Après l’échec du Bulava, la Russie doute de son programme de missiles

  • Dernière mise à jour le 18 juillet 2009.

La modernisation de l’arsenal russe de missiles hérités de l’ère Soviétique a subi un revers majeur avec l’échec du lancement d’un missile balistique, sensé être la nouvelle fierté de ses forces nucléaires.

Le missile balistique Bulava a maintenant connu des échecs lors de plus de la moitié de ses 11 lancements. Le dernier essais a été particulièrement désastreux puisqu’il a explosé avant même la fin du premier étage.

Le ministère russe de la défense a confirmé le 16 juillet que le missile Bulava avait explosé après son lancement depuis le SNLE Dmitry Donskoy au large du Nord de la Russie "à cause d’une défaillance du 1er étage."

C’est le 6è échec sur 11 essais. ITAR-TASS précise que le vol a seulement duré 28 petites secondes.

"C’est un gros revers qui met en doute la validité de la dissuasion nucléaire," explique l’analyste indépendant, Pavel Felgenhauer. "Cette fois, c’est le premier étage. Ce n’est pas bon."

"Bien sûr, les armes nucléaires ont une fonction dissuasive. Si elles ne fonctionnent pas, mais que vous prétendez qu’elles le font, alors elles peuvent encore assurer cette fonction dissuasive. Mais ici, avec le Bulava, nous pouvons même pas le cacher," a-t-il ajouté.

Une source gouvernementale a reconnu selon Interfax que c’était mauvais que le problème soit survenu dans le 1er étage parce que "nous pensions que celui-ci fonctionnait correctement."

La source a indiqué qu’il n’était pas envisagé d’abandonner le projet. "Je pense que la situation n’est pas sans espoir. Aucun test de nouveau missile ne se déroule sans que des problèmes surviennent."

"Cet échec révèle le sérieux problème que rencontre la Russie dans le remplacement des systèmes stratégiques hérités de l’Union Soviétique. Cela place la Russie dans une situation où son statut de super-puissance nucléaire est remis en cause,"explique Felgenhauer.

Pour l’expert Joseph Henrotin, il y a un "problème fondamental de conception" avec l’idée d’adapter un missile terrestre comme le Topol-M pour un lancement depuis un sous-marin.

Les problèmes techniques ont été aggravés par le départ à la retraite de nombreux ingénieurs russes et le manque de financement depuis la fin de la Guerre Froide, explique Henrotin.

Source : Defense News (Etats-Unis)