Verbatim : la ministre s’exprime sur le Bugaled Breizh

  • Dernière mise à jour le 4 mai 2005.

Voici le texte de la question posée et de la réponse. Il s’agit d’un extrait du compte-rendu de l’Assemblée Nationale.

NAUFRAGE DU BUGALED BREIZH

Mme Hélène Tanguy - Le 15 janvier 2004, le chalutier Bugaled Breizh sombrait au large du cap Lizard, suscitant un vif émoi en France - cinq marins ont péri. L’enquête des juges d’instruction du tribunal de grande instance de Quimper s’est d’abord orientée vers la thèse de l’abordage avec un porte-conteneurs. Le cargo philippin Seattle trader disculpé, la décision de renflouer le chalutier a finalement été prise. Je remercie le Gouvernement et le Premier ministre d’avoir débloqué les fonds nécessaires à cette opération, qui a grandement facilité les expertises.

Aucune explication sur l’origine du naufrage n’est cependant avancée à ce jour. La thèse de la collision est aujourd’hui abandonnée au profit de celle d’un « évènement sous-marin ». Les interrogations se portent sur des exercices militaires en cours ou en préparation sur la zone où a eu lieu le drame. Le nom d’un sous-marin, le Dolfjin, a été évoqué. Plusieurs commissions rogatoires internationales - vers la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Norvège - ont été ordonnées.

Nous savons aussi que la France a participé à un exercice de l’OTAN quelques heures après le naufrage. La presse locale et nationale, ainsi qu’un dossier spécial de France 3, ont présenté depuis lors une autre hypothèse : un exercice de la marine anglaise aurait eu lieu au même moment. Récemment interrogé à la Chambre des Communes, le secrétaire d’Etat à la défense a reconnu que douze hélicoptères militaires anglais étaient présents ce jour-là, et qu’un submersible, le Turbulent, était rentré à quai le 16 pour cause de dommages. Les familles réclament de la marine nationale française toute la transparence nécessaire pour qu’aucun indice ne soit occulté. Madame la ministre, au nom de la communauté maritime éprouvée par ce drame, pouvez-vous nous communiquer les informations en votre possession quant aux manœuvres militaires sur zone au moment du naufrage ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP)

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense - Comme ministre de la défense, mais aussi comme élue d’un port de pêche, je partage votre souci de connaître les causes du naufrage du Bugaled Breizh ; et je partage l’émotion et la tristesse de la communauté des gens de mer, et surtout celles des familles. Actuellement une instruction judiciaire est en cours au tribunal de grande instance de Quimper. Soyez assurée que le ministère de la défense apporte et apportera tout son soutien pour éclaircir cette affaire, comme il l’a fait pour remonter l’épave.

Plusieurs hypothèses ont été émises ces derniers mois. Pour ce qui est de l’exercice interallié qui mettait en cause trois sous-marins, les autorités britanniques ont communiqué les positions des submersibles anglais et néerlandais, et les autorités françaises celles du sous-marin français. A la demande de la préfecture maritime de l’Atlantique, les autorités britanniques ont également communiqué les positions de tous les navires et sous-marins à la mer le 15 janvier dans les zones concernées, y compris ceux qui participaient à un exercice naval britannique indépendant de l’exercice interallié. Comme elles l’ont réaffirmé, si elles n’avaient pas communiqué les positions du sous-marin Turbulent, c’est qu’il n’était pas à la mer le 15 janvier : il n’est parti que le 16 au matin, pour rentrer le soir du même jour à la suite d’incidents techniques.

Le choc entre un chalutier du type du Bugaled Breizh et un sous-marin ne passe pas inaperçu. Soyez persuadée de plus qu’il est de l’éthique de toutes les marines de dire tout ce qu’elles savent quand se produit un incident de ce type ; en aucun cas elles ne le cacheraient. Aucune information en ma possession ne me permet donc de suspecter un sous-marin d’être à l’origine du drame. Comme vous, je souhaite ardemment que l’enquête aboutisse au plus vite. Soyez persuadée que le ministère de la défense et toutes les autorités maritimes apporteront tout leur soutien pour parvenir à la connaissance de ce qui s’est passé. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et du groupe UDF)

Source : Assemblée nationale