Départ de la "Jeanne" : "le plus dur est pour ceux qui restent"

  • Dernière mise à jour le 9 décembre 2004.

La Jeanne d’Arc, navire école de la Marine nationale, a appareillé mercredi au son d’une balade d’adieu irlandaise, abandonnant sur le quai familles et proches de marins qui pourront cependant entretenir des contacts réguliers grâce aux liaisons satellitaires.

Le porte-hélicoptères a quitté Brest pour sa 40e campagne de formation, emportant 108 élèves-officiers dont 5 femmes, ainsi que 40 officiers, et 460 membres d’équipage, pour un voyage de 5 mois en mer Méditerranée et en océan Indien. Son retour à Brest est prévu le 13 mai.

"La douleur, c’est pas pour ceux qui partent mais pour ceux qui restent", affirme l’aspirant Frédérique Wurtz, 22 ans, en stage sur la "Jeanne" dans le cadre de ses études à l’école supérieure de commerce de Paris. "Une rupture reste une rupture", reconnaît la jeune femme qui a préféré que son fiancé n’assiste pas au départ du bateau. "Une séparation sur le quai, c’est trop difficile", dit-elle.

"Ca sera encore plus dur ce soir quand je me retrouverai seule à la maison", explique Christelle, 23 ans, enceinte, qui ne peut lâcher les mains de Sébastien, 27 ans, mécanicien à bord. "C’est la 3e fois qu’il part et on a toujours les mêmes émotions", ajoute la future mère de famille dont le premier bébé devrait naître en février, période à laquelle la "Jeanne" se trouvera entre Singapour et la Réunion.

Une bonne heure avant l’appareillage, les marins doivent regagner le bord. Derniers baisers pour certains, larmes déchirantes pour d’autres. Sur le pont, les hommes continueront à distance la conversation, par téléphone portable, ou simplement par petits gestes de connivence. Près d’un hangar, un couple de retraités de Quimperlé pleure sans pouvoir s’arrêter, tout en faisant de petits signes d’encouragement à leur fils qu’ils ont du mal à entrevoir sur le pont. "Vous trouvez que c’est facile, vous ?", lancent-ils, bouleversés.

un courriel par jour

A quelques mètres de là, une jeune femme ne peut décrocher de son téléphone portable. Son fiancé ? "C’est la deuxième fois qu’il part et c’est toujours dur à supporter. On sera ensemble, en mars, lors de l’escale à la Réunion", souligne Marianne Leprovost, 20 ans, par ailleurs guetteur de la flotte à la vigie du Porzic, près de Brest.

Globalement, les marins peuvent écrire ou recevoir un courriel une fois par jour. Des cartes téléphoniques permettent d’avoir accès au téléphone satellitaire. Le courrier est distribué régulièrement notamment à chaque escale.

"C’est moi qui appelle quand il est de service à bord. Parfois ça peut prendre un peu de temps mais ce n’est pas un problème", ajoute Marianne qui, le 13 mai, sera aux premières loges depuis son poste de vigie pour apercevoir le bateau près du goulet de Brest.

A 36 ans, Régis Golhen en est à sa 4e campagne sur la "Jeanne". "Tous les jours on envoie ou on reçoit un courriel", confirme-t-il, ajoutant qu’avec le temps, la séparation "on s’y fait". "Les trois garçons, on va essayer de gérer", explique son épouse Régine, qui se réjouit elle aussi de la perspective d’une escale à Singapour en février et qui constituera une semaine "en amoureux".

"On n’est pas complètement coupé des siens", se félicite Pascale Glaser, 24 ans, élève commissaire, qui relativise le problème de la séparation. "C’est quand même une chance d’être sur la Jeanne d’Arc, de faire beaucoup d’escales et de visiter plein de pays", dit-elle.

Source : France 3