Les sous-marins de la Chine

  • Dernière mise à jour le 30 avril 2007.

Un officier du renseignement militaire Américain, àqui on demandait il y a quelques années àquelle distance les Chinois pourraient projeter leur puissance militaire, a répondu en ne plaisantant qu’àmoitié : "Aussi loin que leur armée peut marcher."

Cela change rapidement aujourd’hui alors que les dirigeants Chinois financent les budgets de l’Armée Populaire de Libération, qui comprend toutes leurs forces armées. Un nouveau rapport du Council on Foreign Relations, un centre de réflexion de New York, indique que la Chine poursuit à la fois "un objectif opérationnel clair", à savoir prendre Taiwan, l’île que revendique Pékin, et "un objectif stratégique clair", qui est d’être une puissance moderne.

Les priorités militaires de la Chine sont au nombre de 4 : la marine, dans laquelle les sous-marins prennent la première place ; l’armée de l’air de chasseurs et de bombardiers à longue portée ; l’espace, non seulement pour menacer les satellites américains et autres, mais aussi pour y mettre les leurs ; et ce que les Chnois appellent la Seconde Artillerie, leurs armes nucléaires basées à terre y compris les 1000 missiles pointés sur Taiwan.

"Les sous-marins dominent actuellement le développement naval de la Chine," expliquent les analystes Andrew Erickson et Andrew Wilson, dans une récente US Naval War College Review. La rumeur a pendant longtemps voulu que la Chine désire construire des porte-avions, mais pour l’instant, disent ces analystes, le débat sur les sous-marins "est beaucoup plus avancé et ancré dans la réalité que celui sur les porte-avions."

Au départ, les Chinois ont reçu des sous-marins et les technologies sous-marines de l’Union Soviétique et, dans une moindre mesure, de France et d’Israël. Maintenant, ils construisent leurs propres sous-marins. De plus, ils désarment des sous-marins anciens et les remplacent par des submersibles moins nombreux mais plus modernes, que ce soit à propulsion classique ou nucléaire.

Au cours des 8 prochaines années, les Chinois prévoient de faire naviguer 5 Han et 6 Shang à propulsion nucléaire dont la mission sera d’attaquer les porte-avions et d’autres navires de surface. De plus, ils auront 15 Song et 17 Ming à propulsion classique avec la même mission mais plus proches de leurs côtes, selon Global Security, un organisme de recherche privé.

La Chine prévoit aussi d’envoyer en mer un sous-marin nucléaire, de la classe Jin, armé de missiles ballistiques à têtes nucléaires et de désarmer un sous-marin plus ancien, le Xia, qui était équipé des mêmes armes. Un analyste de Taiwan, Cheng Dai-ch’eng, a écrit : "Les communistes ne vont probablement pas utiliser leurs missiles lancés depuis des sous-marins contre nous, mais contre les Etats-Unis qui pourraient venir à notre aide dans de futurs conflits."

Les Chinois nient vigoureusement que leur marine soit une menace pour d’autres pays. Un article paru dans le Huangiu Shibao, un journal gouvernemental, affirmait le mois dernier que les Américains "racontaient n’importe quoi à propos de détails indiquant que la Chine avait augmenté sa flotte sous-marine." Certains Américains sont d’accord, au moins en partie, disant qu’il faudra des années avant que les sous-marins Chinois soient capables de défier l’US Navy.

Même ainsi, les plannificateurs militaires Chinois ont modifié leur pensée opérationnelle sur les sous-marins d’attaque. Auparavant, ils patrouillaient près des côtes Chinoises pour repousser une invasion. Désormais, indique une récente étude de l’US Office of Naval Intelligence (ONI), ils sont déployés plus loin pour empêcher une invasion, protéger la souverraineté territoriale et protéger les intérêts maritimes de la nation.

Les sous-marins Chinois avaient été détectés bien au-delà de ce que les Chinois appellent la première chaîne d’îles, qui va du Japon à Taiwan et des Philippines à l’Indonésie. "La défense au large" suppose évidemment que les sous-marins Chinois s’aventurent "aussi loin que les capacités de la Marine le leur permettent," indique l’ONI. Certains officiers Chinois évoquent qu’un futur objectif serait de patrouiller à l’est, aussi loin qu’Hawaï.

Une question cruciale est l’aptitude des Chinois à prendre la mer. Un officier de marine Américain a 500 ans d’expérience derrière lui, 250 ans dans la marine Anglais et 250 ans depuis que les voiliers de Salem parcourrent les 7 mers et que John Paul Jones a fondé l’US Navy. Les sous-mariniers Américains ont une expérience de 100 ans, depuis le début du 20è siècle.

Au contraire, la Chine a en 5000 ans d’histoire produit un seul grand marin, l’amiral Zheng He ou Cheng Ho, qui a navigué au 15è siècle sur les océans Pacifique et Indien. Les sous-mariniers Chinois, handicapés par la rupture sino-soviétique et le chaos de la Révolution Culturelle dans les années 60 et 70, commencent à peine à apprendre leur métier sur des sous-marins très complexes.

Les dirigeants militaires Américains, y compris le Secrétaire à la défense Robert Gates, ont pendant des mois soutenu que les Chinois devraient être plus ouverts à propos de leurs intentions militaires, en particulier pourquoi ils augmentent leur flotte sous-marine. Désignant le développement de l’économie Chinoise qui paie les sous-marins, un sous-marinier Américain s’est interrogé à haute voix : "Je suppose qu’ils le font parce qu’ils le peuvent."

L'analyse de la rédaction :

Richard Halloran, journaliste free lance àHonolulu, a été le correspondant militaire du New York Times pendant 10 ans.

Source : RealClearPolitics (Etats-Unis)