Un ancien commandant des forces sous-marines américaines critique DCNS

  • Dernière mise à jour le 29 août 2016.

Un ancien commandant des forces sous-marines de la flotte US du Pacifique a averti que le scandale de la fuite de documents sur le sous-marin Scorpène indien saperait la confiance dans la capacité des compagnies françaises à protéger les informations classifiées.

Le contre-amiral (en retraite) John Padgett, qui est aussi le président de l’influente “US Naval Submarine League”, a averti que des « mesures agressives » devaient être prises pour enquêter sur la fuite et que la France devrait en partager le résultat avec l’Australie.

Cette critique rare en publique de la France par un ancien haut-responsable américain souligne l’étendue de l’inquiétude américaine à propos de la fuite de documents de DCNS, qui révèle les capacités de combat — information très sensible — des nouveaux sous-marins indiens de la classe Scorpène.

Parmi les documents consultés par The Australian, se trouvaient par exemple les capacités du missiles anti-navire Exocet SM39, utilisé sur les sous-marins Scorpène [1]. Les documents indiquent le nombre de cibles que le missile peut traiter, les caractéristiques de lancement et combien de cibles peuvent être téléchargées avant le lancement.

L’amiral Padgett indique que la conséquence la plus importante de la fuite chez DCNS est que tout adversaire éventuel, s’il dispose de ces informations classifiées, peut créer et exploiter les vulnérabilités qu’elles révèlent.

« Ce n’est jamais bon que votre adversaire dispose des caractéristiques de votre armement, » explique-t-il. « En tant que membre de l’OTAN, le gouvernement et les armées françaises ont fait la preuve qu’ils appliquent des contrôles de sécurité efficaces et ils ont une solide réputation au sein de leurs Alliés. »

« Pour moi, il n’est pas clair que les industriels français de la défense respectent ce même niveau de sécurité. Des incidents comme celui de la fuite des documents sur le Scorpène indien minent la confiance que des informations sensibles ou classifiées vont rester protégées. »

L’amiral Padgett déclare que l’enquête sur la fuite devait déterminer exactement comment la fuite s’est produite et quelles « mesures agressives » seraient prises pour corriger les contrôles de sécurité défaillants. Ses déclarations interviennent au moment où un procureur français a ouvert une enquête préliminaire sur la fuite, et où DCNS a déposé une plainte pour abus de confiance.

L’Australie espère installer un système de combat américain sur le sous-marin proposé par DCNS, le Shortfin Barracuda.

« Selon mon expérience, l’US Navy fait très attention quand il s’agit de partager des capacités et des équipements avec d’autres. Elle doit être convaincue que des contrôles adéquats sont appliqués pour protéger les intérêts des Etats-Unis et empêcher toute compromission des capacités de combat de bâtiments américains, » précise l’amiral Padgett.

Le contre-amiral John Padgett a commandé la flotte sous-marine du Pacifique de 2001 à 2003. Il a été recruté comme consultant occasionnel par le chantier naval allemand TKMS, concurrent malheureux de DCNS dans l’appel d’offres pour le projet de sous-marins australiens.

Notes :

[1Ndlr : ce missile est aussi utilisé par les sous-marins français.

Source : The Australian