Le Brésil paiera 3,6 milliards € à DCNS pour les sous-marins

  • Dernière mise à jour le 23 août 2009.

Le gouvernement brésilien paiera à DCNS 3,66 milliards € pour les 5 sous-marins qu’il achète à la France. Le chiffre correspond au cout de construction de la coque du premier sous-marin nucléaire brésilien (près de 2 milliards €) et de 4 sous-marins Scorpène classiques (415 millions € chacun), a annoncé la marine brésilienne.

Les dépenses totales du Programme de Développement des Sous-marins (Prosub) seront cependant bien plus importantes — 6.790.862.142 € — , en tenant compte des transferts de technologie et des achats de pièces détachées, de torpilles, d’un chantier naval et d’une base navale pour les nouveaux sous-marins. L’accord a été conclu en 2008 entre le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva et son homologue français Nicolas Sarkozy. Les dépenses du Prosub font l’objet d’une polémique et n’avaient encore jamais été détaillées publiquement par la marine brésilienne.

La marine brésilienne a donné ces informations par écrit en réponse à des questions du quotidien brésilien O Estado de Sao Paulo. Le prix de 2 milliards € pour le sous-marin à propulsion nucléaire brésilien est plus important (en valeur 2008) que celui des premiers sous-marins nucléaires britanniques de la classe Astute (1,73 milliard €) ou français de la classe Barracuda (1,9 milliard €). Il est cependant moins important que celui des premiers Virginia des Etats-Unis (3,42 milliards €).

Le Brésil, cependant, fournira le réacteur. Pour chacun de ses 6 sous-marins Scorpène achetés en 2004, l’Inde a payé 400 millions € ; le Chili les a payés 500 millions $ (349 millions €, valeur 2009), en 1997 [1]. La marine du Brésil explique que ses Scorpène seront plus longs de 5 m et auront une meilleure autonomie [2].

“Il faut signaler qu’il y a un coût, prévu dans le contrat, pour le transfert des technologies de construction, qui, pour de nombreux aspects, sera différent et amélioré par rapport à notre expérience précédente”, indique le texte. “Le transfert des technologies de conception de sous-marins, y compris les systèmes de combat et de contrôle de plateforme, représente un aspect décisif et crucial, surtout face à la difficulté de trouver des partenaires internationaux qui sont véritablement disposés à concrétiser un tel transfert de technologie, ce qui nous permettra à l’avenir de concevoir nos propres sous-marins.”

Le reste du montant du contrat sera réparti de la façon suivante :
 1.868.200.000 € pour la construction de la nouvelle base navale et du chantier naval ;
 900 millions € pour le transfert de technologie de conception de sous-marin classique et nucléaire ;
 100 millions € pour l’achat de torpilles ;
 240 millions € pour le soutien logistique intégré (principalement pour les sous-marins).

La marine brésilienne espère que son sous-marin nucléaire sera prêt dans 12 ans. Le programme Prosub sera payé grâce à un emprunt de 4.324.442.181 € souscrit par le Brésil auprès d’un groupe de banques menées par BNB Paribas, qui sera remboursé sur 20 ans. Le Brésil paiera directement 598.219.961 €.

Lutte commerciale

L’achat de sous-marins par le Brésil est devenu l’objet d’une polémique parce que l’entreprise allemande HDW, qui avait construit les 5 sous-marins brésiliens actuellement en service, n’a pas été retenue alors qu’elle avait présenté une proposition soi-disant moins chère. Liée au groupe ThyssenKrupp, HDW est le leader sur le marché mondial des sous-marins non-nucléaires. Le Brésil a préféré les Scorpène français, expliquant que, à partir d’eux, il se préparerait à construire un sous-marin à propulsion nucléaire.

L’affrontement entre les 2 entreprises réédite les confrontations précédentes au Chili, où HDW a refusé de fournir des équipements pour les Scorpène, et en Inde.

Notes :

[1Ndt : Il n’y avait pas de transfert de technologie pour les Scorpène chiliens.

[2Ndt : Ce qui peut laisser supposer qu’ils seront équipés du module AIP MESMA de DCNS.

Source : O Estado de Sao Paulo (Brésil)