La marine canadienne ne veut plus acheter américain

  • Dernière mise à jour le 26 janvier 2010.

Face aux retards et aux restrictions sur ce qui peut ou ne peut pas être fait avec des technologies américaines, la marine canadienne a décidé, pour moderniser ses frégates, d’utiliser autant de matériels non-américains que possible, pour les systèmes clé des bâtiments.

Le département canadien de la défense a stipulé que les systèmes de commandement et de contrôle, installés lors de la modernisation des frégates, soient exempts de toute réglementation américaine, ont indiqué des responsables de Lockheed Martin Canada, la compagnie attributaire du contrat.

Dans le passé, l’application stricte par le gouvernement américain des restrictions technologiques de la loi International Traffic in Arms Regulations [1] (ITAR) a retardé la livraison au Canada de matériels militaires. De plus, en 2006, des fonctionnaires américains ont essayé de limiter à certaines catégories, le type de Canadiens pouvant travailler sur des programmes de défense canadiens, demandant explicitement que ceux qui sont nés dans certains pays ou qui ont la double nationalité avec certains pays ne puissent accéder aux technologies américaines. De telles limitations ne sont pas autorisées par la Loi canadienne.

Par conséquent, les radars, les senseurs et les logiciels devant être installés sur les frégates de la classe Halifax, viendront du Canada, de Suède, d’Israël,d’Allemagne et des Pays-Bas.

“C’est le désir du client,” indique Don McClure, vice-président du développement de Lockheed Martin Canada, pour expliquer la décision d’utiliser des technologies non soumises aux restrictions ITAR. “Le point principal est que, pendant la durée de vie du navire, il y a besoin de modifier certaines tactiques, ou d’ajouter certains senseurs, et que la marine ne voulait pas être limitée en devant demander une autorisation aux USA pour cela.”

McClure a indiqué que le système de commandement et de contrôle serait développé en coopération avec Saab Electronics Systems de Suède et qu’il n’aurait aucune limitation d’exportation par les USA.

Cela permettra aussi à la compagnie de vendre ce système à d’autres marines, sans voir besoin de demander une autorisation américaine.

Certaines des armes installées sur les frégates canadiennes utilisent des technologies américaines et il y d’autres composants de fabrication américaine qui ne sont pas concernés par ITAR sur les bâtiments.

Une porte-parole du département canadien de la défense, Jocelyn Sweet, a souligné que le département n’avait pas exigé que les équipements installés lors de la modernisation des frégates soient exempts de restriction ITAR.

Mais elle ajoute que “le département a exigé que toute proposition concernant le système de combat intégré intègre la manière dont l’industriel allait prendre en compte le risque de retard de livraison au cas où le système comprenait des matériels ou des services, venant des USA et soumis à des restrictions ITAR.”

Thales Canada Defence and Security, basée à Ottawa et qui travaille aussi sur la modernisation des frégates, a noté une augmentation du désir de matériels non soumis aux restrictions ITAR, au département canadien de la défense et de la part d’autres forces militaires dans le monde, a indiqué un responsable de la compagnie, Conrad Bellehumeur. “Leur dire qu’il n’y a aucune restriction ITAR provoque un grand intérêt ” au département, a-t-il ajouté.

McClure a remarqué que des compagnies européennes commençaient à prendre l’avantage sur certains marchés à cause des restrictions américaines ITAR.

Les restrictions ITAR ont été en partie rendues responsables des retards dans la livraison aux forces canadiennes du nouvel hélicoptère maritime, le Cyclone, qui est en retard de plusieurs années.

Les USA utilisent l’ITAR comme une façon d’empêcher que des technologies sensibles ne tombent dans les mains de pays comme la Chine ou l’Iran.

Mais en privé, certains responsables de compagnies canadiennes travaillant dans le secteur de la défense, se plaignent que les USA utilisent ITAR de façon sélective, pour donner aux équipements fournis par des compagnies américaines, un avantage à l’exportation. Ils expliquent qu’il y a eu des cas où le département d’état US a utilisé ITAR pour empêcher des produits canadiens d’être vendus à l’étranger, parce qu’ils utilisaient des technologies américaines, alors que dans le même temps, il donnait son accord à des compagnies américaines pour vendre les mêmes composants sur le même marché étranger.

Notes :

[1Réglementation du commerce international des armements.

Source : Ottawa Citizen (Canada)