La marine américaine se demande comment réduire une facture de 3,8 milliards $ de carburant

  • Dernière mise à jour le 4 août 2008.

Pour les bâtiments de la marine américaine, opérer en mer a pris un nouveau sens.

Certaines nuits, les marins coupent les moteurs et le navire reste simplement à la dérive.

“Nous l’avons fait de nombreuses fois lors de notre déploiement,” explique le Cmdr. Michael Junge, commandant du Whidbey Island.

Cette façon de faire a permis que le navire amphibie, qui a passé 6 mois dans le golfe Persique, soit l’un des moins gourmand en carburant de toute la flotte, ajoute-t-il.

Alors que les prix du pétrole atteignent de nouveaux records, la marine américaine a cherché des manières créatives de réduire les coûts sans compromettre les missions. Des efforts d’économie devraient permettre cette année à la Navy d’économiser environ 325 millions $ (208 millions €).

Mais en juillet, le Pentagone a fait grimper le prix du baril de 127 $ à 170 $ pour refléter les coûts réels. Cette augmentation va effacer toutes les économies annuelles réalisées par la Navy en seulement 3 mois. Le coût des carburants est un problème pour toutes les armées.

La marine américaine devrait dépenser cette année 3,8 milliards $ (2,43 milliards €) pour ses navires et avions, une augmentation de 42% sur l’an dernier.

Pour la flotte, couper les moteurs pendant certaines périodes est seulement une des mesures d’économie.

Le Whidbey Island est propulsé par 4 moteurs diesel à 16 cylindres pouvant lui faire atteindre une vitesse de plus de 20 noeuds. Naviguer sur 1 ou 2 moteurs dès que c’est possible permet de réduire les coûts, explique Junge. Prévoir les durées de transit, les vitesses et les destinations permet aussi de maximiser les capacités.

Quand les moteurs sont éteints, l’équipage prend des précautions, comme mettre du personnel de quart supplémentaire, pour maintenir la sécurité.

La pression pour économiser le carburant “n’a pas eu un impact immédiat sur l’entraînement,” indique le Capt. Arthur “Chip” Cotton, responsable de l’entraînement et de la préparation de la flotte au Pentagone.

L’état-major a cherché d’autres moyens pour réduire les coûts et accomplir cependant les missions. L’entraînement synthétique — grâce à des simulations d’ordinateur de navires, sous-marins et aéronefs — peut réduire, mais pas éliminer, la nécessité d’opérations réelles, précise Cotton.

La Navy simule l’entraînement avec ses partenaires étrangers dans l’OTAN, explique-t-il.

La marine française a annulé ses projets d’envoyer la frégate De Grasse pour des entraînements communs cet été le long de la côte Est à cause du coût élevé du transit.

Le Chef des Opérations Navales souhaite que, désormais, le coût des carburants soit pris en compte dans la planification des nouveaux systèmes. Au Congrès, certains poussent la Navy à construire plus de navires à propulsion nucléaires.

Le Chef des Opérations Navales souhaite aussi établir des objectifs d’économie et étudier l’utilisation de carburants alternatifs, a ajouté Cotton.

La Navy a récemment terminé une étude d’un an sur les opérations des F/A-18 Hornet et Super Hornet, cherchant à réaliser de nouvelles économies dans les opérations, indique le Cmdr. Jim Nichols, pilote de F/A-18 et officier de préparation de l’aéronavale à Norfolk.

Le problème a pris beaucoup d’importance dans la communauté des pilotes, explique-t-il.

L’étude a envisagé des problèmes du monde réel, mais qui ressemblait à des questions du bac de philosophie. Par exemple, est-il plus efficace d’envoyer 2 avions avec 5 réservoirs de carburant ou 3 avions avec 2 réservoirs ? Est-ce que quelques avions devraient effectuer de longues missions en vol, ou plusieurs avions effectuer des missions plus fréquentes et plus courtes ?

La réponse dépend généralement de la mission et des facteurs de sécurité, explique-t-il. Les avions doivent respecter une imite de poids pour atterrir sur un porte-avions, et les pilotes doivent parfois larguer du carburant pour s’alléger.

Les résultats de l’étude devraient aider les escadrilles à prendre de meilleures décisions pour la planification et les opérations, ajoute Nichols.

Source : Virginia Pilot (Etats-Unis)