L’équipage du San Francisco était faible en navigation, selon un rapport de la Navy

  • Dernière mise à jour le 6 novembre 2005.

Un rapport préliminaire sur le sous-marin qui a heurté une montagne sous-marine dans le Pacifique, il y a 3 mois, conclut que de nombreux avertissements de défauts dans le service de navigation du sous-marin étaient apparus au moins un an avant l’accident.

Tous les membres de l’équipe de navigation (du San Francisco) croyaient que la carte E2202 est la meilleure information disponible et qu’elle était basée sur des nombreux sondages de l’U.S. Navy. Cette hypothèse était fausse.

Extrait du rapport de l’US Navy sur les événements ayant conduits à l’échouement de l’USS San Francisco.


Lors d’une inspection de janvier 2004 inspection, l’équipage de l’USS San Francisco n’avait pas utilisé correctement le système d’avertissement du sondeur et le système électronique de gestion des trajets (Voyage Management System ou VMS), qui ont tous deux joué un rôle dans l’accident survenu un an plus tard, selon le rapport que le journal The Day a pu se procurer.

En août 2004, lors d’une autre inspection, l’équipe de navigation du San Francisco a été jugé déficiente dans le processus de correction des cartes, et, lors d’une certification en octobre 2004, l’équipe n’est pas parvenue à identifier correctement les dangers pour la navigation sur les cartes, indique le rapport.

Le rapport souligne une série de faiblesses dans le processus de navigation — commençant avant même l’appareillage du San Francisco — qui a conduit à l’échouement du 8 janvier qui a tué un marin et blessé presque tout le monde à bord, 29 suffisament sérieusement pour nécessiter une hospitalisation.

“Les équipes de navigation et de commandement sur le SFO (San Francisco) n’ont pas réussi à préparer et exécuter un trajet efficace qui aurait garanti une navigation sure et prudente du sous-marin,” indique le rapport d’investigation sur l’accident. “C’est la cause fondamentale de l’échouement.”

Le rapport dépeint une image lugubre des premières minutes après l’accident, alors que l’ingénieur de quart ne s’est pas rendu compte que le sous-marin s’était presque arrêté - l’indicateur de vitesse était bloqué à 25 noeuds suite au choc - et n’a pas entrepris les actions nécessaires pour compenser la manoeuvrabilité réduite d’un sous-marin à faible vitesse.

“Cela aurait pu avoir des conséquences drastiques,” indique le rapport. “Bien que ce manque de réaction et de manoeuvre n’ait pas contribué à l’échouement, il aurait pu conduire à la perte du sous-marin et de son équipage si les ballasts avant n’avaient contenu suffisament d’air pour fournir le mouvement vers la surface.”

Moins de 6 secondes après le choc, cependant, l’équipage a provoqué une remontée d’urgence, revenant rapidement en surface, mais avec l’avant incliné vers le bas d’au moins 14 degrés alors qu’il remontait de 200 mètres en moins de 90 secondes.

Le rapport fournit de nombreux détails sur les dégâts subis par le sous-marin, et estime qu’il en coutera 88 millions de $ pour le réparer, bien qu’il avertisse qu’“une évaluation est actuellement en cours par des techniciens dont le résultat pourrait considérablement augmenter cette estimation.”

Le rapport note que les portes des 4 tubes lance-torpilles sont déformées et inutilisables ; que 15 torpilles et 2 missiles Tomahawk ont dû être réparés, que le dôme sonar a été écrasé et a en grande partie disparu et que la sphère sonar est fissurée, de même que 3 principaux ballasts.

Il détaille aussi, page après page, le reste de dommages subis, tels qu’ordinateurs, placards, ampoules et d’autres équipements qui ont été détruits par les hommes volant dans l’air.

Le rapport rend hommage au parfait arrimage du matériel réalisé avant l’accident, évitant ainsi que le matériel mal arrimé se transforme en missiles mortels, et aux réactions remarquables aux problèmes mécaniques et médicaux qui sont survenus à la suite de l’accident.


Le rapport met aussi en cause la 15è escadrille de sous-marins de Guam, où le San Francisco est basé, et le 7è groupe de sous-marins de Yokosuka, Japon, qui supervise la 15è escadrille.

Une émotion considérable a saisi la communauté des sous-mariniers qui pense que l’équipage du San Francisco a pris toute la responsabilité sur ses épaules alors que d’autres ont échappé à la critique.

Bien que le rapport attribue principalement la faute aux équipes de navigation et de commandement du San Francisco, il estime que l’escadrille et le groupe auraient pû en faire plus pour préparer le sous-marin pour ce voyage.

En particulier, le rapport note que l’escadrille “n’a pris aucune mesure adéquate pour corriger les déficiences identifiées dans les procédures de navigation en haute mer du SFO,” et n’a même pas exigé du navire de rapport sur les mesures prises pour corriger en interne les problèmes.

De plus, l’escadrille n’a pas contrôlé adéquatement les performances de l’équipe de navigation du San Francisco parce qu’elle était en sous-effectif, avec 2 postes non occupés, et l’adjoint de navigation de l’escadrille a été affecté à un autre sous-marin de l’escadrille pendant une grande partie de l’année passée.

Le rapport note aussi que le document connu sous le nom de “Subnote” émis par le groupe, qui indique une route et une vitesse moyenne, a été remis au sous-marin 2 jours et demi avant l’appareillage, alors que les propres exigences du groupe sont qu’il soit transmis au sous-marin entre 3 et 5 jours avant appareillage.

Mais le rapport a estimé que le commandant, comme le reste de l’équipe de navigation, avait passé autant de temps à examiner et réviser les cartes qu’ils le faisaient d’habitude, et que court délai n’avait pas contribué à l’accident.

“Bien que le sous-marin ait estimé que la communication tardive n’ait pas eu d’influence sur la façon de préparer et approuver la route suivie, c’est uniquement parce que leurs procédures manquaient de la rigueur nécessaire pour assurer que la préparation d’un tel voyage était correctement effectuée,” conlut le rapport.

Le Capt. Matthew S. Brown, porte-paroles de l’Amiral Walter F. Doran, commadant de la Flotte du Pacifique, a indiqué que ce rapport était un document interne, destiné à un examen rapide des cause de l’accident.

“Je ne vais pas discuter du contenu d’un rapport qui n’a pas été publié,” a déclaré Brown. Il a indiqué que le rapport final de l’enquête de commadement serait publié prochainement, peut-être dans une semaine ou deux, “qui contiendrait beaucoup plus de détails.”

Par ROBERT A. HAMILTON

Source : The Day