N’est-il pas risqué de réduire les équipages des bâtiments ?

  • Dernière mise à jour le 28 mars 2008.

Depuis des siècles, la tendance générale est àla baisse du nombre de marins embarqués sur un navire. En 1800, il fallait par exemple 700 hommes pour armer un navire de ligne de 74 canons comme le Téméraire, un trois-mâts de 2.900 tonnes et 56 m de long. De nos jours, l’équipage d’une frégate FREMM devrait s’élever à100 ou 120 hommes.

L’objectif poursuivi par cette réduction est clairement financier. Diminuer la taille de l’équipage ne permet pas seulement de réduire les coûts de fonctionnement, que ce soit en salaires ou en nourriture, mais aussi de réduire la taille des emménagements de vie (chambres, chambres froides...).

L’automatisation poussée des nouveaux matériels permet de réduire le personnel nécessaire à sa mise en oeuvre. Lors du séjour du Tonnerre aux Etats-Unis, l’an dernier, les officiers américains avaient été très surpris par le nombre de personnes de quart pendant la traversée (9 si mes souvenirs sont bons).

Pour un navire de taille identique mais avec un équipage réduit, il devient possible d’augmenter l’autonomie et/ou d’embarquer plus de matériels, ce qui augmente les capacités opérationnelles.

Cependant, il ne faut pas oublier que, à bord des navires de guerre, le risque est très important de devoir faire face à une voie d’eau, un incendie ou un autre type de sinistre majeur. A l’heure actuelle, il n’y a aucun élément, autres que les enseignements tirés des précédents, permettant de déterminer le nombre de marins nécessaires pour faire face à un sinistre.

Certains pensent que le matériel de lutte contre les incendies et autres sinistres est devenu suffisamment efficace et robuste. Selon eux, la lutte contre les sinistres et la survivabilité d’un bâtiment n’est remise en cause par une forte réduction de l’équipage.

Néanmoins, les expériences passées nous rappellent que la lutte contre des sinistres, en particulier à la suite d’avaries de combat, peut nécessiter les efforts conjugués et prolongés d’équipages très nombreux pour éviter le naufrage du bâtiment.

Fort heureusement, la marine nationale n’a pas récemment connu de sinistre important. Il faut donc porter notre regard sur l’expérience de l’US Navy dans ce domaine. Dans un passé récent, 2 frégates ont subi des sinistres majeurs : l’USS Stark (touché en 1987 par 2 Exocet irakiens) et l’USS Samuel B. Roberts (a heurté une mine iranienne dans le golfe Persique en 1988). Tous 2 ont été sauvés par de courageux efforts de lutte contre les incendies et les voies d’eau par plus de 200 officiers et marins.

Sur l’USS Samuel B. Roberts, la mine a percé un trou de 5 m de diamètre dans la coque, l’eau a envahi la salle des machines et les 2 turbines à gaz ont été arrachées de leur support. Un livre écrit par Bradley Peniston, No Higher Honor, raconte par le menu comment son équipage a lutté pendant 18 longues heures pour empêcher la frégate de couler.

La question qui se pose est donc de savoir comment un bâtiment qui a un équipage peu nombreux peut, après avoir subi des dégâts importants comme pour ces 2 frégates, espérer lutter pendant de longues périodes pour sauver le navire ? La technologie s’est-elle suffisamment améliorée, à une époque où le blindage des navires a été considérablement réduit ? La réduction des équipages ne menace-t-elle pas la survivabilité des bâtiments ?

Source : Information Dissemination (Etats-Unis)