Des cuisiniers en or

  • Dernière mise à jour le 9 juin 2009.

La pénurie de personnel dont souffre la force sous-marine australienne a des conséquences inattendues : les cuisiniers des sous-marins gagnent plus (environ 160.000 $/an, 7.600 € par mois) que certains amiraux. Cela touche au moral de l’équipage, ce qui est très important à bord des sous-marins. Dans toutes les marines, un des éléments majeurs du moral de l’équipage est la nourriture, et c’est particulièrement vrai à bord des sous-marins.

L’explosion économique qu’a connu l’Australie jusqu’à ces derniers mois, a entraîné une pénurie de personnel qualifié. Pouvoir cuisiner dans l’espace exigu de la cuisine d’un sous-marin exige un cuisinier compétent très bien organisé, disposant de plus des connaissances de base exigées de tous ceux qui embarquent sur les sous-marins.

Mis bout à bout, il n’y a pas beaucoup de personnes en Australie qui disposent de ces 2 ensembles de connaissance. C’est pourquoi, alors que la solde de base pour un cuisinier de la marine australienne est de 47.000 $ (2.230 € / mois), elle augmente rapidement une fois qu’on ajoute les primes de navigation, de sous-marin et d’une fonction difficile à recruter. Il y a 3 cuisiniers sur chaque sous-marin.

La marine australienne dispose de 6 sous-marins classiques, qui sont la pierre angulaire de la puissance navale de ce pays. Et les sous-mariniers australiens ne sont pas heureux, même avec une excellente nourriture. Ils se sentent mal appréciés et surchargés de travail. Beaucoup jugent le travail ennuyeux, et estiment qu’ils passent trop de temps en mer. La moitié des sous-mariniers démissionnent de la marine à la fin de leur contrat.

Par conséquent, la marine australienne n’a assez de sous-mariniers qualifiés que pour faire naviguer la moité de ses sous-marins. Ajoutez à cela des problèmes d’entretien, et un seul des 6 sous-marins est actuellement capable de naviguer.

L’équipage d’un sous-marin est composé de 45 marins, dont 8 officiers.

La réponse initiale de la marine a été d’offrir des primes importantes pour que les sous-mariniers restent dans la marine, et pour attirer de nouvelles recrues volontaires pour embarquer sur sous-marin. Cela a un peu aidé, mais le moral des officiers s’est effondré. Les primes augmentaient la solde des marins à un point tel que des officiers gagnaient moins que la plupart de leurs subordonnés.

Mais malgré cela, il n’y avait pas assez de nouvelles recrues. La force sous-marine est très exigeante sur le niveau des volontaires. C’est pourquoi beaucoup de ceux qui étaient intéressés, n’ont pas réussi à passer les tests ou à terminer les longues périodes de formation. La crise économique actuelle pourrait aider, parce que l’économie australienne était en plein boom, fournissant de nombreuses opportunités pour le type de personnes qui auraient pu se porter volontaires pour les sous-marins.

Les sous-marins australiens de la classe Collins sont très automatisés. L’équipage a donc été réduit à 45 marins. Cependant, la charge de travail de chaque marin est très importante. C’est une raison majeure du problème de moral.

La marine australienne a connu depuis de nombreuses années une sérieuse pénurie de personnel compétent. Avec un effectif total de 13.000 personnes, manquer d’une douzaine de marins dans quelques catégories d’emploi peut avoir des répercutions graves, et c’est ce qui se produit actuellement pour la force sous-marine australienne. Par exemple, il manque à la marine australienne un tiers des officiers mécaniciens dont elle a besoin. Il y a aussi des manques moins graves dans les officiers spécialisés dans les systèmes électriques et les systèmes d’armes. De nombreux navires australiens partent en mission pendant au moins 6 mois de suite, de nombreux marins — et leurs familles — ont du mal à supporter ces contraintes. Surtout quand l’industrie minière vous propose des emplois mieux payés tout en rentrant tous les soirs à la maison.

Malheureusement pour l’Australie, sa position géographique, entourée par des mers très grandes, fait que les navires et les sous-marins doivent subir de longues périodes de transit — en surface pour les sous-marins — avant de rejoindre leur zone d’opérations. Et c’est très ennuyeux de transiter sur des distances aussi grandes. Pour l’instant, il n’y a aucune solution en vue.

Et alors que l’Australie vient de lancer le développement d’une nouvelle classe de 12 sous-marins modernes, elle n’a pas encore trouvé le moyen d’avoir les équipages pour mettre à bord.

Source : Strategy Page (Etats-Unis)