Selon un amiral, la mise sous cocon a rendu les sous-marins canadiens très couteux àentretenir

  • Dernière mise à jour le 16 mars 2006.

Dans une très rare déclaration publique, un officier général de la Marine Canadienne a reconnu que les sous-marins d’occasion que le Canada avait acheté àla Grande-Bretagne coutent beaucoup plus cher àentretenir que prévu àl’origine parce qu’ils n’ont pas été entretenus pendant des années, alors qu’Ottawa réfléchissait sur leur éventuel achat.

Le retard a pendant longtemps été le discours des politiciens de l’opposition et des amiraux de salon, qui accusaient le temps passé sous cocon d’être la cause de tout, depuis les problèmes électriques jusqu’aux fuites des vannes de coque. Mais en public, les responsables militaires dépeignaient généralement l’achat des 4 sous-marins de la classe Victoria pour 891 millions de $ comme un accord formidable qui subissaitt simplement quelques problèmes de jeunesse.

"Les sous-marins vont nous couter beaucoup plus que nous le pensions . . . parce qu’ils sont restés 4 années dans l’eau de mer à ne rien faire alors que nous aurions dû sauter sur cette opportunité," a déclaré le contre-amiral Dan McNeil, commandant de la Joint Task Force Atlantic, devant 80 personnes assistant à une conférence à Halifax.

Ce commentaire public a provoqué des froncements de sourcil parmi plusieurs universitaires et militaires.

"Nous essayons de rendre (ces sous-marins) opérationnels et nous avons des capacités limités à cause de nos problèmes de maintenance," a indiqué le contre-amiral McNeil dans un entretien.

"Afin de réaliser le travail, nous allons devoir dépenser plus d’argent que nous ne l’avions prévu."

Le problème est que le nombre de techniciens du chantier naval n’est pas suffisant, a-t-il précisé.

"Actuellement, ma priorité est les sous-marins. Allez rencontrer avec les commandants de frégate pour savoir ce qu’ils en pensent, parce que leurs navires ne peuvent être réparés," a indiqué le contre-amiral McNeil.

"J’ai seulement des capacités limitées et c’est une question de disponiblité."

Les pièces détachées et le contrat de maintenance pour les 4 sous-marins s’est élevé à un quart de milliard de $ en août 2004, 2 mois avant qu’un incendie ne se déclare sur le HMCS Chicoutimi, provoquant la mort du Lieut. Chris Saunders.

En 1998, le gouvernement fédéral avait attribué un contrat de 6 ans pour la maintenance des sous-marins au britannique BAE Systems Marine Ltd. Un exemplaire du contrat, obtenu par l’Ottawa Citizen, a montré que, l’an dernier, des avenants avaient fait passer le montant du contrat de 86 à 258 millions de $.

Le mois dernier, The Chronicle Herald a rapporté que le montant nécessaire pour rendre le Chicoutimi capable de prendre de nouveau la mer pourrait atteindre 100 millions de $. Le sous-marin se trouve en cale sèche au chantier d’Halifax depuis le printemps dernier [1]. Les militaires reconnaissent avoir déjà dépensé environ 25 millions de $ pour l’évaluation des dommages et le débarquement de certains matériels détruits lors de l’incendie du 5 octobre 2004, un incendie d’origine électrique qui avait laissé le sous-marin sans propulsion à la dérive au large de l’Irlande.

Le contre-amiral McNeil a refusé de dire combien il faudrait dépenser dans le futur pour entretenir les sous-marins.

"Il y a des chiffres qui circulent, mais ils n’ont pas été entièrement évalués."

Pour l’instant, un seul des sous-marins, le HMCS Windsor, est capable d’aller en mer.

Notes :

[1NDT : 2005.

Source : The ChronicleHerald (Canada)