L’enquête sur l’accident du sous-marin commence

  • Dernière mise à jour le 6 novembre 2005.

Le commandant des forces sous-marines du Pacifique, le vice-amiral Paul Sullivan, a ordonné deux enquêtes séparées sur l’échouement du sous-marin USS San Francisco dans le Pacifique samedi dernier, un accident qui a tué un marin et blessé plus de 60 autres.

Sullivan, dans un message envoyé à des officiers de haut rang de la flotte du Pacifique, écrit qu’il a désigné le Capt. Cecil E.D. Haney, qui a commandé l’escadrille de sous-marins 1 à Pearl Harbor jusqu’à l’an dernier, pour diriger une investigation complète sur l’accident et déterminer s’il aurait pû être évité.

En même temps, dans un autre message, Sullivan a ordonné au Centre d’Entraînement des Sous-marins du Pacifique de réunir une commission d’enquête pour déterminer si les forces sous-marines doivent changer certaines procédures opérationnelles ou certains équipements pour empêcher qu’un tel événement ne se reproduise dans le futur. The Day a obtenu un copie de ces deux messages.

Le Cmdr. Kevin Mooney, le commandant de l’USS San Francisco, n’était toujours pas relevé de ses fonctions jeudi soir, une indication que l’amiral Sullivan ne pense pas qu’il ait commis une faute dans l’accident, ont indiqué des sources de la Navy.

En privé, plusieurs officiers de haut rang à la retraite ont déclaré qu’il ne serait pas surprenant que Mooney soit renvoyé devant une cour martiale pour cet incident, mais uniquement afin qu’il soit acquitté publiquement, lui donnant ainsi une meilleure défense au cas où une action civile serait entammée par la famille du défunt ou de blessés. Compte-tenu de la nature de l’accident, il est peu probable qu’il soit tenu responsable de l’échouement.

“S’il est renvoyé devant une cour martiale, ce serait pour sa propre protection,” a déclaré une source.

Le San Francisco suivait apparement toutes les procédures requises et était supposé se trouver à plus de 7 milles de l’obstacle le plus proche lorsqu’il a heurté une montagne sous-marine, alors qu’il naviguait à environ 150 mètres de profondeur à plus de 30 noeuds, environ 56 km/h.

Le second maître mécanicien Joseph A. Ashley, 24 ans, est décédé d’une blessure à la tête qu’il a reçu lorsqu’il a été projeté à près de 8 mètres contre une pompe de lubrification de la propulsion. Un autre mécanicien travaillant au niveau supérieur de la salle des machines a aussi reçu une blessure à la tête, mais se trouvait en condition stable mardi. 22 autres membres d’équipage ont été si gravement blessés (fractures et lacérations diverses) qu’ils ne pouvaient pas continuer à travailler, et des dizaines d’autres ont subi des traumatismes moins graves.

Le bureau des relations publiques de la Flotte du Pacifique, qui reçoit toutes les demandes d’information concernant le San Francisco, n’était pas disponible pour des commentaires jeudi.

L’analyse préliminaire des dégâts subis par le San Francisco, qui est revenu au port lundi, continue, mais plusieurs sources de la Navy ont indiqué que 3 des 4 ballasts principaux à l’avant du sous-marin ont été gravement endommagés.

Le dôme sonar est aussi rempli d’eau et déformé, mais les mêmes sources précisent que la sphère semble intacte et les fuites proviendraient de joints déplacés ou arrachés autour des hydrophones qui traversent le dôme.

Compte-tenu des dommages à l’avant du sous-marin, cependant, les ingénieurs ont été surpris du peu de dégâts subi par le reste du navire. Aucun équipement majeur n’a été touché, et le réacteur et les générateurs à vapeur, qui sont conçus pour s’arréter automatiquement en cas de problème sérieux, ont continué à fonctionner. Un sous-marinier a déclaré que c’était la preuve de la robustesse de la conception et de la construction du San Francisco.

Il y a eu des spéculations sur l’éventualité que le San Francisco puisse être retiré du service suite à l’accident, mais désormais des sources de la Navy disent qu’il pourrait être remis en service. La Navy a plusieurs dômes de sous-marin qu’elle pourrait récupérer sur des sous-marins retirés du service pour réparer le San Francisco si les dégâts subis par le reste de l’avant ne sont pas trop sérieux.

Un argument fort en faveur du maintien en service est que, il y a deux ans, le réacteur du sous-marin a été rechargé au coût de 250 millions $. Retirer le sous-marin du service actif couterait de 80 million à 100 millions $. Donc si les réparations coutent moins de 300 millions $, il sera plus économique de le réparer.

Le message de l’amiral Sullivan sur la commission d’enquête du centre d’entraînement souligne que, selon les règles de la Navy pour des accidents occassionnant des blessures ou des dégâts de plus d’1 million $ - l’accident du San Francisco réunit ces deux conditions - le rapport doit être rendu dans les 30 jours, délai commançant mardi dernier.

Une source de la Navy habituée à cette procédure indique qu’ils travaillent généralement très vite afin que les modifications aux procédures ou aux équipements soient apportées le plus vite possible.

L’enquête de Haney, qui va déterminer la responsabilité de l’accident, devrait durer plusieurs semaines, voire des mois.

Source : The Day