Gros problèmes de mise au point pour les navires amphibies de l’US Navy

  • Dernière mise à jour le 2 octobre 2008.

L’équipage du navire d’assaut amphibie New Orleans aurait de nombreuses raisons d’avoir le blues.

Le nouveau navire d’assaut amphibie de l’US Navy a été endommagé lors du passage de l’ouragan Katrina lors de sa construction dans la ville dont il porte le nom. Il est arrivé dans son port-base de San Diego il y a 16 mois — avec 2 ans de retard, un dépassement de budget de 90% et plus de 400.000 heures de travail toujours nécessaire pour en terminer la construction.

A la mi-aout, le New Orleans a appareillé pour effectuer un important essai à la mer.

Un rapport du Bureau of Inspection and Survey de la Navy décrit plus de 2.600 défauts, dont des “défaillances persistentes” avec le système de gouvernail et un système de propulsion non fiable.

“L’USS New Orleans dispose d’une capacité dégradée à effectuer des opérations de combat prolongées,” indique le rapport. “Le bâtiment ne peut soutenir les troupes embarquées, la cargaison ou des engins de débarquements.”

Les responsables de la Navy ont précisé que la plupart des problèmes avaient été corrigés. Ils prévoient que le bâtiment effectuera son premier déploiement au début de l’an prochain.

Le New Orleans est le second exemplaire de la classe LPD-17, des navires d’assaut amphibie de haute technologie. Ils transportent les Marines et leurs équipements vers et hors de zones de combat. Il a fallu 10 ans pour que le premier de la série, le San Antonio, soit livrer. Son prix a été doublé, de 750 millions $ à 1,5 milliard.

Dans le rapport du New Orleans, les inspecteurs ont remarqué des ventilateurs en panne, des ascenceurs inutilisables et de la corrosion sur le pont d’envol. La cuisine a dû être fermée en attendant que le matériel de lutte contre les incendies y soit réparé.

“Il y a de nombreux problèmes qui sont surprenants pour un bâtiment qui n’est entré dans la Flotte” que depuis un an et demi, indique Jan van Tol, commandant en retraite d’un navire d’assaut amphibie et associé du Center for Strategic and Budgetary Assessments à Washington.

“Lors d’un essai d’inspection comme celui-ci, on espérerait que la plupart des systèmes importants soient opérationnels,” ajoute van Tol.

Mais les principaux officiers du New Orleans sont optimistes.

85% des défauts signalés dans le rapport étaient des problèmes mineurs comme des éclaboussures de peinture ou des ampoules grillées, selon un communiqué du Naval Sea Systems.

Le Cmdr. Scott Davies, qui a pris le commandement du New Orleans en juin dernier, a déclaré que son bâtiment, l’équipage et des centaines de Marines participeraient à un exercice en mer ce mois-ci. Il s’est aussi dit impatient de se joindre du groupe du Boxer pour la première mission de combat du New Orleans.

Des experts militaires ont indiqué que la Navy avait accepté le San Antonio et le New Orleans du constructeur Northrop Grumman alors même que les 2 navires n’étaient pas terminés. Le San Antonio était terminé à 92%, le New Orleans à 97%.

La Navy a accepté les navires à cause du besoin de les avoir rapidement pour remplacer les navires d’assaut amphibie vieillissants qu’elle désarmait, selon un rapport du Congressional Research Service. Ses responsables ont indiqué que les propres chantiers navals de la Navy pourraient terminer les 2 navires plus rapidement ou pour moins cher que Northrop Grumman.

L’ouragan Katrina, qui a ravagé les chantiers de La Nouvelle-Orléans et de Pascagoula (Mississipi) en septembre 2005, a provoqué un exode de la plupart des meilleurs ouvriers des 2 chantiers.

A chaque fois que le pourcentage de travailleurs sans expérience devient vraiment très élevé, il y a des problèmes de contrôle qualité, s’est défendue la compagnie.

Pour certains, la Navy aurait aussi essayé d’installer trop de matériels technologiques sur les LPD-17.

Pendant des décennies, les navires d’assaut amphibie de la Navy n’avaient que peu de systèmes d’armes et de communication. Les navires d’escorte protégeaient les amphibies.

Pas les LPD-17.

Le San Antonio, le New Orleans et leurs sisters-ships disposent d’un réseau informatique sophistiqué qui donne au commandant un contrôle sans précédent sur tous les systèmes du navire. Ils ont aussi un radar longue distance couplé à un système de missiles. Ils peuvent parcourir sans ravitaillement 2 fois la distance de leurs prédécesseurs.

Et les LPD-17 sont beaucoup plus confortables, avec des coursives très larges et des banquettes avec des tablettes rabatables pour que les marins et les Marines puissent utiliser des ordinateurs portables dans leur couchette.

Ce sont des caractéristiques qui font sourire le commandant et les marins, mais qui sont aussi très chères à construire. Le prix d’un LPD-17 est passé de 750 millions à 1,6 milliard $.

Les responsables de la Navy expliquent que les plus récents navires de la classe ont beaucoup moins de défauts que le San Antonio et le New Orleans.

Source : Sign On San Diego (Etats-Unis)