Après la perte du port de Tartous, la Russie n’a plus aucun sous-marin classique en Méditerranée

  • Dernière mise à jour le 6 janvier 2025.

La chute du régime d’Assad en Syrie dans les dernières semaines de 2024 continue d’avoir des répercutions dans le système militaire de la Russie. La marine russe ne peut plus utiliser la base navale de Tartous, ce qui affecte la possibilité de maintenir des forces en Méditerranée. La présence de la marine russe y est la plus faible depuis avant l’invasion de l’Ukraine en 2022.

En particulier, la Russie n’a plus aucun sous-marin en Méditerranée. Le dernier l’a quitté le 2 janvier. Il est possible qu’il y ait un sous-marin nucléaire, mais les spécialistes considèrent que c’est improbable.

Sous le couvert de la nuit, le 2 janvier, le sous-marin Novorossiysk (B-61, classe Kilo Improved) s’est discrètement glissé dans le détroit de Gibraltar. Comme lors des transits de routine vers la mer Baltique, le passage a été effectué en surface. Ce transit a été confirmé le 4 janvier par la marine portugaise.

La présence continue de sous-marin est intenable

Pendant près d’une décennie, la Russie a maintenu une présence sous-marine en Méditerranée pratiquement en continue. L’escadre permanente russe en Méditerranée actuelle a été constituée en 2013 et a systématiquement comporté un ou plusieurs sous-marins de la classe Kilo, avec des déploiements qui se chevauchaient. Si les historiques montrent qu’il y a eu un bref intervalle à la fin 2023, en général, il y a toujours eu au moins un sous-marin russe en Méditerranée.

Ils étaient basés à Tartous, mais, depuis le 3 décembre 2024, aucun sous-marin n’y a fait escale. La perte de cette base signifie qu’un sous-marin déployé en Méditerranée devrait rester en mer, avec la possibilité de seulement effectuer de brèves escales dans des ports amis. En pratique, les sous-marins classiques russes passent la majeure partie de leur temps au port, même lorsqu’ils sont déployés. Cela rend intenable la présence permanente de sous-marins russes en Méditerranée.

Des problèmes avec le sous-marin de relève ?

Le sous-marin qui devait remplacer le Novorossiysk, s’il doit y en avoir un, se trouve toujours en mer du Nord, attendant le transit vers la Méditerranée. Ce sous-marin de la classe Improved Kilo, dont on pense qu’il pourrait être le Krasnodar (B-265) ou le Mozhaisk (B-608), a été observé le 31 décembre 2024 quittant la mer Baltique. Habituellement, le sous-marin aurait poursuivi, mais il semble y avoir quelques retards et, à ce jour, le sous-marin n’a pas encore été signalé dans la Manche. Il est possible que ce soit lié à la situation en Méditerranée mais une explication plus probable semble être un problème avec le sous-marin ou un de ses bâtiments d’escorte.

Les implications

La base navale russe de Tartous a été un élément clé de l’influence politique et militaire russe au Moyen-Orient et en Afrique. La réduction de la présence de bâtiments de guerre et de sous-marins en Méditerranée va probablement réduire cette influence.

La Russie pourrait chercher à remplacer Tartous par une autre base. Certains ont évoqué la possibilité que la Russie négocie un accord avec le nouveau gouvernement pour conserver la base, mais il n’y a aucun signe sur le terrain de cela.

Différentes possibilités ont été évoquées, comme Benghazi, Tobrouk ou Al Burdi. Ces villes de l’est de la Libye sont contrôlées par Khalifa Haftar qui est soutenu par la Russie. Aucun accord de ce type n’a cependant été confirmé et il n’y a aucun signe d’aménagement dans ces ports pour accueillir des sous-marins. Et tout accord conclu avec Haftar pourrait être remis en cause après la mort de cet homme de 81 ans.

Les efforts de la Russie pour conserver une présence sous-marine en Méditerranée sont aussi symptomatiques de sujets plus larges. La marine russe est surchargée depuis l’invasion en 2022 de l’Ukraine et connait des problèmes de maintenance. Des ressources significatives ont probablement été redirigées vers la guerre en Ukraine. Et dans le même temps, l’économie russe fait face à des vents contraires. Il est peu probable que la Russie puisse conserver une présence sous-marine régulière en Méditerranée dans un avenir prévisible.

Source : Naval News (Etats-Unis)