Piraterie : Londres profite de la situation

  • Dernière mise à jour le 26 novembre 2008.

Il y a quelques années, les rançons exigées se comptaient habituellement en dizaines de milliers de $ par navire. Comme les armateurs payaient toujours, les rançons ont augmenté. Aujourd’hui, la rançon moyenne pour un navire et son équipage varie entre 400.000 € et 1,6 million €.

"L’armateur doit toujours remettre la rançon en liquide," explique Roger Middleton, un spécialiste de la piraterie qui vient juste de terminer une étude sur le sujet. "Elle est habituellement envoyée à Mombasa ou au Yémen, où elle est remise à des professionnels de la sécurité. Ils chargent les millions sur de petites embarcations ou sur des remorqueurs, rejoignent le navire piraté, accostent et remettent les sacs d’argent."

Dans de nombreux cas, la rançon passe par les mains de nombreux intermédiaires. "Londres est très impliquée dans les libérations," indique un expert de la sécurité à Londres. "Des avocats sont spécialisés dans ce business," raconte le propriétaire d’un thonier espagnol qui a dû payer une rançon pour récupérer son navire. "Parfois, on se demande si les pirates sont réellement en Somalie ou bien à Londres."

Les négociations et les transferts d’argent prennent souvent plusieurs semaines. Pendant cette période, les pirates traitent généralement bien leurs prisonniers, indique Colin Darch, un capitaine britannique.

Le 1er février, les pirates ont détourné son remorqueur de haute-mer sous pavillon danois, le Svitzer Korsakov. Un des pirates s’est adressé à Darch : "Je m’appelle Andrew. Je parle anglais. Voici Omar, notre chef. Faites ce qu’il ordonne."

Ils ont rejoint Eyl, jetant l’ancre au large. "Les pirates mâchaient du khat toute la journée," raconte Darch. "Nous avons survécu avec des cigarettes, de la viande de chèvre et du lait de chamelle." Parfois, les pirates se rendaient à terre pour acheter de la nourriture. Au départ, ils exigeaient une rançon de 2 millions €.

Control Risks, une compagnie britannique de sécurité, a mené les négociations. Les négociations ont été dures, mais finalement, les 2 parties sont tombées d’accord sur une rançon de 542.000 €. "Il leur a fallu toute la nuit pour se répartir la rançon entre eux," se souvient Darch. Après 47 jours de captivité, lui et les 5 membres de l’équipage ont ensuite été autorisés à lever l’ancre.

Source : Der Spiegel (Allemagne)