La marine nationale étudie l’extension du domaine d’emploi du nouvel appareil respiratoire de ses plongeurs : le CRABE

  • Dernière mise à jour le 30 mars 2010.

Lorsque la marine nationale a décidé de remplacer les appareils respiratoires utilisés par ses plongeurs — DC55 et Oxygers utilisés depuis une cinquantaine d’années —, c’est la société française Aqua Lung qui a remporté le marché après un appel d’offres international. Le CRABE (Complete Range Autonomous Breathing Equipment) a été mis en service par la marine nationale depuis le 1er septembre 2009.

Dans les appareils de plongée courants, l’air expiré par le plongeur est perdu : il remonte en surface sous forme de bulles. Ce type d’appareils a, pour les plongeurs militaires, 2 inconvénients majeurs : ce n’est pas discret (la présence du plongeur est visible en surface) et l’autonomie est limitée (dans les bulles, il reste de l’air respirable par le plongeur).

La marine a donc mis au point des appareils en circuit fermé, avec lesquels le plongeur respire de l’oxygène pur. Avec ce gaz, le plongeur ne peut pas descendre à moins de 7 mètres, l’oxygène étant toxique au-delà. Mais ce type d’appareil est cependant utile parce qu’il ne produit absolument aucune bulle. Il est donc principalement utilisé pour les circonstances où une discrétion absolue est nécessaire. On pense par exemple aux opérations des nageurs de combat, commandos marine.

Le CRABE est un recycleur en circuit semi-fermé. Le plongeur respire un mélange de gaz (nitrox ou trimix) comme dans les appareils courants, ce qui implique qu’il peut descendre jusqu’à des profondeurs de 80 m. Le gaz carbonique qu’il produit en respirant est absorbé par de la chaux sodée. Avec le CRABE, les bulles ne sont certes pas supprimées mais sont beaucoup moins nombreuses que dans un appareil courant.

Par rapport à l’appareil qu’il remplace (le DC55), le CRABE bénéficie d’une autonomie plus grande. La marine nationale a donc souhaité étendre son domaine d’emploi. L’objectif est de pouvoir plonger plus longtemps et/ou plus profond, grâce à des mélanges adaptés. Cette extension du domaine d’utilisation implique donc de disposer de tables de plongée validées.

Au sein de la marine nationale, c’est la cellule plongée humaine et intervention sous la mer (CEPHISMER) qui est chargée d’établir et de valider les tables de plongée. Lors de la mise en service du CRABE, les tables du DC55 avaient été reprises, incluant une modification tenant compte des accidents de plongée qui avaient eu lieu précédemment. La durée des paliers a été allongée lorsque des accidents semblaient trop fréquents à une certaine immersion pour une durée de plongée.

Or, le DC55, du fait de son autonomie plus faible, n’a pas permis de tester suffisamment les tables au-delà d’une certaine durée de plongée. Pour valider l’extension des tables de plongée au domaine d’emploi du CRABE, la CEPHISMER effectue donc des plongées d’essai.

La campagne d’essai se déroule dans le centre hyperbare de la CEPHISMER à Toulon. C’est là que des plongeurs de la marine nationale et de la COMEX avaient battu des records de profondeur dans les années 70. Ce centre est l’endroit le plus adapté pour valider les tables de plongée parce qu’il bénéficie d’un soutien médical immédiat.

La plongée sous-marine est une activité à risque, et le nombre de plongées profondes et saturantes augmente statistiquement le risque qu’un accident de plongée se produise. A chaque accident, l’appareil respiratoire est entièrement expertisé. Selon la CEPHISMER, aucun des accidents récents ne met en cause l’appareil de plongée. Comme les expertises médicales ne sont pas terminées, il est encore impossible de donner une explication définitive, mais les médecins penchent pour une cause liée à la physiologie du plongeur.

Le CRABE est conçu pour apporter au plongeur un confort en plongée et une sécurité supérieurs par rapport à son prédécesseur, conçu lui dans les années 50, même s’il a été modernisé dans les années 1990.

Néanmoins, son encombrement fait que, à terre ou sur embarcation, le plongeur peut avoir besoin d’aide pour s’équiper ou d’un chariot de manutention pour transporter le matériel. De même, un plongeur inconscient ne serait pas systématiquement maintenu sur le dos en surface. La CEPHISMER explique que, techniquement, il n’est pas possible de concilier confort en plongée et maintien sur le dos en surface. De plus, les plongeurs utilisant le CRABE sont toujours en binôme, reliés par une sangle de sécurité. C’est donc l’équipier qui prendrait soin du plongeur inconscient en attendant l’arrivée des secours.

Merci à la cellule plongée humaine et intervention sous la mer d’avoir répondu à mes questions.