Bugaled Breizh : le secret défense a entravé l’enquête, selon un juge d’instruction

  • Dernière mise à jour le 26 septembre 2009.

Les juges d’instruction ont déclaré aux familles des membres d’équipage tués après le naufrage du chalutier Bugaled Breizh, dont certains pensent qu’il a été entraîné par un sous-marin nucléaire, que des marines, dont les sous-marins participaient à l’époque à des exercices au large du cap Lizard, s’étaient abritées derrière le secret défense et n’avaient remis aux juges que les documents qui les avaient arrangées.

Cette accusation des juges d’instruction est contenu dans une lettre d’excuses et d’explication, officiellement envoyée aux 20 proches des victimes du Bugaled Breizh.

Elle est signée par l’un des juges d’instruction qui, avec un autre, a décidé que la cause la “plus probable” d’un naufrage était qu’un sous-marin nucléaire avait entraîné les câbles du chalutier.

Les juges d’instruction ont été incapables d’identifier le sous-marin responsable, ce qui aurait pu conduire à des accusations d’homicide involontaire et de non-assistance à personne en danger.

Dans un document de 5 pages considéré par les familles comme la reconnaissance d’une défaite, le juge explique aux familles comment les marines britannique, française, néerlandaise et allemande ont agi, révélant que : "En 5 ans d’enquête, nous avons seulement pu établir la positions de 12 sous-marins."

La juge Mélanie Gehin explique la défaillance de l’enquête par 2 raisons, déclarant aux familles en deuil : "D’abord, les activités des sous-marins qui sont appelés à effectuer des missions exigeant la plus grande discrétion sont protégées par des règles officielles de secret qui ne peuvent pas être systématiquement levées.

"Ensuite, concernant les investigations lancées dans des pays étrangers, les pouvoirs des juges d’instruction sont limités à la demande d’informations auprès des autorités étrangères qui sont libres de répondre dans le sens qu’elles le souhaitent".

La lettre ne nomme pas spécifiquement la Royal Navy mais pointe clairement un doigt accusateur vers les ministères de la défense dont des sous-marins ont participé à l’exercice Thursday War du 15 janvier 2004.

Madame Gehin poursuit : "Il semble évident que le sous-marin étranger qui a été impliqué dans un tel accident prendra soin de ne pas fournir de preuve de son implication aux autorités françaises".

Dans la même lettre, la juge répète la conviction des enquêteurs que seul un sous-marin nucléaire aurait eu la force suffisante pour entraîner le Bugaled Breizh vers le fond en moins d’une minute.

Madame Gehin cite 4 marines disposant de sous-marins nucléaires — les Etats-Unis (48), la France (5), la Grande-Bretagne (4) et la Russie (15).

Elle a officiellement notifié aux familles le refus de demander aux 4 marines la position de leurs sous-marins nucléaires au moment de l’accident, arguant de la politique des marines sur les secrets officiels.

Des proches en colère ont qualifié les "mensonges des marines" d’ignoble et leur ont à nouveau demandé de "révéler la vérité sur ce qui est arrivé à l’équipage".

Par le passé, ils avaient en particulier cité la Royal Navy, l’accusant de "cacher la vérité" sur le Bugaled Breizh.

Dans le même temps, ils attendent l’arrêt de la Cour d’Appel de Rennes le mois prochain. Il semble probable que les juges mettent fin aux 5 années de l’enquête française.

D’ici la fin de l’année, ou au début 2010, un coroner britannique de Cornouaille va examiner la mort de l’équipage du Bugaled Breizh.

L'analyse de la rédaction :

La position des sous-marins nucléaires français a, selon la presse, été communiquée aux juges, mais non versée au dossier.

Selon les informations officielles, aucun sous-marin ne participait au exercice Thursday War du 15 janvier 2004. Quelques-uns devaient participer à un exercice OTAN le lendemain, et un sous-marin allemand se trouvait en transit vers la Méditerranée.

Les chiffres concernant le nombre de sous-marins nucléaires des 4 pays cités sont faux. Sans oublier que la Chine dispose aussi de sous-marins nucléaires. Les chiffres exacts sont (sous-marins nucléaires d’attaque uniquement) :
 Etats-Unis : 53,
 France : 6,
 Grande Bretagne : 8,
 Russie : 38,
 Chine : 7.

Source : Wikipedia

Source : Western Morning News (Grande-Bretagne)