Lorsqu’un sous-marin a un problème, un bureau de la Navy se met au travail

  • Dernière mise à jour le 27 mai 2008.

Dans un bâtiment de briques rouges quelconque situé à la périphérie de la base navale de Norfolk, une petite équipe d’experts coordonne les tentatives de sauvetage de sous-marins en difficultée partout dans le monde.

Le système de sauvetage de sous-marins de l’OTAN a été installé sur le Harstad, un garde-côtes Norvégien, pour de premiers essais àla mer

L’International Submarine Escape and Rescue Liaison Office [1], plus connu par son acronyme ISMERLO, n’effectue aucun sauvetage héroïque dans les profondeurs où des sous-mariniers bloqués font face à une mort solitaire dans le froid.

Son premier outil est Internet, où il diffuse les informations sur les problèmes de sous-marins, collecte les avis d’experts dans des domaines variés et rassemble le matériel de sauvetage à l’endroit le plus proche du lieu de l’accident.

Il s’agit essentiellement d’une opération logistique, déclare son directeur, le Cmdr. (en retraite) Bill Orr. Mais au cours de ses 4 années d’existence, dit-il, il a montré que gérer la logistique pouvait aider à sauver des vies.

"Chaque fois qu’il y a eu un accident de sous-marin depuis que nous avons ISMERLO, cela a été absolument la clé pour faire que les choses bougent," a déclaré Orr dans un entretien récent.

Le bureau a été créé après le désastre qui a touché le Koursk, un énorme sous-marin nucléaire Russe qui avait coulé en 2000 dans la mer de Barentz après qu’une de ses torpilles ait explosé. Certains des 118 membres de l’équipage ont pû survivre suffisament pour écrire de déchirantes lettres d’adieu. Après cela, la Russie a été accusée d’être tellement obsédée par le secret qu’elle a attendu trop longtemps pour demander de l’aide.

Orr a indiqué qu’il doutait que quoi que ce soit ait pu sauver les hommes du Koursk. Un sous-marin de sauvetage Russe a rapidement atteint le Koursk posé sur le fond — à plus de 120 m de fond — mais n’a pas pû s’y fixer parce que la coque avait été percée et dépressurisée, a-t-il indiqué. Quoi qu’il en soit, indique Orr, le désastre a mis en lumière le manque de coopération internationale dans le sauvetage des sous-marins.

Les Etats-Unis ont depuis longtemps des accords avec leurs alliés de l’OTAN et d’ailleurs pour partager du matériel spécialisé dans le sauvetage des sous-marins, tels que des mini-sous-marins et des véhicules sous-marins télécommandés. Mais ces accords ne garantissaient pas de résultat dans des crises survenant des océans éloignés, indique Orr.

Créer un centre de secours à la pointe de la technique était hors de question, précise-t-il, parce que les accidents de sous-marin sont rares — 8 accidents mortels ont été rapportés dans le monde au cours des 10 dernières années. Par conséquent, la Navy a créé ISMERLO, avec un budget annuel de 700.000 $ et un personnel de 4 : Orr et des officiers de sous-marins d’Italie, de France et de Norvège, détachés avec l’OTAN à Norfolk.

Le bureau a constitué une liste de plus de 30 nations coopérantes, chacune indiquant le matériel de sauvetage qu’elle pourrait fournir, tels que des sous-marins de secours et des véhicules sous-marins télécommandes. Lorsqu’une nation se rend compte qu’un de ses sous-marins est en difficulté, elle le signale dans la partie protégée du site Internet du bureau, et des experts du monde entier envoient par courrier électronique leurs suggestions et leurs offres d’assistance. (La partie non-protégée du site donne un aperçu de l’opération.)

Tout expert peut se connecter et lire le compte-rendu détaillé de la façon dont la crise se déroule. Orr et ses collègues surveillent les réponses et essaient de s’assurer que le matériel nécessaire atteint les lieux.

Il est vital de mobiliser plusieurs systèmes de secours en même temps, si possible, au cas où le premier se révèle inutilisable, indique le Cmdr. Trond Juvik de la Marine Royale de Norvège.

Le bureau de sauvetage des sous-marins a réçu son premier appel seulement 2 semaines après l’inauguration en 2004. Le sous-marin Canadien Chicoutimi naviguait en surface au large de l’Irlande lorsqu’une vague s’est brisé sur le kiosque et a déclenché un incendie d’origine électrique qui a tué un marin et dévasté le sous-marin. L’équipage a éteint le feu, mais le sous-marin devait être remorqué vers le port. Le groupe d’Orr a participé à l’étude d’une méthode efficace de remorquage, a-t-il indiqué.

Un test plus difficile est survenu en août 2005, lorsque le mini-sous-marin Russe AS-28 s’est pris dans des câbles et des filets de pêche par 210 m de fond dans l’océan Pacifique au large de la côte éloignée de la péninsule du Kamchatka Russe. L’équipage de 7 personnes ne pouvait pas sortir du sous-marin et nager vers la surface sans être écrasé par la pression, et sa réserve d’air s’épuisait rapidement. Cette fois, la Russie a rapidement demandé de l’aide.

Les Britanniques ont immédiatement chargé un véhicule télécommandé avec des bras robotisés dans un avion cargo et l’ont envoyé vers l’aéroport le plus proche au Kamchatka. En route, les Britanniques se sont rendus compte que l’aéroport n’avait pas de chariot élévateur pour décharger le matériel de l’avion. ISMERLO a localisé le bon modèle de chariot au Japon et s’est organisé pour qu’un avion Américain le transporte.

Le chariot élévateur est arrivé moins de 2 heures après que l’avion Britannique se soit posé. L’équipement Britannique a libéré le mini-sous-marin. Lorsqu’il a fait surface, 3 jours après s’être pris dans les filets, il restait moins de 6 heures d’air à l’équipage.

Sans une action rapide pour le chariot élévateur, raconte Orr, "cela aurait pu être une journée véritablement mauvaise."

Le plus récent appel à ISMERLO est arrivé en mars dernier, lorsque le sous-marin Américain San Juan n’a pas pris contact comme prévu, faisant naitre des craintes qu’il n’ait des difficultés. Le sous-marin a fini par prendre contact le lendemain.

Notes :

[1Bureau de liaison international pour le secours et le sauvetage de sous-marins.

Source : WMBB (Etats-Unis)