Un député brésilien veut enquêter sur l’achat de matériels militaires

  • Dernière mise à jour le 12 septembre 2009.

Le député fédéral Marcelo Itagiba a annoncé vendredi 11 qu’il allait commencer à recueillir des signatures pour la formation d’une commission parlementaire d’enquête pour enquêter sur les récents achats de matériels militaires, conclus par le président Luiz Inácio Lula da Silva avec le président français Nicolas Sarkozy. Le parlementaire affirme vouloir savoir qui sont les intermédiaires de l’opération et prétend vouloir éclaircir si un représentant du ministère brésilien de la défense a été accueilli dans la maison d’un des fournisseurs pendant une visite en France. Ces informations sont, selon le député qui est délégué de la Police Fédérale et ancien secrétaire à la sécurité de Rio, arrivées à son cabinet et il veut en vérifier la véracité.

“Nous dépensons des milliards de $”, explique Itagiba. “Et pour dépenser des milliards de $, il faut justifier. Et aussi dire le pourquoi de ce choix. Il n’y a pas eu d’appel d’offres.” Selon les accords signés, le Brésil va acheter à la France 4 sous-marins classiques de la classe Scorpène, un coque pour le sous-marin nucléaire, un chantier naval pour les construire, une nouvelle base navale pour les mettre en œuvre, des pièces détachées, de l’armement (comme les torpilles), des logiciels et 50 hélicoptères. Les 2 pays vont aussi ouvrir des négociations pour l’achat par les Brésiliens de 36 avions de chasse Rafale, construits par Dassault. Au total, les contrats militaires Brésil-France prévoient un cout, pour les 20 prochaines années, de 12,5 milliards € (valeur d’aujourd’hui).

Itagiba affirme avoir des informations qui identifient les correcteurs sous les noms de José Pinto Ramos, Braga et Roberto — ce dernier est supposé être avocat à São Paulo. Le député reconnait ne pas avoir connaissance d’irrégularités dans ces contrats. “Et c’est ce que je veux savoir”, a-t-il déclaré. Le parlementaire a aussi qualifié d’étrange que le ministre de la défense, Nelson Jobim, “contredise” le président Lula, déclarant, le lendemain de l’annonce de la conclusion de l’affaire des Rafale, affirmant que les négociations étaient encore ouvertes. “Ce vendredi, les journaux expliquant que le choix du chasseur sera politique et non technique”, a-t-il déclaré. “C’est la danse du créole fou.”

Pour constituer une commission d’enquête, il est nécessaire de réunir au moins 171 signatures de soutien. Itagiba a expliqué ne pas avoir de “boule de cristal” pour prévoir quand il réunira le nombre de soutiens nécessaires. “Mais c’est un scandale”, explique-t-il. Les achats militaires brésiliens ont fait l’objet de disputes intenses entre les fournisseurs possibles. Parmi les déçus, il y a l’entreprise allemande HDW, qui proposait la construction de sous-marins classiques, et Boeing, le constructeur américain des chasseurs Super Hornet. Le gouvernement brésilien explique que les allemands ne construisent pas de sous-marins nucléaires et affirme que les Etats-Unis n’ouvrent pas totalement le code-source des appareils, ce qui permettrait que les avions puissent être équipés d’armement non-américain.

Source : Poder Naval (Brésil)