Le chantier naval HDW solde : un U-214 gratuit pour 2 achetés

  • Dernière mise à jour le 21 août 2009.

Le week-end dernier, un séminaire portugais a révélé que les chantiers navals allemands HDW essayaient de proposer aux autorités portugaises le transfert du sous-marin Papanikolis, construit au départ pour la marine grecque, et ce gratuitement. Seule condition que le Portugal accepte de revoir les contre-parties économiques négociées lorsque le contrat de vente de 2 sous-marins avait été signé.

Le ministère portugais de la défense a formellement démenti qu’une telle offre ait été faite de façon officielle ou non officielle, affirmant même que si une telle offre était faite, elle serait rejetée, parce que les contre-parties négocies doivent être respectées.

En avril 2005, le gouvernement portugais a signé avec les chantiers navals allemands HDW et avec le consortium GSC, un contrat pour la fourniture à la marine portugaise de 2 sous-marins de type U-214 [1], pour remplacer les sous-marins de type Daphné, en service depuis les années 60 dans la marine portugaise.

Le montant élevé de la facture a conduit à négocier des contre-parties, exprimées par la nécessité du fabriquant de mener des efforts pour permettre l’acquisition au Portugal et auprès des industries portugaises de biens ou de services, ou de développer des affaires qui atteignent la valeur approximative du prix estimé des sous-marins.

C’est à dire que, dans la majorité des cas, il s’agit d’acheter des biens ou des services à des entreprises portugaises, augmentant ainsi les exportations.

La question des contre-parties est toujours la cible d’attaques. Les contrats établis dans le cadre des programmes de contre-partie peuvent donc faire l’objection de distorsion.

Selon la presse portugaise, un contrat informel aurait été établi par les Allemandes, proposant la fourniture au Portugal d’un sous-marinU-214 identique aux 2 que le Portugal a acheté.

Le revers de la médaille est que le Portugal devrait accepter d’arrêter le programme des contre-parties.

 Deux sous-marins, avec une option pour un troisième

Même si des contacts informels ont été établis entre des représentants des chantiers ou des entités liées, ou en relation avec l’Etat Portugais, de tels contacts ne pourraient jamais être reconnus, c’est pourquoi la déclaration à la presse que « il n’y a eu aucun contact », ne doit seulement être considéré que comme la réponse « normale » et standard dans ces circonstances.

La vérité est que la possibilité d’une telle offre ait été faite, n’est ni absurde, ni illogique, sachant que l’Etat Portugais, lorsqu’il a négocié l’achat de 2 U-209PN, a prévu la possibilité d’en acheter un 3è.

Il serait donc normal que cette proposition ait été faite, ne serait-ce que sous forme informelle.

 Un sous-marin refusé

Le sous-marin Papanikolis est actuellement bloqué aux chantiers navals HDW de Kiel, après que la marine grecque l’ait refusé, alléguant que plusieurs caractéristiques techniques ne respectaient pas ce qui était promis dans le projet.

Il existe de nombreux doutes sur les raisons réelles qui expliquent le refus de la marine grecque. Mais l’achat par ce pays au cours de ces dernières années d’un grand nombre de matériels militaires, aurait conduit à des difficultés de paiement des armements importés. D’où il en est résulté des spéculations que la nécessité de réduire les dépenses par les grecs, ait été à l’origine de ce refus (les autres sous-marins U-214 grecs sont construits par un chantier naval grec).

Quelle qu’en soit la raison, le U-214 grec n’a toujours pas été livré. Et, aux côtés de la Grèce, le Portugal est le seul pays qui mettra ce type de sous-marin dans un avenir proche. De tous les pays qui utilisent ou vont utiliser le U-214, le Portugal est le seul pays qui achète tous ses sous-marins aux chantiers navals allemands : les Grecs, les Sud-Coréens et les Turcs construisent ou vont construire leurs sous-marins dans leurs propres chantiers navals.

 Le Portugal n’est pas intéressé

Même si le contrat signé par le Portugal prévoyait une option pour un 3è sous-marin, depuis 2005, plusieurs facteurs ont fait que la situation s’est détérioré. La crise nationale et internationale s’est aggravée, et de plus, la marine portugaise a investi dans le remplacement des 4 frégates vétustes de la classe João Belo, par des navires d’occasion achetés aux Pays-Bas, qui, bien que usagés sont encore relativement modernes.

Ces 2 types de raisons font que l’éventualité de la livraison d’un 3è est très éloignée. La marine s’est faite à cette idée et s’est préparée à utiliser les 2 sous-marins commandés.

Mais, plus que ces éléments, les 2 sous-marins portugais de la classe « Tridente », disposent de caractéristiques qui les rendent très différents des sous-marins de la classe « Papanikolis ».

Exemple parmi d’autres, les membres d’équipage devraient par exemple s’entraîner à des procédures différentes en ce qui concerne l’évacuation, puisque les 2 sous-marins seraient différents. De nombreux autres systèmes des sous-marins portugais et grecs sont différents, et même incompatibles entre eux.

Un « Papanikolis » portugais finirait par devenir une espèce de « frère pauvre » des 2 autres sous-marins, dont les systèmes ont été, depuis leur conception, préparés et adaptés par la navigation en Atlantique et obéissant aux concepts et doctrines adoptés par la marine portugaise. Pour leur mise en œuvre, cela impliquerait qu’ils feraient partie de 2 classes différentes de sous-marins.

Cela n’aurait rien d’impossible, dans les conditions actuelles, cela exigerait de la marine et du ministère de la défense un investissement additionnel en formation de personnel et pour l’augmentation des structures de soutien. C’est à dire qu’il faudrait dépenser des budgets, qui sont déjà prévus pour d’autres programmes de modernisation et de réarmement.

Notes :

[1Les sous-marins U-214 que recevra le Portugal ont la désignation U-209PN pour des raisons contractuelles. Il semble que l’objectif soit d’éviter de payer des dédommagements à DCNS qui a contesté le choix du sous-marin allemand.

L'analyse de la rédaction :

HDW a vraiment du mal à trouver un client pour le Papanikolis. Après la piste polonaise, c’est maintenant le Portugal qui n’en veut pas.

Source : Area Militar (Portugal)