Crise budgétaire : vendons le Foudre et le Siroco

  • Dernière mise à jour le 18 juin 2010.

Le Portail des Sous-marins nous rapporte cette nouvelle : la France essaierait de vendre le Foudre à l’Argentine.

Elle se fait dans un contexte géopolitique un petit peu tendu. Loin des yeux, il faut rappeler que la tension entre l’Argentine et l’Angleterre sur les îles Malouines est réapparue. La chose s’est faites en une manœuvre en deux parties.

La première, c’est la confirmation de réserve stratégique de pétrole au large du Brésil très importante.

La seconde, c’est la possibilité de découvrir d’importantes réserves du précieux or noir autour des Malouines. Récemment, pour protester contre les recherches anglaises de pétrole au large de l’archipel controversé, la Présidente argentine a interdit à tout navire argentin d’aller vers l’archipel malouin sans autorisation. Il faut dire que Buenos Aires affirme sa souveraineté sur l’archipel depuis 1832.

Le rapport au Brésil ? Brasilia soutient la demande Argentine, même pendant la guerre des Malouines de 1982. Les deux pays souhaitent appliquer ironiquement la doctrine Monroe : l’Amérique aux Américains. Plus sérieusement, d’inspiration Bolivarienne, ils souhaitent profiter de leurs eaux sans gêne étrangère. C’est une constante de l’affirmation de ces deux nations.

Ce petit rappel mi-historique, mi-géopolitique est important. C’était la France qui a armé l’Argentine avant la guerre des Malouines. Alors, vous comprenez bien que pendant une petite phase de crispation il puisse être mal vu que la France vende un navire amphibie, qui pourrait offrir un avantage à l’Argentine. D’autant plus que, comparativement à 1982, l’Argentine a des sous-marins (dans leurs états).

Pourquoi donc proposer de vendre toute la classe Foudre ?

Premièrement, la France a bien tenu le "choc" face aux pressions de certains Etats pour éviter la vente de Mistral à la Russie. La chose n’est bien sûr pas encore faite. Mais ce n’est ni la Géorgie, ni les Etats Baltes qui semblent en état d’empêcher la réussite de la chose. Au passage, permettez moi de rappeler cette vérité vertueuse : si la France perd ce contrat russe, ce sont l’Espagne ou les Pays-Bas, voire la Corée du Sud, qui feront la vente.

De plus, une autre chose pousse la France à vendre. Depuis la signature de quelques traités et convention environnementales, on ne peut faire ce qu’on veut des vieilles coques. J’espère ne pas avoir besoin de revenir sur l’épopée du Clémenceau. Se débarrasser d’une coque, cela a un coût. Et ce coup est plus élevé depuis qu’il faut la faire déconstruire en Europe ! Deux coques de moins en France, c’est le coût de la déconstruction qu’on n’aura pas à supporter. Est-ce rabaissant pour les Argentins ce procédé ? Non, il y a peu de chance que quelqu’un s’intéresse au décommissionnement des navires de la Marine Argentine.

Toujours dans le rayon économie, l’entretien des deux navires doit être un peu plus élevé que celui d’un BPC neuf. Ce n’est pas rien, quel que soit la générosité des budgets.

D’ailleurs, la classe Foudre, c’est 220 hommes d’équipage, les BPC 160 environ. Ce sont les petites rivières qui font les grands fleuves (qui se jettent dans les grands océans).

Enfin, risque-t-on la perte capacitaire en vendant les deux navires d’un coup ? A priori, non ! Pour autant qu’on nous vante la disponibilité des navires de la classe Mistral, on peut espérer avoir autant de "temps de mer" avec trois navires qu’avec quatre.

Que faire du peu d’argent récolté ? Il faudrait financer de suite la construction du BPC 4. La réussite du programme BPC tient à peu de chose. Bien sûr, ce sont des navires largement inspirés des procédés civils pour économiser et sur la construction et sur l’entretien. Mais cette réussite tient aussi au fait qu’ils ont été commandés vite fait, bien fait. Ce qui est rare dans les commandes d’armement. Mais tellement profitable quand c’est fait. Alors, profitons de cette opportunité : un BPC est en chantier, la Russie pourrait en faire construire au moins un en France et nous avons le BPC 4 qui attend dans les hésitations budgétaires. Faisons une série aussi serrée que possible autour de ces trois navires pour optimiser le coût construction.
Au lieu de viser de 400 à 500 millions d’euros de coût unitaire du BPC 3, visons le coût de la classe Mistral : 685 millions d’euros... Les deux navires, études comprises ! Donc le coût pour le Dixmude et le BPC 4 serait donc un peu moindre.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et n’engagent pas la rédaction du Portail des Sous-marins.