Qu’y a-t-il exactement sous la mer ?

  • Dernière mise à jour le 6 novembre 2005.

Le sous-marin nucléaire USS San Francisco se dirigeait vers l’Australie le 8 janvier dernier lorsqu’il a heurté violement une montagne sous-marine qui n’apparaissait pas sur les cartes marines. Le choc a stoppé le sous-marin presque instantannément, tuant un membre d’équipage et en blessant sérieusement 23 autres.

L’accident soulève la question de savoir pourquoi un sous-marin à la pointe de la technique de l’armée la plus puissante du monde naviguait quasiment en aveugle. La coque interne du sous-marin n’a pas subi de dommage, mais un membre d’équipage est décédé. Pourquoi, avec les sondages par sonar et satellite scanning, en connaît-on aussi peu sur la topographie des fonds marins ?

Une réponse évidente est qu’il y a simplement une énorme surface sous-marine à mesurer.

"Des mesures précisent n’existent que pour environ 10% des océans du monde, en génétal les routes commerciales les plus suivies," indique le Capt. Jeffery Best du Naval Oceanographic Office (l’équivalent américain du SHOM français) dans le Mississippi.

Pour rendre les choses pires encore, les techniques de sondage utilisées jusqu’à récement étaient inefficaces. "La plupart des océans du monde ne sont cartographiés que de façon imprécise, et des sondages remontant au Capitaine Cook, qui utilisait des lignes de sonde à main, sont toujours utilisés sur certaines cartes," indique Barbara Reed, directeur du département hydrographie au Naval Oceanographic Office.

Des cartes incomplètes et périmées semblent être en cause dans le cas du San Francisco.

Depuis l’accident, le commandant du sous-marin a été réaffecté en attendant le résultat de l’enquête, mais des responsables de la National Geospatial-Intelligence Agency à Bethesda, dans le Maryland, ont révélé que les cartes des fonds n’avaient pas été mises à jour depuis 1989. Une image satellite floue de la zone de l’accident, prise en 1999, donne une indication vague d’une structure sous-marine, selon l’agence — il pourrait ne s’agir que d’un nuage de plancton ou d’une nappe de pétrole.

"Ce dont nous avons besoin est quelque chose qui rendrait la mer transparente," déclare Chris Wooldridge, un géographe maritime de la School of Earth, Ocean and Planetary Sciences de l’université de Cardiff au Pays de Galles. Et c’est exactement ce que font les derniers matériels et logiciels.

Wooldridge dirige le laboratoire CodaOctopus, qui s’est ouvert le 1er février. Son équipe utilisera des technologies nouvelles pour cartographier de larges zones au large des côtes du Pays de Galles et créer une image de réalité virtuelle, permettant aux scientifiques de "marcher" sur le fond de la mer depuis leur laboratoire, ou à bord d’un navire en mer.

Le coeur de cette nouvelle technologie est l’Echoscope. Là où les sonars conventionnels utilisent un faisceau pour créer une image progressivement, Echoscope utilise plus de 16,000 faisceaux pour créer une image instantanné en temps réel.

"C’est la même différence qu’il y a à explorer une pièce sombre avec une lampe stylo ou d’allumer la lumière,"indique Paul Baxter, porte-paroles de CodaOctopus à Deddington, GB. "Et comme Echoscope travaille en temps réel, nous obtenons, en réalité, une caméra acoustique."

Avec de meilleurs cartes viendra une nouvelle compréhension. Davantage d’information pourrait améliorer la prédiction des tremblements de terre, des tsunamis et des inondations consécutives aux ouragans.

Outre l’étendue des océans et les cartes périmées, il y a une autre raison au peu de connaissance de la cartographie des fonds marins : certains gouvernements ne diffusent pas leurs renseignements. Combien d’échanges d’information y a-t-il ?

"Certains pays raisonnent toujours comme lors de la guerre froide, déployant encore des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins," indique Wooldridge. "Les sous-marins utilisent la température et la salinité en plus des profondeurs pour se cacher, et certains de ces détails sont classifiés."

Cependant, indique Wooldridge, il y a des échanges d’informations. "Cela ne profite à personne si un sous-marin nucléaire s’échoue dans les eaux interationales."

Le Naval Oceanographic Office est d’accord.

"Chaque pays cotier a un intérêt économique à diffuser dans le public des cartes des routes de commerce et des ports du pays," déclare Best. "Les Etats-Unis travaillent depuis des années en coopération avec des états dans leurs eaux territoriales et en assistent d’autres pour qu’ils dévellopent leur propre capacité de sondage et cartographie. Ces états rendent à leur tour leurs cartes publiques."