Que faire de vieux sous-marins russes rongés par la rouille ?

  • Dernière mise à jour le 1er décembre 2004.

Les autorités albanaises cherchent comment utiliser au mieux quatre sous-marins russes qui depuis plus de 10 ans rouillent àPashaliman, la base navale du sud de l’Albanie d’où l’Urss espérait jadis contrôler la Méditerranée.

Immobiles depuis une dernière navigation en 1993, les quatre sous-marins type "Whisky", selon la classification de l’Otan, amarrés côte à côte, sont couverts d’une rouille épaisse qui les a troués comme des passoires.

Pashaliman, dans la baie de Vlora, à quelque 150 km au sud-ouest de Tirana, a également des allures de fantôme : pillée en 1997 lors de la révolte armée des Albanais ruinés par les sociétés financières spéculatives, elle n’a pas encore été reconstruite.

"D’ici, je pourrais contrôler la Méditerranée jusqu’à Gibraltar", avait dit Nikita Khrouchtchev en 1958 à l’occasion d’une visite à la base où il avait proposé d’installer des missiles et de construire un aéroport.

Mais en 1961 la rupture "idéologique" avec le dictateur communiste Enver Hoxha venait enterrer ce projet tandis que l’Urss reprenait huit des 12 sous-marins offerts en 1955.

A bord des submersibles, la brouille entre les deux capitales avait pour conséquence de compliquer sérieusement la tâche des équipages albano-russes.

"Les marins des deux pays ne se parlaient plus. On craignait des incidents et les Albanais avaient reçu l’ordre de ne pas tuer les Russes", raconte le capitaine Ferdinat Kreshpa dont le père a servi à bord d’un sous-marin russe.

"Lorsqu’un marin russe a eu l’audace de hisser le drapeau rouge frappé de la faucille et du marteau, un Albanais l’a aussitôt déchiré avec rage", rapporte-t-il. "Les Russes ont essayé de récupérer leurs sous-marins. Ils avaient même prévu des missions dans ce but", assure le capitaine Kreshpa.

Plus de 40 ans après, les autorités albanaises envisagent de transformer au moins un sous-marin en musée. "Mais cela suppose un investissement de quelque 300.000 dollars", souligne le capitaine Artur Meçollari.

Un autre pourrait être coulé et servir d’attraction touristique aux amateurs de plongée sous-marine.

Pour financer ces projets, la ferraille des deux derniers, préalablement découpés, pourrait être vendue aux enchères. "Mais l’Albanie ne dispose pas de la technologie nécessaire pour les découper. Il faudrait les acheminer à l’étranger", précise le capitaine Meçollari.

L’armée albanaise qui a engagé un processus de restructuration afin d’intégrer les structures de l’OTAN, doit désormais se débarrasser de l’arsenal constitué à l’époque communiste quand 12 à 13% de son budget était consacré à la défense.

Quelque 100.000 tonnes de munitions et 17 tonnes d’armes chimiques doivent être détruites tandis que d’autres armements seront proposés à d’éventuels acheteurs.

"L’armée a mis en vente une bonne partie de son équipement lourd et léger de l’époque communiste qui ne répond plus aux besoins de restructuration imposés par l’Otan", a rappelé mardi le chef de l’état major, le général Pellum Qazimi, à l’occasion du 60e anniversaire de la libération de l’Albanie de l’occupation nazie.

Parallèlement, la restauration de Pashaliman est en cours avec l’aide de la Turquie et des Etats-Unis et déjà six vedettes garde-côtes, offertes par l’Italie et les Etats-Unis, effectuent des missions de surveillance.