Le fantasme du sous-marin « tueur  »

  • Dernière mise à jour le 30 avril 2005.

Après la Jonque au début des années 90, voici que le naufrage du Bugaled Breizh fait revenir àla une de l’actualité le sous-marin dans le rôle du méchant, qui a fait coulé un chalutier.

 La Jonque

Au début des années 90, un chalutier disparaît dans des conditions étranges : mer calme, pas d’appel de détresse, aucun survivant, pas de débris en surface. Devant l’incapacité de la Marine à retrouver l’épave à la position indiquée par le patron, les scénarios les plus fous sont échafaudés. Le chalutier coulé par un sous-marin, les survivants abattus et les radeaux de sauvetage coulés à la mitrailleuse... Les accusations les plus folles ont courru. Quoi que puisse dire la Marine, cela ne pouvait être qu’un mensonge éhonté.

Puis, quelques mois plus tard, la vérité est enfin apparue par hasard. Lors d’un entraînement de routine, un chasseur de mines découvrent l’épave du chalutier assez loin de l’endroit où il était sensé être. Les images tournées par le poisson auto-guidé montrent que le chalut s’est pris dans un rocher, que les cannots de sauvetage n’ont pas été utilisés... bref, qu’aucun sous-marin n’est impliqué.

Aujourd’hui encore, malgré la découverte de l’épave, un article de l’Humanité [1] paru au moment du naufrage du Bugaled Breizh indiquait que "La mémoire est tenace et, du côté du Guilvinec, on continue de penser que la Jonque a été victime d’un missile ou d’un sous-marin et que la marine nationale a eu tous les moyens d’étouffer l’affaire au nom du secret défense."

 Le Bugaled Breizh

A plusieurs reprises depuis l’accident, la thèse du sous-marin a refait surface. La dernière accusation en date est apparue à la suite du rapport rédigé par un cabinet d’expertise maritime lié à la famille. Cette thèse a été reprise par les journalistes de France 3 et Le Point pour l’émission « Pièces à conviction ». Deux documents exclusifs sont présentés à l’appui de cette thèse. Mais, après un examen attentif, ces éléments ne prouvent rien (voir Bugaled Breizh : erreurs et omissions pour “Pièces à conviction”).

 Le sous-marin « tueur »

Pourquoi les sous-marins sont-ils si souvent et si facilement accusés lorsqu’un chalutier coule pour des raisons inconnues ?

La raison principale tient probablement au mystère et au secret qui entourent ce type de navires, mystère puisqu’on ne sait jamais où ils sont, mystère puisque très peu de personnes ont pu naviguer à bord (en particulier chez les journalistes). Le secret qui les entoure n’arrange pas les choses. Le premier reflexe est de craindre ce qu’on ne connait pas, que ce soient les loups de nos forêts [2]ou les sous-marins.

Les journalistes semblent à avoir des difficultés à appréhender correctement le monde des sous-marins. La Marine communique très peu à leur sujet, même le numéro de téléphone de l’officier des relations publiques de la Force Océanique Stratégique n’apparait pas dans l’annuaire.

Si les journalistes ont l’accusation facile, la Marine en général et les sous-marins en particulier ne se défendent peu, voire pas du tout. Lorsque des accusations comme celles lancées par l’émission « Pièces à conviction » (où un membre de la famille a réagi sous le coup de l’émotion), lorsqu’elles sont reprises par l’avocat de la famille, il n’y a aucune réaction.

De toute manière, vu le préjugé anti-sous-marin qui semble affecter les journalistes, il n’est même pas certain que ce type de démenti serait repris par les journalistes.

Notes :

[1L’Humanité du 13/02/2004 : Mais qui a coulé le Bugaled-Breizh ?.

[2que les paysans ont fini par exterminer.