsables, de marins et de travailleurs civils des bases de Devonport et Faslane, admet que les incidents auraient pu être évités et que les procédures de sécurité sont sérieusement défaillantes.

"Malgré plusieurs niveaux de sécurité, personne n’a su identifier et corriger les problèmes" avant que les sous-marins ne quittent le chantier. Il ajoute que les procédures de sécurité seront remises à plat.

Selon le document, le problème est survenu lorsque les vannes de coque ont été remplacées par "des dispositifs d’essai" lors de maintenance et de réparation au chantier de Devonport. Ces dispositifs d’essai sont destinés à mener des essais de fuite et de résistance, à l’intérieur du sous-marin, des tuyaux de décharge de vapeur.

Ils auraient dû être retirés avant que les sous-marins ne quittent le chantier pour commencer leurs essais en mer, avant de partir en patrouille.

Les réacteurs des 2 sous-marins ont été allumés et utilisés en opération "sans protection contre les sur-pressions du circuit de vapeur", indique le document.

Source : The Gardian (Grande-Bretagne)