La Marine Nationale - Aéronavale fera une nouvelle (…)
Dans l’attente imminente de le commande officielle du (…)
© Aviation Week
Le bruit des héliocoptères manoeuvrant au-dessus du pont du Mistral (22.000 tonnes, 199 m de long) accompagne notre bref voyage depuis la plage, secoués à bord d’un engin de débarquement transportant des véhicules blindés et des légionnaires du 2è Régiment Etranger d’Infanterie de la Légion Etrangère.
Nous glissons facilement à l’intérieur du radier du bâtiment dans un nuage de fumée bleue laissée par les véhicules pendant qu’ils montent la rampe arrière (il y a aussi des rampes latérales). Le radier peut accueillir 2 LCAC [1] “bien que la France n’en ait aucun, mais pour des raisons d’interopérabilité, nous devions pouvoir les accueillir,” explique le commandant Gilles Humeau, notre hôte pour la journée, accomodant et plein d’humour.
Il nous accueille à bord du BPC [2] dont il plaisante en disant que cela peut aussi vouloir dire : bâtiment pas cher. Le programme BPC pour le Mistral et son jumeau le Tonnerre, qui effectue actuellement ses premiers essais à la mer, a couté "seulement" 685 millions d’€ [3] — à peu près le prix que l’US Navy paye pour un seul LPD-17 [4].
La Marine Nationale a reçu le bâtiment en mars 2006 et, bien qu’il soit désormais opérationnel, il est toujours en train d’effectuer ses essais à la mer qui avaient été retardés parce que le Mistral a été utilisé pour évacuer 1.000 civils du conflit entre l’Armée Israëlienne et le Hezbollah en juillet 2006.
Le navire hopital de niveau 3 (le seul autre bâtiment du même niveau en Europe est Allemand), complet pour cette opération, était étrangement calme le jour où nous l’avons visité. Réparti sur 3 niveaux et équipé d’une unité de décontamination NBC [5], l’hopital a 69 lits (50 pour les soins intensifs), 2 salles d’opération qui peuvent fonctionner simultanément, une unité dentaire (le médecin effectue les soins dentaires à bord) et peut envoyer des radios, des électro-cardiogrammes, etc. à des hopitaux à terre par internet.
Mais les soins médicaux ne sont pas sa principale mission. “Ce bâtiment n’a pas une mission,” explique Humeau. “C’est une juxtaposition de plateformes différentes : le couteau suisse des forces navales Françaises,” dit-il en riant. Il transporte aussi du matériel, des hélicoptères et un centre de commandement à grande échelle. “Il y a beaucoup de place, en grande partie grâce à ses pods de propulsion électriques qui libèrent une place phénoménale à bord parce qu’on a pas besoin d’arbre d’hélice, il y a seulement des cables électriques,” dit Humeau.
Il nous emmène visiter un vaste hanger vide de 900 m² dans lequel 850 m² peuvent être transformés avec des panneaux que l’on fixe au sol en ce dont a besoin la force multinationale ou le poste de contrôle. “Il y a 180 prises et stations de jeu ici et nous pouvons communiquer à 10 Megabits/seconde, comparés aux 2 Mbps sur le Charles de Gaulle.”
Les larges coursives sont peu fréquentées. Il n’y a que 160 membres d’équipage. “L’Amiral Fitzgerald, commandant de la 2è Flotte US, m’a dit qu’il aurait mis un équipage de 500 personnes à bord,” sourit Humeau. Et si la Marine Australienne devait acheter le navire, ils mettraient 1.000 (y compris les troupes embarquées) à bord.
Par conséquent, l’équipage dispose du niveau de confort que l’on trouve sur les paquebots. Les 15 officiers ont chacun leur propre cabine spacieuse avec un bureau intégré et une salle de bains. Les marins sont à 4 par cabine.
Les conditions pour les troupes embarquées sont relativement spartiates “mais c’est plus confortable que dans nos casernes,” indique le lieutenant Jean-Pierre Royet de la Légion Etrangère que partage une cabine avec son adjoint, pendant que 4 sous-officiers supérieurs en partagent une autre et que les soldats sont 6 par cabine.
— Christina Mackenzie
[1] Landing Craft Air Cushion : engins de débarquement sur coussin d’air.
[2] Bâtiment de protection et de commandement
[3] NDT : pour 2 navires.
[4] Transport de chalands de débarquement actuellement en construction pour l’US Navy.
[5] Nucléaire, Biologique et Chimique.
Source : Ares